« Où êtes-vous ?! »

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-3 avril 1645-

- Qui donc vous a envoyé cette lettre si ce n'est un amant ? je demande, distraite.

- Mon fiancé, répond-elle, enjouée. Tenez, lisez...

Je prends la lettre délicatement et la déplie. Je pose mes yeux sur les premières lignes et souris devant tant d'innocence, malgré moi.

« Ma chère et tendre Dagny,

Lorsque vous lirez cette lettre, je serai sûrement déjà en route pour votre pays.
Ne point vous avoir vue avant notre mariage me peine car je ne peux poser de doux visage sur ces charmantes lettres que vous m'envoyez. J'aimerais tout apprendre de vous, vous m'intriguez. Vous m'avez l'air si douce, bienveillante mais à la fois, si... spontanée. J'attends avec impatience notre première rencontre. Je vous imagine en robe blanche, souriante et tellement belle. Après notre mariage, je vous apprendrai l'équitation que je pratique beaucoup en France. Êtes-vous déjà montée sur un cheval ?
C'est un sport des plus agréables.

Aussi, j'ai une amie qui se trouve actuellement en Norvège que j'aimerais revoir... Je ne pense pas que vous la connaissiez mais c'est une charmante jeune femme.
Le temps me manque et je ne puis finir cette lettre mais j'espère bientôt vous rencontrer.

Votre fiancé, duc des Normands. »

- Quelle jolie lettre, je murmure, enthousiasmée. Je suis aussi surprise d'apprendre que cet homme parle aussi bien le norvégien que vous et moi.

- C'était une des qualités requises pour m'épouser, sourit-elle.

- C'est évident ! dis-je, me sentant soudainement idiote. Et pourquoi cet homme cherche-t-il si loin pour trouver une femme ? La Norvège n'est pas la porte à côté...

- Il souhaite léguer son titre de duc à son jeune frère et venir habiter ici avec moi. Puis il m'a informée qu'il avait quelques connaissances ici, comme cette mystérieuse femme dont il parle dans cette dernière lettre. En outre, il sait que je ne parle pas du tout français alors il a accepté que nous vivions en ce pays.

- Il est vrai que la relation qu'il entretient avec cette femme est étrange. Enfin, il ne mentionne pas l'intensité de sa proximité avec elle, mais d'après moi, vous devriez rester vigilante.

- Peut-être..., fait-elle, songeuse. Mais cet homme a tout du parfait gentilhomme.

- Oui, il est très charmant en effet, mais c'est peut-être pour cela qu'il faut rester sur ses gardes.

- Mais... connaissez-vous cette famille de ducs des Normands ? demande-t-elle, anxieuse. En tant qu'ancienne princesse réputée à la cour de France, vous deviez connaître beaucoup de nobles...

- Certainement mais à part de nom, je ne vois aucunement qui sont ces personnes...

Elle soupire en se rasseyant brutalement. Elle prend la lettre entre ses mains et la relit indéfiniment en tentant d'y déceler quelque message secret. Ses longs cheveux bruns retombent devant ses yeux et viennent couvrir la moitié de son beau visage. En examinant son corps, je me surprends à la jalouser. En effet, Dagny a beaucoup d'atouts féminins. Physiquement, très jolie, mon amie possède de belles formes et une taille pourtant mince sans trop l'être. De quoi faire tomber n'importe quel homme... Non, pas tous, me dis-je, inquiète. Je soupire à mon tour, ne sachant que dire pour soulager les tourments de Dagny.
Puis on toque à la porte.

- Entrez, annonce mon amie.

- Marquise de Haugland, déclare un garde, le baron Antonsen désire vous voir.

- Dites-lui que j'arrive dans un instant, marmonne-t-elle en rangeant sa lettre rapidement.

- Qui est-ce ? je demande brièvement.

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