-14 janvier 1645-
Des picotements dans le crâne me réveille brusquement. Dehors, il fait bientôt nuit. Je suis dans mon lit, Léonard à mon chevet. Je me relève mais il met sa main sur mon torse et me rallonge.
- Il faut que tu te reposes, c'est ce qu'ont dit les médecins...
- Cela fait combien de temps que je suis ici ?
- Juste depuis hier... Tu t'es évanouie en plein début d'après-midi et ne t'es pas réveillée par la suite ! Tes filles en ont hurlé, grimace-t-il.
Je souris aimablement et remonte les couvertures sur moi.
- Je pourrais avoir un verre d'eau et un peu de pain ? J'ai terriblement faim...
- Bah bien sûr, je suis là pour ça, après tout ! s'indigne-t-il en sortant de ma chambre.
En attendant qu'il revienne, je prends un livre. Il débarque, un plateau dans les mains et s'assied sur mon lit. Il me tend le plateau et frissonne.
- Je peux venir avec toi, il fait vraiment froid, là.
- Oui, viens, y'a de la place pour quatre, alors tu peux t'installer sans problème.
Il enlève ses chaussures et se glisse sous les couvertures avec moi, comme lorsque nous étions petits. Je bois tout le verre d'eau et avale une bouchée de pain.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demande mon frère. Simon n'a rien voulu me dire et il était énervé alors je n'ai pas insisté...
- Pas grand chose... La vérité, c'est qu'il m'a dévoilé l'identité de mon futur époux. Et il s'avère que je le connais et que je ne suis pas en bons termes avec lui. C'est tout. Alors, tu t'imagines bien que, dès qu'il m'a parlé d'un nouvel époux, je suis partie en furie, dis-je en riant de moi-même. Une vive douleur s'est installée dans ma tête et j'ai vu trouble. Puis je suis tombée... C'est aussi simple que cela.
- Cela n'a pas l'air de te déranger plus que ça maintenant, de te remarier.
- Tu plaisantes ?! dis-je en reprenant du pain. C'est le pire qui puisse m'arriver et ça, Simon n'a pas l'air de comprendre. Mais j'ai compris que crier et pester n'étaient pas la meilleure des solutions...
- Il est dur.
- A ce niveau là, ça ne s'appelle plus être dur mais être tyrannique. Je ne lui pardonnerai jamais.
- Tu disais la même chose avant d'épouser Edward...
- C'est différent, je n'ai plus le même âge et... maintenant j'éprouve pour lui, un amour que je ne pourrais donner à aucun autre homme sur cette terre. Et puis, n'oublie pas les filles...
- Tu as raison... Et surtout qu'il n'y a aucun bénéfice à tirer de cette union.
- Ne me parle pas d'union, je souffle.
Il soupire et place son bras autour de mes épaules et m'attire vers lui.
- Tu t'en sortiras, Eléonore...
- Tu parles...
- Aréna s'en est bien sortie, elle.
- Oui mais encore une fois, c'est diffé-
Je suis interrompue par Simon qui rentre dans ma chambre.
- Mais que fais-tu dans son lit, Léonard ! s'énerve-t-il. Je t'avais dit qu'elle était fatiguée ! Elle ne désire sûrement pas qu'on prenne de la place dans son lit, allez, ouste ! Tu es encombrant, quand tu veux, toi !
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Secrets Royaux
Narrativa StoricaFrance, 1642. Le royaume fait faillite à cause d'une guerre perdue... À cette époque, les mariages arrangés sont de coutume alors c'est la solution que l'on juge la plus raisonnable pour sauver la France. C'est malheureusement la cadette de la fami...