« Ce pays, c'est toute ma vie »

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-2 avril 1645-

- Dagny ! crie-je à travers les couloirs. Attendez-moi, où allez-vous ?

Je marche rapidement vers elle, déjà essoufflée. Elle se retourne vers moi et me sourit largement.

- J'ai quelque chose à vous montrer, fait-elle en me saisissant la main.

Je suis décidée à la suivre quand une voix interpelle mon époux dans la grande salle :

- Votre majesté !

Je me retourne brièvement et aperçois l'homme se diriger vers moi. Je regarde autour de moi et me rends compte que c'est à moi qu'il s'adresse. Je me tourne complètement et souris chaleureusement tandis qu'il arrive à ma hauteur et s'incline longuement. C'est un petit homme assez rond possédant une chevelure brune épaisse, des sourcils broussailleux et un long nez fin.

- Votre majesté, reprend-il. Permettez-moi de me présenter. Je suis le comte de Berntsen, membre du Conseil royal.

Il me sourit en plantant son regard brillant dans le mien. Que sait-il de moi et de mes ambitions ?

- Bien, fais-je feignant de ne pas comprendre son sous-entendu. Qu'espérez-vous de moi ?

- En toute sincérité, j'aimerais discuter avec vous dans un endroit plus fermé et loin des regards indiscrets, répond-il en posant son regard sur Dagny derrière moi et quelques nobles à l'écoute de notre conversation.

- Bien sûr, allons par ici, dis-je en le menant dans une pièce assez sombre. Quant à Dagny, elle peut rester avec nous s'il s'agit bien de ce que je pense.

La concernée relève ses yeux vers nous et confirme mes dires en acquiesçant légèrement de la tête.

- Il est de toute évidence que nous pensons à la même chose, murmure le conseiller à mon égard.

- Asseyons-nous avant d'entamer cette conversation. J'aimerais... avant tout savoir ce que vous savez de ce qui me préoccupe l'esprit, dis-je fermement en m'asseyant sur un fauteuil.

- Ce qu'il en sait n'est certainement pas dû au hasard ! commence Dagny. Cet homme vous a sûrement écoutée, votre majesté.

- Laissez-le parler, Dagny, dis-je calmement. Vous avez la parole, comte de Berntsen.

- Votre... amie n'a pas tout à fait tort. Il y a quelques jours, je vous ai aperçue avec le duc de Birkeland. Vous parliez d'affaire d'Etat, je... je me suis glissé dans la pièce d'à côté et j'ai écouté la conversation que vous meniez avec cet homme.

- Quelle audace, vous avez ! fais-je froidement. Je pourrais vous faire enfermer pour trahison à la reine. Vous n'êtes pas sans savoir que vous n'étiez pas censé m'écouter. Pourquoi prendre tant de risque à venir me parler de cela ?

- Vous n'avez aucune preuve contre moi, murmure-t-il, impassible.

- Soit, c'est ma parole contre la votre ! Je vous laisse deviner qui aura raison.

Je soupire longuement et voyant qu'il ne prend pas la parole, je me relève difficilement de mon siège et passe devant lui.

- Si vous êtes venu pour me faire perdre mon temps, comte de Berntsen, vous avez réussi, dis-je d'une voix glaciale. Nous n'avons plus rien à faire là, sortons, Dagny.

Elle se lève à son tour et m'ouvre gentiment la porte.

- Non ! s'écrie le comte. Je ne suis pas venu vous parler pour vous faire du chantage ou autre sottise...

Je m'arrête un instant, intriguée, mais ne me retourne guère. Ma jeune amie l'observe durement de ses yeux noirs.

- Parlez, dis-je simplement.

Secrets RoyauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant