« Vous ne me croyez donc pas... »

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-7 mars 1645-

Encore tourmentée par les récents dires du médecin Vegard, je trébuche contre un pli de tapis et m'étale à même le sol. Quelques servantes se précipitent vers moi et m'aident à me relever. Je passe mes mains sur ma robe pour en retirer les éventuelles poussières et remercie brièvement les servantes. Je prie pour que la douleur de ce matin ne soit due qu'à ma chute et non à la mort de l'enfant que je porte peut-être. Le médecin m'a tout de me même conseillé de faire un test...
Je rejoins Laure dans mes appartements.

- As-tu vérifié si tu es bien enceinte ? je lui demande prudemment.

- Oui, j'ai appliqué la méthode que vous aviez utilisée... J'attendrai jusqu'à demain matin.

- Sache que si tu attends un bébé, je veillerais à ton confort et m'assurerais que tu sois bien logée convenablement. As-tu eu d'autres relations que celle avec mon frère ?

- Non ! s'indigne-t-elle. Je ne suis pas ce genre de... femmes.

- Donc l'enfant ne pourrait être que de lui.

- Oui, murmure-t-elle, abattue.

- Souhaiterais-tu qu'il en soit informé, de ta grossesse ?

- Sauf votre respect, je ne veux plus le revoir... Je-je risquerais de retomber dans ses bras, et c'est tout ce que je désire éviter.

- C'est sans doute la meilleure des solutions, mais s'il venait à découvrir ton secret, je ne donnerais plus très cher de ta peau...

- Mais, il est possible que Vegard se soit trompé, dans ce cas-là, nul besoin de s'inquiéter, tente-t-elle de se calmer.

- Oui, rien n'est sûr..., dis-je en songeant à mon propre cas.

Si des saignements venaient à venir dans le mois, cela signifierait que j'ai perdu l'enfant. Dans le cas contraire, je serais mère une deuxième fois. Je caresse délicatement mon ventre. Cet enfant, je ne peux pas le perdre. Je ne veux pas. En quelques minutes, je me suis déjà attachée à lui...
Si cet enfant survit, j'annoncerais la nouvelle à Edward, sinon, j'endosserais seule la fausse couche. Je ne veux pas le peiner inutilement. J'attendrai donc.
Laure s'éclipse discrètement. Je décide d'aller voir mes filles, un instant. Avec tout cela, je ne les ai pas vues de la journée. Je me rends dans leur chambre et les aperçois en chemise de nuit, en courant dans tous les sens. Puis l'une se rend compte de ma présence et se glisse à mes pieds. Je m'accroupis et lui embrasse les deux joues. Je m'approche de l'autre et fais de même.

- Au dodo, maintenant, leur dis-je tendrement.

- Dodo, maintenant, répète Astrid malicieusement.

Je lui fais une petite pichenette sur le nez et souris à mon tour.

- Allez dormir ou je me fâche très fort..., dis-je gentiment mais avec une once d'autoritarisme.

Devant leur petit air affolé, je ne parviens pas à dissimuler ce petit rire s'échappant de ma bouche. Elles se dirigent immédiatement vers leur lit respectif. Leurs cheveux sont détachés et emmêlés... Elles remontent leur couverture du plus haut qu'elles le peuvent. Je m'assieds sur le lit de Héléna. En m'apercevant qu'elles sont apeurées, je ne peux m'empêcher de murmurer :

- Je ne me fâcherais jamais pour de choses si insignifiantes. Vous êtes la meilleure chose qui me soit arrivée et simplement pour ça, je ne peux vous gronder. Allez, faites de beaux rêves, je leur susurre à l'oreille.

Je sais que de tout ce que je leur ai dit, elles n'en ont même pas compris le quart car elles sont trop jeunes et ne comprennent que très peu de choses. Je les embrasse et me couche à mon tour, exténuée.

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant