Plan d'action

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-5 avril 1645-

- Bonjour à tous, dis-je sur un ton plat. Je vous remercie d'être présents en ce jour.

Ce ne sont principalement que des hommes mais quelques femmes sont présentes et le bonheur qu'elles éprouvent de pouvoir aider leur pays se lit largement sur leur visage. Ils s'agenouillent tous silencieusement devant moi tandis que Dagny m'adresse un mince sourire encourageant. Je balaye la petite bibliothèque du regard puis plante mes yeux sur les personnes debout en face de moi.

- Vous savez pourquoi vous êtes là et tout ce qui se dira au cours de ces prochaines heures sera extrêmement confidentiel car pour que l'on puisse mener à bien notre projet, il faut qu'il soit préparé à l'insu du roi, donc à l'insu de toute personne hors de cette pièce. Tout simplement car le roi ne permet pas cela. En cet instant, je ne considère aucune hiérarchie sociale, nous sommes un groupe de personnes unies par un même idéal. Vous pouvez donc prendre la parole quand vous le voyez nécessaire sans m'en demander la permission. N'hésitez pas à parler, nous avancerons plus rapidement. Donc, je vais vous expliquer en quoi consiste ce plan : nous parlerons au peuple de manière claire pour leur expliquer que des démarches seront mises en place pour les aider et débarrasser enfin le pays de cette crise. Évidemment, nous accompagnerons nos paroles par des gestes en leur offrant des victuailles, du bois, des vêtements chauds... Je suis navrée de vous demander cela en si peu de temps mais le temps presse et bientôt il sera trop tard. J'ai conscience que je vous en demande beaucoup et que tout ce que vous aurez à m'offrir ne suffira sans doute pas mais nous devons produire le maximum que nous pouvons. Bien, nous pouvons commencer. Je pose la première question : quand se déroulera le discours ?

Quelques hommes se regardent, entendus, avant qu'un ne prenne la parole, détendu :

- Dans quatre jours. Le 9 avril. Un bal est organisé ce jour-là, le roi ne fera donc pas attention à ce qu'il se passe en-dehors du château. Et comme vous l'avez si bien dit, le temps presse, ainsi quatre jours nous laissent le temps d'accéder à votre demande mais cela reste un délai court.

- Bien, dis-je aimablement, m'attendant à cette réponse. Le roi est prévenu que je me rends au bal donc lorsqu'il ne me verra point, il lancera des troupes à ma recherche qui nous trouveront.

- Vous prétexterez des maux de tête ou de ventre... Les bruits courent, dans le château, que vous êtes souvent malade. Cela passera inaperçu, répond-il posément.

- Je lance la deuxième question, intervient une jeune femme. Qui parlera devant le peuple ?

- Il me semble qu'il n'a jamais été question de cela, je murmure, incompréhensive. C'est moi qui parlerai.

- Mais..., fait-elle prudemment, vous ne pouvez y aller. Vous risquez bien trop pour vous ainsi que pour le pays. Le roi pourrait vous faire pendre pour trahison. A-t-on seulement déjà vu cela, un roi pendre sa reine ? Ce serait une catastrophe pour le pays et vous avez des enfants... Ne faites pas cela, ne serait-ce que pour les voir grandir.

- Tout le monde a des enfants, une famille à protéger. Et c'est de cette manière que je décide de protéger la mienne. Et j'ai confiance en mon époux, il trouvera un moyen de me faire échapper à cela si mon discours tourne au cauchemar.

- Vous risquez tout de même de vous faire tuer, murmure un homme blond à ma gauche.

- Non, rien de tel ne se produira car la zone sera sécurisée. Je m'engage donc à représenter nos idées par ce discours que je prononcerai.

La bibliothèque se mue en un silence paisible où l'on ne soupçonnerait jamais une telle organisation en préparation.

- Moi, j'aimerais savoir si le peuple est averti de l'événement, résonne la voix grave d'un homme en face de moi.

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant