Premier jour (partie 1)

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Mon ventre me faisait souffrir. Je glissais sur le sol à la recherche de mon téléphone ou d'un moyen de m'échapper... Je ne savais plus... Où étais-je ? Pourquoi étais-je blessée ? Pourquoi ressentais-je autant de tristesse et de désespoir ? Ma tête me faisait atrocement souffrir, sans parler de la plaie béante qui traversait mon abdomen. Il ne fallait pas que je m'évanouisse, mais l'obscurité semblait m'attirer avec force. La seule chose dont j'étais sûre, c'est que j'allai mourir si personne ne venait à mon secours. 

Mes cheveux étaient poisseux, du sang commençait à sécher sur mes tempes. Il fallait que je crie mais aucun son ne sortait de ma bouche, la douleur était trop forte et je sombrais à nouveau dans les ténèbres. La dernière chose que je vis fût une paire de boots militaires, et j'entendis au loin un cri hargneux...

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Je ne savais pas quand les cauchemars cesseraient mais si cela continuait je ne vivrais pas assez longtemps car mon cœur s'emballait trop souvent. Combien d'années allait-il encore tenir le coup ?

En me levant ce matin, j'eus quelques vertiges et il n'y eut que la douche froide qui me réveilla complètement. Je ne savais pas comment m'habiller pour mon premier jour à l'université en tant qu'enseignante. Je savais qu'un établissement aussi prestigieux demandait nécessairement une tenue un minimum classe et sophistiquée. J'optai donc pour une robe crayon noir simple, des collants couleur chair légèrement plus foncés que ma teinte de peau, ainsi que des escarpins gris anthracite. Je mis mon manteau beige et pris mon sac Chanel en cuir couleur ébène qui m'avait été offert par ma mère pour mes 20 ans. Je ne l'avais jamais sorti de son emballage mais les circonstances d'aujourd'hui l'exigeaient. Quand je songeai à ma génitrice, tout me semblait faux... Je m'interrogeais souvent sur la définition de "mère". Si c'était celle que l'on trouvait dans le dictionnaire, alors je n'en n'avais jamais eu. On aurait beau me parler de psychologie sous toutes ses formes, elle avait bien trop oeuvré dans le mauvais sens pour que je lui pardonne un jour... Elle et mon père étaient ce que l'on pourrait appeler, des être redoutables, qu'il fallait mieux éviter de côtoyer. 

J'avais lâché mes cheveux châtains qui descendaient jusqu'au milieu de mon dos. Ils étaient légèrement ondulés tout en n'étant ni frisés ni lisses. Je m'étais un peu maquillée pour ne pas que l'on voit à quel point mes nuits étaient difficiles. Je n'étais toujours pas satisfaite de mon reflet mais je ressemblais au moins à quelque chose, tout du moins je l'espérais... Cela devait être la première fois que je prenais soin de mon apparence, et je ne savais pas ce trop ce qui me prenait. 

Je pris ma voiture pour rejoindre le site de l'Université. La circulation était intenable dans une grande ville comme New-York et cela finit de me stresser.

Quand j'arrivai enfin à me garer sur le parking, je fus surprise du nombre de belles voitures qui y étaient déjà installées. Super... J'allais vraiment passer pour une extra-terrestre... Je descendis en hâte de mon bolide et fermai à clé. Soudain je heurtai quelqu'un en me redressant.

Je croisai des yeux aussi sombres que les ténèbres. Le regard de ce jeune homme me transperça de part en part. Je me figeai sur place. Il me dépassait d'au moins trente centimètres et pourtant je ne faisais pas partie des gens petits. Sa carrure, sans être impressionnante, montrait tout de même qu'il entretenait son corps. Il était sculpté comme un athlète de compétition. Sa chevelure brune lui tombait légèrement sur le front mais son visage était ce qu'il y avait de plus saisissant. Son regard était profond, ses traits fins et anguleux, et ses lèvres arboraient un sourire espiègle qui faisait, j'en étais sûre, fondre toutes les filles de l'université.

Il haussa un sourcil en regardant la voiture derrière moi et mit nonchalamment les mains dans ses poches en s'appuyant sur une Maserati rouge vif.

« Je ne savais pas que ça roulait encore ce genre de carcasse ».

Le charme fut rompu automatiquement. Malgré ses longues jambes, son sourire enjôleur et sa gueule de mannequin, je n'allais sûrement pas accepté que l'on dénigre une des seules acquisitions que j'avais effectuée dans ma vie !

« Elle roule et elle est facile à garer, et puis je n'ai pas peur que l'on fasse des rayures sur ma carrosserie à chaque fois que je la sors... Oh et j'oubliais, je trouve que les gens qui se permettent de critiquer les biens des autres, sans avoir jamais rien fait pour acquérir ce qu'ils ont, feraient mieux de la fermer. Mais je comprends... C'est pour signifier à tout le monde que l'on est puissant, égocentrique, complètement imbu de soi-même. Bravo vous avez réussi... Mes sincères félicitations ».

Il éclata de rire. Ce rire... Un son si doux, si sensuel... Comment une personne aussi pourrie de l'intérieur pouvait être aussi belle de l'extérieur. Cela devrait être signalé ! Il devrait y avoir au-dessus de chaque garçon comme lui une pancarte « DANGER : NE TOMBEZ PAS DANS LE PANNEAU ».

Je tournai les talons et me dirigeai vers le bâtiment principal et je ne me détendis qu'une fois que ce rire n'atteignit plus mes oreilles.

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant