-6 novembre 1645-- Maman ! s'écrient Astrid et Héléna en se jetant dans mes bras.
J'embrasse tendrement leur têtes que je caresse interminablement. Elles m'ont terriblement manqué... J'ai mis beaucoup de temps avant de me remettre de l'accouchement et je n'en suis pas encore complètement remise mais je me sens beaucoup mieux qu'il y a quelques semaines.
- Le temps a été long sans vous, dis-je affectueusement. Ebba était gentille avec vous durant mon absence ?
- Oui, sourit Astrid.
- Où bébé ? demande Héléna en relevant sa tête vers moi.
Je les décolle de moi et leur indique le berceau. Elles s'en approchent mais il est trop haut pour elles alors je les porte. Ainsi, je peux admirer leur petite bouille étonnée devant Amund.
- C'est ça ? murmure Astrid.
- Oui, dis-je en riant doucement. "ça" est ton petit frère, il s'appelle Amund. Il faudra être gentilles avec lui, il est encore tout petit.
Elles hochent la tête en gardant leur tête émerveillée. Amund a été baptisé il y a quelques semaines. Depuis, je n'ai pas reparlé avec Edward. Il n'a jamais pris autant de distance avec moi que durant ces derniers jours. Cela fait bien longtemps que ça dure et cela commence à peser fortement. Le voir tous les jours dans les couloirs du château, le long des repas, dans les jardins, parfois seul ou accompagné de diverses jeunes femmes est invivable et je ne cesse de faire profil bas lorsque je le croise dans ce genre de lieux. Je préfère autant quitter le pays que de devoir assister à ces sinistres scènes. Mais Edward est parti il y a quelques jours pour vérifier que les frontières que l'on possède en commun avec la Suède sont bien respectées. Il a préféré s'en assurer de ses propres yeux.
- Moi prendre Amun ! s'exclame Héléna.
- On dit Amund, avec un "d", souris-je. Tu veux le prendre dans tes bras ?
- Oui, prononce-t-elle.
- Bien, mais tu fais très attention, lui dis-je tendrement.
Je les dépose au sol et prends délicatement mon fils dans mes bras. Héléna tend les bras, impatiente. Je m'assieds sur un divan et les invite à le faire. Elles s'asseyent et je dépose Amund entre les petits bras d'Héléna. Je maintiens mes mains à proximité de lui au cas où elle ne le soutiendrait pas. Il se met à gesticuler maladroitement, sûrement peu à l'aise. Il ouvre ses grands yeux bleus et se met à pleurer bruyamment.
Héléna le regarde, puis me regarde, horrifiée. Je le reprends dans mes bras et le berce doucement. Elle m'observe, dépitée.- Mais ce n'est pas grave, ma chérie, lui dis-je en lui relevant le menton. C'est normal qu'il pleure, ce n'est pas de ta faute.
Je lui embrasse le front et apaise les pleurs d'Amund. J'ai reçu quelques lettres de personnes proches qui m'ont félicitée pour cet heureux événement... Lettres auxquelles j'ai évidemment répondu. Je repose Amund dans son berceau et me tourne vers elles.
- Il fait bon aujourd'hui, voulez-vous que l'on aille dehors ? je propose, le sourire aux lèvres.
- Oui ! lance Astrid en sautant du divan.
Cela fait longtemps que je ne suis pas sortie de ma chambre... Héléna la suit et nous sortons de ma chambre sans plus de discussion. Une servante vient s'occuper d'Amund durant ma sortie. Mais avant que nous n'ayons pu atteindre les jardins, un garde m'intercepte.
- Que se passe-t-il ? je demande en surveillant mes filles se diriger vers la porte.
Il n'a pas le temps de répondre que déjà les trompettes résonnent annonçant l'arrivée de sa majesté. Je soupire en acquiesçant lentement. Il s'excuse et s'éloigne. Je me lance à la poursuite d'Astrid et d'Héléna s'étant déjà évaporées dans les jardins.
Mais lorsque j'entends leurs petits cris d'exclamation, je me calme. Ça y est, il vient à nouveau de gâcher le moment que je partageais avec mes filles. Je me dirige vers les portes principales du château et constate sans surprise qu'elles sont dans les bras de mon époux. Je retiens une plainte et m'efforce de sourire gracieusement lorsqu'il s'approche de moi en les déposant au sol.
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Secrets Royaux
Historical FictionFrance, 1642. Le royaume fait faillite à cause d'une guerre perdue... À cette époque, les mariages arrangés sont de coutume alors c'est la solution que l'on juge la plus raisonnable pour sauver la France. C'est malheureusement la cadette de la fami...