Le cher ami

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-14 mars 1646-
Quatre mois plus tard.

- Non, non, non et non ! Ce n'est pas possible..., je m'exclame en tournant en rond dans les sous-sols du château. Enfin, je... Non ! Cela ne peut... Je ne veux pas !

- Votre majesté, tente de me calmer le médecin Vegard, ne vous affolez pas... Je ne suis pas certain de moi.

- Y aurait-il seulement une chose dont vous seriez certain ?! je lâche en le toisant, d'un œil sévère.

- Oui, déclare-t-il froidement. Les plantes que je vous ai données sont inefficaces.

- Et vous m'avez pourtant laissé croire... Vous me les avez faites avaler, me promettant des merveilles, dis-je, un goût amer dans la bouche. Oh, mais bien sûr que vous pouvez être fier de vous, dorénavant un nouvel héritier est assuré pour la couronne...

- Il ne s'agissait que de plantes, votre majesté. Il était peu probable que cette boisson s'avère être puissante.

Je me tais un instant, songeant, pensive.

- Qu'ai-je donc fait ? Pourquoi attends-je un enfant alors que le dernier que j'ai enfanté n'a encore que quelques mois ?

- C'est un présent, marmonne le médecin près de moi, il ne s'agit pas là d'un fardeau, ma reine, mais bien d'un cadeau de Dieu. Aimez-le, faites attention à vous durant votre grossesse...

- Pardon ?! Mais je... je n'en veux pas de cet enfant ! Je ne veux pas vivre ces mois infernaux de grossesse, et... je ne survivrai pas à un troisième enfantement.

Je pose mon regard sur mon ventre quelques instants tristement. Puis je m'avance vers Vegard, l'air résigné.

- Retirez-le de moi... Je vous en prie !

- Je ne suis pas autorisé à exercer ce genre de pratiques..., réplique-t-il durement.

- Je vous autorise à les pratiquer sur moi...! je m'exclame dans un élan de désespoir.

- Pour rien au monde, je ne tuerais l'enfant d'une reine, répond-il sur un ton catégorique. Et vous n'attendez peut-être pas d'enfant, cela vous mettrait en danger de mort inutilement.

- Mais peut-être mourrai-je dans les deux cas présents...

- Alors vous mourrez en mettant au monde un héritier au trône, cela est d'autant plus glorieux que de mourir en ayant tenté de mettre fin à la vie de son enfant, marmonne-t-il en rangeant son matériel.

- Était-ce ce que désiriez voir depuis le début ? Me voir périr dans la souffrance la plus atroce ? Cela expliquerait vos plantes inefficaces...

- Je n'ai fait que répondre aux ordres de ma souveraine, votre majesté, rien de plus, je vous le promets. Dois-je prévenir le roi de cette grande nouvelle ?

- Il n'y a pas de "grande nouvelle" si je n'attends pas d'enfant.

- Vous avez raison, votre majesté, il est préférable d'attendre encore un peu de temps afin de s'assurer de cela. Mais... j'espère fortement que vous n'userez pas de ce laps de temps pour vous procurer une "faiseuse d'ange". Je préfère vous prévenir, si cela advenait, je raconterais toute notre entrevue au roi, dans ses détails les plus moindres.

- Seraient-ce des menaces provenant d'un sujet exprimées à sa reine ?

- Prenez le tel que vous le désirez mais, je vous en prie, ne mettez pas votre vie en péril.

- Il me semble savoir à la perfection ce que j'ai à faire, je vous remercie, seigneur Vegard.

- Votre majesté, salue-t-il humblement.

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant