-21 novembre 1645-Les premiers flocons semblent voleter avant d'atteindre la terre ferme déjà ensevelie par une fine couche blanche. Je laisse mon regard se perdre vers les montagnes claires. En une nuit, l'hiver est arrivé, accompagné de son froid saisonnal et constant. Puis je jette un œil aux portes du château, plus bas, remarquant que l'armée russe se prépare déjà au départ.
Ma main lâche le rideau opaque qu'elle tenait fermement et je me dirige vers le berceau de mon fils. Il dort paisiblement, emmitouflé dans toutes sortes de fourrures le maintenant à l'abris du froid. Je caresse sa joue en le fixant d'un regard terne.- Penses-tu que nous faisons bien de refuser l'offre de l'impératrice ? je murmure d'une voix douce.
- C'est la meilleure chose que nous pouvions faire face à cette proposition, soupire Edward en boutonnant sa chemise. L'empereur compte envahir l'Europe... Crois-tu sincèrement qu'à seulement deux puissances contre le reste du continent, nous serions capables de conquérir ces terres ? Non, par ces actes, nous parviendrions simplement à nous mettre à dos, un continent entier et je ne tiens pas à cela. Laissons cet empire russe sombrer seul dans sa prétention, il vaut mieux que nous restions en-dehors de tout cela.
- Tu as sûrement raison, je murmure en sentant Amund remuer dans son berceau. Je ne veux simplement pas que nos enfants grandissent dans l'optique de prendre le dessus sur l'empire de Russie. J'aimerais que nos enfants soient élevés dans un monde de paix, sans qu'on les incite à déclarer la guerre, une fois au pouvoir.
- Ils auront de bons précepteurs qui leur enseigneront les justes valeurs que nous prônons, assure-t-il en s'approchant de moi.
Les lèvres d'Amund s'ouvrent lentement, avant qu'il ne pousse un cri perçant à travers la pièce. Je m'empresse de le prendre dans mes bras et de le serrer contre moi, en le berçant doucement.
- Mais pour le moment, ils sont encore beaucoup trop jeunes pour que l'on se soucie de cela, reprend-il finalement en me fixant lourdement.
- Ils grandiront bien assez vite, je marmonne en embrassant le front de mon fils. Et pourtant... que j'aimerais voir de jeunes enfants courir gaiement autour de moi et les garder près de moi toute ma vie.
Je sens son regard s'intensifier sur moi, un mince sourire étirer ses lèvres et ma peau devenir plus pâle qu'elle ne l'est déjà. Ses pensées m'envahissent presque. Je me tourne brusquement vers lui, d'un air accusateur.
- Je t'en prie, ne me parle pas de cela, dis-je tristement. Je ne veux pas d'autres enfants, du moins pas maintenant...
- J'entends bien, sourit-il, mais cela est contradictoire avec ce que tu souhaites à l'avenir. Des enfants, tu en auras mais pendant combien de temps resteront-ils dans les jupons de leur mère avant de comprendre qu'un avenir de souverain leur est réservé ? Héléna et Astrid grandiront vite et se lasseront rapidement des bras de leur mère, quant à Amund, je suppose qu'il prendra avec responsabilité les devoirs qu'il aura envers son royaume...
- Était-ce réellement nécessaire de me dire cela ? dis-je, peinée. J'avais bien compris qu'ils s'éloigneraient de moi assez rapidement, mais ce que tu viens de dire me blesse, d'autant plus que c'est pour me convaincre d'effectuer quelque chose qui ne m'enchante guère et dont tu n'as visiblement pas la moindre conscience du risque qu'elle entraîne.
- Pardonne-moi, se reprend-il difficilement en me retirant Amund des bras et en le posant dans son berceau. Je n'ai pas mesuré la violence de mes paroles lorsque j'ai prononcé ces phrases. Je suis désolé.
- Cela... ne fait rien, je murmure en croisant son regard triste. Simplement, je ne veux plus entendre parler de cela, c'est bien assez douloureux pour moi comme cela.
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Secrets Royaux
Fiction HistoriqueFrance, 1642. Le royaume fait faillite à cause d'une guerre perdue... À cette époque, les mariages arrangés sont de coutume alors c'est la solution que l'on juge la plus raisonnable pour sauver la France. C'est malheureusement la cadette de la fami...