Froid brutal

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-3 avril 1645-

- Comment ? je murmure d'une voix cassée.

- Actuellement, reprend-il froidement, Héléna est endormie mais... sa douleur n'en est pas moins importante.

Je sens mon cœur battre. Bien trop fort. J'ai terriblement chaud et mes bras ne soutiendront bientôt plus Astrid. Je la repose délicatement sur le sol et me passe une main sur le front.

- Depuis ce matin, dis-tu ? dis-je, perdue dans mes pensées.

Je m'appuie contre un mur et sens ma tête tourner.

- C'est cela, affirme-t-il, d'un ton dur. Une des femmes qui s'occupent habituellement d'elles les a emmenées dehors, ce matin-même.

- Alors que le froid est le même depuis quatre mois ? je demande, ahurie.

- Mmh..., acquiesce-t-il. Héléna n'était pas couverte. Il ne lui a pas fallu plus de temps pour succomber à la fièvre. Au contraire d'Astrid.

- Qui était cette servante ?

- Une jeune Brynhild Eliassen. Je l'ai renvoyée sur le champ.

J'ignore quoi répondre, bien trop submergée par l'émotion.

- Comment se fait-il que tu n'aies rien vu, ce matin ? enchaîne-t-il glacialement.

- Ce... matin ? je répète lentement en me souvenant que je l'ai passé avec Dagny, discutant d'un orphelinat qu'elle souhaitait aider et des fonds dont elle avait besoin pour cela. Je... j'étais avec une amie. Pourquoi cette question ?

- Parce que l'on s'est aperçu de son état durant la soirée ! s'énerve-t-il violemment. La servante n'a pas pris en compte ses plaintes et elles sont rentrées au château et ont poursuivi le cours de la journée comme s'il ne s'était rien passé ! Héléna souffrait tellement qu'elle s'en est évanouie ! C'est à partir de là, que cette idiote de servante s'est inquiétée de son état...

- Comment voulais-tu que je me rende compte de cela ?! crie-je. Je ne les ai pas vues de la journée !

- C'est bien ce que je te reproche ! déclare-t-il, furieux.

- Et toi donc ?! dis-je, outrée qu'il puisse m'accuser d'un tel incident. Pourquoi n'es-tu pas allé les voir, toi ?!

- J'étais au conseil, siffle-t-il.

Je sens mon inquiétude se transformer en colère très rapidement. Je me redresse et me place en face de lui, fulminante.

- Mais aux dernières nouvelles, il ne prend pas toute la journée, il ne dure que deux ou trois heures... Non, excuse-moi, c'est vrai, tu devais être en pleine discussion avec cette femme... Comment s'appelle-t-elle, déjà ? Ah oui, Adélaïde ! Alors, tu peux m'accuser de cette fièvre autant que tu voudras, mais cela ne la guérira aucunement ! Je te laisse ruminer seul, je n'ai plus rien à faire ici.

Je ne lui jette aucun regard, récupère doucement Astrid dans mes bras et me dirige vers la porte.

- Et cette Adélaïde, fais-en ce que tu veux, cela ne m'importe guère, dis-je en sortant, d'un pas ferme.

Je remonte les couloirs en furie. Nombreuses sont les servantes qui s'écartent de mon chemin par peur de subir les conséquences de ma colère. Comment ose-t-il m'accuser de cela ?! Tout comme lui, je n'ai pas toujours du temps à consacrer à mes enfants. Surtout depuis que je prévois d'arrêter ces révoltes moi-même. Je tiens précieusement Astrid contre moi et serre les dents pour retenir ma haine d'éclater.
Je tente de me calmer un instant et reprends mes esprits lentement puis me dirige vers les sous-sols du château. Je frappe trop brutalement à la porte et me retrouve à me frotter la main pour atténuer ma légère douleur.
Vegard apparaît, alors, derrière la porte entrouverte.

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant