"Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?!"

3.4K 251 8
                                    

-8 mars 1645-

- Eléonore, de... de quoi parle-t-il ? demande Edward.

Je détourne la tête en serrant violemment les draps du lit.

- Tu... tu es enceinte ? murmure-t-il.

Vegard me regarde attentivement et baisse la tête tristement.

- Votre femme attend effectivement un enfant, commence-t-il. Mais il se peut qu'elle soit en train de le perdre actuellement. Sa chute à cheval ne lui a causé aucune séquelle, en revanche à l'enfant, nous ne pouvons savoir. Je... je suis désolé, votre majesté.

- Quoi ?! Mais... Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?

- Je... je n'étais sûre de rien, dis-je en sanglotant. Et... et si jamais il ne survivait pas, quel intérêt aurais-tu eu à le savoir ?

- Quel intérêt ?! hurle-t-il. L'intérêt que JE suis le père de cet enfant, peut-être !

- Je ne voulais pas te faire de... de peine, je ne voulais pas te dé... te décevoir.

- De quoi aurais-je été déçu ? Que tu portes mon enfant ?! Certainement pas. Je pensais que tu avais confiance en moi...

- Arrêtez ! s'écrie Vegard. Une personne va peut-être perdre la vie..., siffle-t-il. Ma reine, j'ai besoin de savoir maintenant, avez-vous toujours mal ?

- Je... oui. Mais un peu moins qu'avant.

- Je vais vous donner des antibiotiques pour calmer la douleur... Je pourrais vous donner de médicaments qui précipiteraient votre accouchement car si votre enfant est mort, il faut le sortir le plus rapidement possible, néanmoins, il se pourrait qu'il ne s'agisse pas du tout de cela... Il se pourrait que ces douleurs soient simplement dues à une grossesse affligeante. Si après ce que je vous ai donné vous souffrez encore, il faudra employer des moyens plus radicaux, finit-il gravement.

- Je vous remercie de tout cœur, Vegard, déclare mon époux.

- Ne me remerciez pas encore, votre majesté, répond brutalement Vegard.

Je me terre sous mes draps. Vegard sort de la chambre et me laisse avec Edward.

- Excuse-moi de m'être emporté, murmure ce dernier. Je... je suis juste ému et heureux mais je...

- Tu ne peux concevoir... que je perde ce bébé ? 

- Non... Je m'en veux tellement, soupire-t-il en tremblant.

- Quoi ? Mais... pourquoi ?

Il s'assied sur le lit et place sa tête dans ses bras. Je me relève, intriguée, faisant fi de la douleur. Je pose une main sur son épaule mais il fait un mouvement de recul. Je sursaute.

- De quoi s'agit-il ? continue-je.

Il relève la tête. Il est rouge... Je place une main crispée sur mon ventre. Une larme descend le long de sa joue. Il s'empresse de l'essuyer. Voyant son profond désarroi, je l'attire vers moi en le prenant dans mes bras. Il pose délicatement sa tête sur ma poitrine et nous restons collés ainsi.

- C'est de ma faute, reprend-il. J'aurais dû empêcher cette balade en forêt, à cheval... Si seulement, j'avais su.

- Tu ne pouvais pas savoir, et puis c'est moi qui ai insisté. Dans tous les cas, tu aurais fini par accepter. C'est comme ça, dis-je douloureusement.

- Je t'aime si fort... Si fort, murmure-t-il contre moi. Reste avec moi, ne me quitte pas...

- Je ne mourrai pas, dis-je simplement. Je te le promets.

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant