La dernière bataille (partie 3)

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ELENA

                  Une seule question me taraudait l'esprit et je pris mon courage à deux mains pour interroger cette psychopathe :

-              Comment as-tu fait pour arriver ici aussi vite ?

Un son cristallin s'échappa de ses lèvres quand elle se mit à rire. Elle jubilait de nous avoir tous piéger, d'avoir réussi à tous nous berner et maintenant elle n'attendait qu'une chose : nous descendre les uns après les autres dans un ordre précis.

-              Je dois avouer que ce grand gaillard m'a donné du fil à retordre.

Elle donna un coup de pied dans le dos de Gordon qui semblait déjà souffrir le martyre. De nombreuses ecchymoses inondaient son visage tuméfié et il devait avoir au moins deux côtés cassées, vue la position dans laquelle il se tenait. Diana retenait ses larmes tant bien que mal mais les rivières salées commençaient à couler sur ses joues délicates : elle était terrorisée.

-              J'ai pu appeler un taxi une fois que j'eus assommé cette brute et mis hors d'état de nuire cette petite blonde qui croyais pouvoir, à l'aide de ses ongles parfaitement manucurés, me combattre. Une fois le taxi arrivé, évidemment pour ne pas laisser de trace j'ai tué le chauffeur et j'ai immédiatement emporté ta mère, inconsciente et ligotée dans le coffre. Gordon et Diana étaient importants pour moi. C'est un peu les Roméo et Juliette de notre histoire, même si Princeton et toi faisiez de bons candidats, ne t'inquiète pas.

-              Ma mère est vivante ?

-              Pour le moment, je ne voulais pas qu'elle rate ce que je prépare. Après tout, c'est elle qui a tué mon père, ça aurait été un peu simple de partir comme ça. C'est vrai que j'ai fait une erreur de débutante en lui tirant dessus mais j'étais tellement énervée. Tu as réussi à me faire perdre mon sang-froid et j'ai... craqué.

-              Crois-moi, tu n'as pas eu besoin de moi ces dernières années pour avoir ton cerveau complètement détraqué.

Irina rit encore et finalement elle fit signe à trois gardes, cachés derrière les caisses devant moi de venir surveiller les otages. Elle s'approcha ensuite de moi, avec toujours ce sourire que j'aurais bien envie de lui arracher. Elle pointa alors une arme sur mon front et me regarda d'un air innocent :

-              Pose ton arme petite sœur, nous avons tellement de choses à faire avant de nous entretuer.

NICOLAS DAVID

                  Il avait fui, comme à son habitude mais maintenant qu'il respirait l'air extérieur, la poterya dans la poche droite de son blouson, il se rendit compte qu'une énorme boule s'était formée au creux de son ventre, comme un nœud impossible à défaire. Il savait pourquoi il ressentait ce mal-être : Elena...

Quand il l'avait vu débarquer, armée jusqu'aux dents, rivalisée contre au moins vingt soldats, pour la première fois de sa vie il s'en était voulu. Elle avait raison, il avait été un père effroyable et même s'il ne s'agissait pas de sa fille biologique, il connaissait la réponse que lui indiquait depuis des années son cœur : il l'aimait vraiment et il ne voulait pas qu'il lui arrive du mal à cause de lui. Pas encore une fois.          

                  Pendant sa fuite, il avait réussi à dérober une arme à un soldat à terre et il avait suivi lui-aussi des années d'entraînement. Son père avait toujours souhaité qu'il soit un être fort, froid, intimidant, à la tête d'un empire criminel. En réalité, il n'avait pas vraiment choisi son destin, ni la manière dont il avait vécu sa vie. Il considérait les sentiments comme de la faiblesse, un signe que l'on pouvait l'atteindre et, dans ce monde corrompu, il ne fallait surtout pas que l'on sache que nous ne possédions pas toutes les cartes maîtresses. Alors, Nicolas David avait bluffé tout au long de sa vie, avait multiplié les erreurs, était devenu ce que son père souhaitait pour lui : un être dépourvu de cœur.

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