-6 février 1645-
Je regarde le plafond, étendue dans ma couche. Mon corps est humide malgré la froideur de l'hiver. Je jette un regard à Edward, près de moi. Il dort à poings fermés. Je me retourne encore une fois pour tenter de trouver une position convenable pour dormir mais je ne me sens pas à l'aise. Le bateau n'a jamais été une partie de plaisir, pour moi.
J'entends des cris. De femmes.
Je me lève d'un bond et sors de la cabine. Je me dirige vers l'origine du bruit.- Que se passe-t-il ? je demande aux servantes agitées.
L'une d'entre elles se tourne vers moi, la mine penaude.
- Une de vos filles est malade, votre majesté. Elle a régurgité son repas.
- Laquelle est-ce ?
- La princesse Astrid.
- Où est Héléna ?
- Nous les avons séparées par crainte que ce ne soit contagieux; elle est dans la cabine d'à côté.
- Seule ?
- Oui, nous pensions qu'elle avait besoin de repos-
- On ne laisse pas une enfant d'un an et demi seule dans une pièce ! je m'écrie l'air affolée. Quelle porte ?
Elle me pointe la porte de gauche, tremblante. Je me dirige vers celle-ci et l'ouvre. Quand j'entre, j'aperçois la petite endormie dans un lit. Elle est recroquevillée et sa respiration est lente. Je m'approche d'elle et lui embrasse la joue. Je remonte les draps sur ses frêles épaules et appelle une servante pour qu'elle reste à ses côtés.
Je décide d'aller voir Astrid mais une servante m'arrête d'un geste de la main.- Sauf votre respect, votre altesse, il serait préférable que vous n'entriez pas dans cette cabine. Nous ne souhaitons que vous tombiez également malade.
Je la repousse fermement. Je ne peux pas laisser ma fille seule, malade, dans une cabine d'un bateau qui tangue.
- Je vais vous demander de vous décaler, lui dis-je.
La femme baisse la tête et ne répond pas. Je sais très bien que ce n'était que pour ma santé qu'elle ne voulait pas que j'entre, mais elle ne m'obligera à rien.
Je la vois, dans sa couche, somnolente. Je m'assieds sur son lit. Ses boucles blondes retombent sur ses joues blanches comme neige. Sa petite bouche est entrouverte et laisse passer un filet de salive. J'attrape un petit tissu et lui essuie les lèvres. Elle ouvre lentement ses grands yeux et m'observe. Je lui souris tendrement et malgré la pénombre, elle semble me reconnaître.- Maman...? fait-elle faiblement.
- J'ai appris que tu étais malade...
Elle hoche la tête lourdement et remue ses pieds sous la couette.
- C'est à cause de la mer, lui dis-je en lui caressant le visage tendrement. Le bateau bouge beaucoup, c'est normal. Il n'y a pas à s'inquiéter. Demain, tout ira mieux... Tu peux dormir tranquillement.
Sur ces paroles, ses yeux se referment. J'entends du mouvement vers la porte de la cabine. Je me retourne et vois Edward.
- Se sent-elle mieux ? demande-t-il, hésitant.
- Je ne sais pas... Mais je prie Dieu, pour que ce ne soit que le mal de mer. D'ailleurs, je ne vois pas ce que ça pourrait être d'autre, personne, à bord, n'est malade et il ne me semble pas avoir vu beaucoup de rats. Je me sens moi aussi, quelque peu nauséeuse. J'avais du mal à trouver le sommeil.
Il se rapproche de moi et s'assied à son tour sur le lit.
- Puis-je faire quoi que ce soit pour toi ? murmure-t-il.

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Secrets Royaux
Ficción históricaFrance, 1642. Le royaume fait faillite à cause d'une guerre perdue... À cette époque, les mariages arrangés sont de coutume alors c'est la solution que l'on juge la plus raisonnable pour sauver la France. C'est malheureusement la cadette de la fami...