-16 novembre 1645-Cela fait deux jours que Dagny s'est mariée et je n'ai aucune nouvelle. Maintenant, tout se déroule en une lenteur insupportable au château. Je me sens terriblement seule malgré la présence de mes enfants. J'essaye de porter mon attention sur une activité quelconque mais rien n'y fait, j'ai le sentiment de ne plus avoir personne près de moi... Et les dames de la cour sont d'un profond ennui.
- Maman ! s'écrie Astrid, le sourire aux lèvres. Regarde !
Elle soulève une toile où elle vient de peindre des gribouillages avec quelques formes distinctes. Elle a les mains et le visage couverts de peinture de couleurs différentes et la robe tachée mais son regard brillant et la fierté qui se lit sur son visage me laissent échapper un sourire.
- C'est très beau, dis-je en saisissant la toile. Mais tu es pleine de peinture ! Que va dire papa en te voyant comme ça ?!
Elle se met à rire bruyamment tandis que je dépose la peinture sur une table et me remonte les manches pour tenter d'effacer les tâches de son visage avec un chiffon.
- Moins fort, je murmure à son égard, tu vas réveiller Amund...
- Amun ! sourit-elle en tapant des mains. Veux voir Amun !
- Tiens, prends le chiffon et essuie-toi le visage pendant que je vais le chercher, dis-je tranquillement.
Elle le saisit et se frotte la figure frénétiquement avec. Je m'approche lentement du berceau et aperçois mon fils gesticuler à l'intérieur de celui-ci. Il ouvre ses yeux en baillant puis me fixe. Je retire ses couvertures et le prends dans mes bras délicatement en l'embrassant. Il se tortille maladroitement entre mes bras et je souris tendrement. Astrid sautille devant moi pour le regarder.
- Maman ! s'énerve-t-elle. Veux Amun !
Mais il semble paniquer car son regard cherche à comprendre d'où vient l'origine du bruit puis il ouvre la bouche et commence à pleurer. Je le berce tentant de le calmer. En vain, ses pleurs perdurent. Je m'assieds sur le divan et soupire en le caressant.
- Astrid, je t'avais demandé de faire moins de bruit... Il s'est réveillé et il pleure, maintenant.
- Beuh, soupire-t-elle en s'asseyant par terre, les bras croisés et les sourcils froncés.
- Héléna, dis-je, fatiguée du comportement d'Astrid. Veux-tu venir voir ton frère ?
- Non ! crie-t-elle en courant dans toute la chambre avant de se cogner brutalement contre un mur. Aaaaïe !
Elle se met à pleurer également tandis que les sanglots d'Amund se font toujours plus forts. Je défais mon corset puis mon corsage péniblement.
- Astrid, peux-tu aller voir ta sœur pendant que j'allaite Amund, je te prie ?
- Non ! hurle-t-elle en boudant.
Elle se lève et s'assoit dans un coin de la pièce avec une expression colérique. Je soupire puis approche Amund de ma poitrine et le laisse téter.
- Héléna, viens par là... Où t'es-tu fait mal, mon ange ? je murmure en lui faisant signe d'approcher.
- Là, pleurniche-t-elle en pointant son coude du doigt.
Je lui prends doucement le bras et lui embrasse le coude.
- Tu te sens mieux ? je demande en me passant une main sur le front, fatiguée.
- Non..., pleure-t-elle en se frottant le coude pour faire partir la douleur.
- Cela va passer, dis-je en lui caressant la joue affectueusement.
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Secrets Royaux
Historische RomaneFrance, 1642. Le royaume fait faillite à cause d'une guerre perdue... À cette époque, les mariages arrangés sont de coutume alors c'est la solution que l'on juge la plus raisonnable pour sauver la France. C'est malheureusement la cadette de la fami...