"Sauver le pays"

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-3 avril 1645-

- Comment cela ? je demande, ahurie.

- Je ne vois pas de quelle femme tu me parles lorsque tu prononces le nom d'Adelaïde...

Mes yeux, s'étant habitués au noir sombre de la nuit, me laissent désormais percevoir son profil. Je l'observe, peu convaincue de ses propos.

- Une brune aux yeux verts, taille fine, lèvres fines et très pâle, n'est-ce pas un portrait que tu connais ?

- Mademoiselle Thorsen ? J'ignorais qu'elle se nommait Adelaïde, m'assure-t-il en pointant sa tête dans ma direction.

- Pourtant elle prenait un malin plaisir à raconter à son "amie" à quel point vous étiez proches. D'après ses dires, tu l'aurais même complimentée plusieurs fois.

- Alors... Ce n'est pas faux mais je tiens à signifier que ça ne s'est produit qu'une seule fois, et c'était un seul compliment ! s'exclame-t-il, outré.

Il hausse les épaules pour montrer que ce n'est rien et je le sens sourire malgré lui.

- Est-ce si plaisant d'avoir complimenté une belle femme ? je murmure, en levant les yeux au ciel.

- Ce n'est même pas cela, réplique-t-il en reprenant une expression neutre.

- Alors qu'est-ce donc ?

- Durant un simple dîner, cette femme était en face de moi, commence-t-il, elle portait un bijou éblouissant. Au sens littéral. Elle s'est sûrement prise pour une sorte de princesse en portant un collier brillant de mille éclats... mais il n'était pas beau. S'apercevant que je la fixais, du moins son buste, elle me demanda, la mine réjouie, pourquoi je l'observais d'une telle manière. Je ne pus me résoudre à lui répondre que c'était son collier que je trouvais trop peu... agréable à voir. Ainsi, je lui ai dit ce qu'elle voulait entendre : que cette parure ravissante lui seyait à merveille. Je n'aurais peut-être pas dû, depuis elle se prend pour... ma favorite ?

- Je confirme, fais-je d'un ton amusé. Elle se croit au-dessus de toutes les femmes, moi y compris.

- Qu'a-t-elle bien pu dire ? souffle-t-il.

- Rien de bien important... Hum, comment se déroulent les démarches prévues pour contrer les révoltes ? je demande en reprenant un cours de discussion normale comme si rien ne s'était passé.

Il paraît étonné que je change si vite de sujet puis expire en se détournant de moi.

- Je me disais bien que tu ne pouvais pas lâcher cette affaire aussi facilement... Plus ou moins bien, répond-il vaguement. Certaines défensives fonctionnent et des bâtiments sont épargnés mais parfois... elles sont trop faibles alors des personnes en perdent la vie. Heureusement pour nous, ce sont les cas les plus graves et nous n'avons... pas affaire à ça, tous les jours. Nous maîtrisons cela, comme nous le pouvons.

- Edward, je te le répète, la force ne suffira pas. Tu conduis ton pays à sa perte.

- Insinues-tu que je suis un mauvais roi ?

- Nullement, je te précise juste que tu as encore le choix pour opter pour une méthode plus douce, plus bienveillante et à l'écoute de ton peuple.

- Je sais ce que je fais, réplique-t-il froidement.

- Fort bien, dans ce cas, je n'ai pas de rôle à jouer dans cette histoire..., dis-je d'un ton qui se veut neutre.

- Je t'en remercie, répond-il prudemment.

Comprenant que je n'ai rien d'autre à ajouter, il murmure :

- Bonne nuit.

- A toi aussi, je marmonne simplement.

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant