-25 août 1643-Nous empruntons un passage secret souterrain.
Je suis au plus mal.
Il fait tellement chaud et je suis très fatiguée...
Mes cheveux balaient le sol.Une fois sortis, Edward me place délicatement dans un carrosse.
Des guerriers ennemis se précipitent vers nous alors Edward s'empresse de m'installer confortablement et de m'embrasser.
Des servantes et médecins m'accompagnent. Laure est là, également.
Mes larmes coulent sans que je puisse contrôler quoi que ce soit.
Elles se mélangent avec ma transpiration.
Je plonge mes yeux, une dernière fois, dans les siens et les referme lentement.
Il s'approche de moi et me dit :- Prends bien soin de nos filles...
Je... j'aurais aimé en appeler une, Astrid. Je t'aime fort.Il s'en va. Je n'ai pas la force de protester. J'entends les chevaux hennir. Le carrosse roule.
Je jette un regard à travers la fenêtre et aperçois le Roi, se battant avec les ennemis.
Si seulement, je pouvais le rejoindre... Si seulement...Laure est à mes côtés et me sers un peu d'eau. Les autres servantes et médecins sont dans d'autres carrosses. Des gardes accompagnent, aussi. Si l'on se fait attaquer en route...
Après avoir bu, je m'endors subitement.-26 août 1643-
Je me réveille brusquement en entendant la pluie frapper contre le haut du carrosse.
C'est le matin et les oiseaux chantent. Quelle innocence !
Laure me tend une assiette remplie que je repousse vivement.- Où sont mes filles ?!
- Je... je ne sais pas, votre altesse. Dans un autre carrosse, sûrement.
- Qu'on me les apporte !
- Bien, majesté.
Laure demande aux autres servantes d'apporter les princesses.
Elles rouspètent mais sortent du carrosse arrêté.
En attendant, Laure me déshabille et m'enfile une robe agréable.- Majesté, il faut que vous mangiez... Vous devez reprendre des forces. Je vous en prie, prenez quelques bouchées.
Je la regarde, fatiguée et avale rapidement le plat qu'elle me tend.
Trois servantes arrivent, trempées jusqu'aux os.
Les deux premières posent délicatement mes filles dans mes bras, puis se retirent du carrosse.
La troisième attend patiemment.
J'ignore ce qu'elle veut.- Mademoiselle, qu'attendez-vous pour sortir ?
Elle me regarde, étonnée.
Elle rougit légèrement et tripote nerveusement les plis de sa robe.- Je... je suis la nourrice des jeunes princesses... Je vais les allaiter...
- Hum... Il doit y avoir erreur sur la personne. Je désire leur donner le sein moi-même. Je n'aurai pas besoin de vos services, pour le moment. Je vous remercie, vous pouvez rentrer chez vous.
Elle ne se fait pas prier et sort rapidement.
J'examine attentivement mes filles.
Astrid ? Était-ce ce nom qu'Edward voulait donner à une des filles ?
Je pense...
Je les regarde, tendrement.
L'une blonde et l'autre... je l'ignore encore. La peau très blanche.
De tous petits nez.
Astrid...
La première s'appellera Astrid.
La blonde.
Je cherche un prénom pour la deuxième.
Ma grand-mère, la mère de papa, s'appelait Hélène.
Je ne l'ai jamais connue.
Elle était très belle, on m'a dit.
L'ancienne Reine de France.
Ma fille s'appellera Héléna.
Astrid et Héléna, princesses de Norvège.
Je m'endors en les gardant, précieusement, contre moi.Je suis réveillée quelques instants plus tard par des pleurs.
C'est Astrid. Je place, délicatement, Héléna, dans le berceau et me lève.
J'ai un peu le tournis et ma vision se brouille mais ça redevient clair, après.
Je prends la blonde dans mes bras et la berce.
Mes cheveux sont secs et ma transpiration a séché sur ma peau.
Je me sens tellement sale.
J'aimerais plonger dans mon étang.
Sentir l'eau couler sur ma peau et caresser tout le long de mon corps.
Avoir ne serait-ce qu'un peu de fraîcheur. L'air est lourd.
Je desserre mon corset pour mieux respirer. Le carrosse tremble sans cesse à cause des nombreux cailloux sous les roues.
Laure m'observe d'un œil discret.
Astrid hurle et se débat.
J'essaie de la calmer comme je peux mais mes efforts demeurent vains.
Je regarde Laure en la questionnant du regard.
Elle s'approche de moi et murmure en fixant la petite :
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Secrets Royaux
Ficção HistóricaFrance, 1642. Le royaume fait faillite à cause d'une guerre perdue... À cette époque, les mariages arrangés sont de coutume alors c'est la solution que l'on juge la plus raisonnable pour sauver la France. C'est malheureusement la cadette de la fami...