La troisième

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-19 novembre 1645-

J'observe la jeune Stine sortir du carrosse d'un pas lent et douloureux. Dagny lui prend tendrement la main et elles s'avancent vers moi. Lorsqu'elles arrivent à ma hauteur, mon amie s'incline et intime à Stine de faire de même. Elle me dévisage de nouveau et je me sens fuir son regard insistant.

- Ma reine, souffle Dagny en levant ses yeux brillants vers moi. Permettez-moi de vous demander comment a réagi le roi suite à ma requête.

- Il est du même avis que moi, dis-je en lui souriant difficilement. Mais avant que vous ne fassiez vos adieux à cette... à Stine, me feriez-vous l'honneur d'échanger une dernière partie de jeu d'échec ? Je dois avouer que je ne souhaite pas m'attarder ici, le vent me fait frissonner.

- Je suis confuse, murmure-t-elle alors, je me vois dans l'obligation de refuser car... j'assiste dans peu de temps à l'enterrement de mon défunt mari.

- Son corps vous a été rendu, donc..., dis-je d'une faible voix.

- C'est exact, mais il me semblait évident que vous n'assisteriez pas à ses funérailles, voilà pourquoi je ne vous ai point prévenue, prononce-t-elle tranquillement.

- Et vous avez bien fait, j'articule en replaçant ma cape sur mes épaules. Je ne vais point vous retenir plus longtemps...

Elle me lance un regard gêné avant de serrer Stine contre elle, d'un air désolé. Elle semble chercher ses mots avant de planter ses yeux sombres dans les miens :

- Il y a... dans le carrosse, une malle contenant quelques affaires dont Stine est attachée. 

A ces mots, deux gardes postés derrière moi s'avancent vers la voiture et en extirpent à l'arrière, une vieille malle. D'un faible hochement de tête de ma part, ils la portent jusqu'au château.

- Qui sont ces hommes ? murmure la petite voix de Stine vers Dagny.

- Des gardes de la reine, explique-t-elle. Ils font ce qu'elle ordonne et la protègent au péril de leur vie.

- Moi, j'en aurai lorsque j'habiterai au château ? reprend-elle.

- Oui, dis-je en devançant mon amie. Peut-être pas personnellement mais des hommes seront toujours postés devant ta chambre et dans tous les couloirs du château pour notre protection et la tienne. Tu seras en sécurité, ici. 

- Reverrai-je un jour mes frères ? lâche-t-elle doucement en me regardant.

- T-tes... tes frères ? je murmure sentant la panique m'envahir lentement. Oui, bien sûr, lorsque tu seras plus grande, tu les reverras, Stine. Maintenant, je crains qu'il soit temps pour toi de quitter Dagny.

Elle se tourne vers elle et enlace sa taille contre elle. Dagny lui caresse le crâne en soupirant tristement. 

- Je reviendrai, souffle-t-elle en prenant sa mâchoire entre ses mains. Mais n'oublie pas... N'oublie pas d'où tu viens, qui sont tes parents et que tes frères t'attendent quelque part sur ces terres tant chéries par ton père, le comte de Berntsen. Tu ne seras pas seule, ici, d'autres enfants joueront avec toi et...

- Ce... sera comme à l'orphelinat, se lamente-t-elle en la fixant d'un air désespéré.

- Non ! s'écrie-t-elle, impuissante. Tu t'habilleras avec de belles robes et des jeunes femmes te serviront avec respect. Tu auras un avenir radieux à la cour du pays... Bien plus rayonnant que dans un orphelinat. Et la reine prendra tout particulièrement soin de toi..., n'est-ce pas ?

- Tout à fait, tu es la bienvenue ici, dis-je tranquillement en tendant ma main vers. N'ai pas peur, viens avec moi...

Elle se détache des bras de Dagny tristement en plaçant sa petite main dans la mienne. Je lui souris tendrement en entourant ses épaules de mon bras. 

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant