Vengeance (partie 2)

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Princeton essayait de me calmer mais je sentais mes forces m'abandonner. Je fus rebasculée par ce simple mot quinze ans en arrière, à une fameuse soirée de Noël...

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Il y a quinze ans

« Принцесса ! ». Le vieil homme à la longue barbe blanche me faisait penser au père Noël. Il était bon vivant, il riait, s'amusait et semblait beaucoup m'apprécier. Il s'était occupé de moi pratiquement toute la soirée et j'avais senti qu'il ne faisait pas d'efforts pour rester à mes côtés. C'était bien la première fois qu'une personne faisait autant attention à moi. Il avait prononcé un mot que je ne comprenais pas, pour m'inviter à danser au milieu des convives.

« Qu'est-ce que ça veut dire ? ». Il me regarda avec gentillesse et me souleva dans les airs avec une facilité déconcertante, comme si j'étais aussi légère qu'une plume.

« Ça veut dire que tu es ma princesse pour la soirée ! ». Je ris de bon cœur. Il me fit tournoyer et entreprit de m'apprendre la valse. Je mis mes deux pieds sur les siens comme il me l'avait demandé et ce fut le plus beau moment de la soirée. Alors que nous étions encore en train de nous amuser, ma mère fit brusquement irruption derrière le vieil homme et prononça des paroles dans une langue que je ne connaissais pas. Cela ne devait pas être très gentil puisque je vis le teint de mon nouvel ami pâlir à vue d'œil. Il m'adressa un dernier sourire gêné et je le vis se diriger vers le bureau de mon père. Ce fût la dernière fois que je lui parlais. Quand je le vis plus tard, ses yeux n'étaient plus que deux pupilles vitreuses et je savais que son rire n'apparaîtrait plus jamais sur son visage...

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Quand je me réveillai, j'étais allongée sur le lit en baldaquin de Diana, et Princeton me tenait la main avec un regard inquiet. J'entrepris de me lever mais ma tête me fit souffrir et je retombai mollement sur le matelas.

« Qu'est-ce qui s'est passé Elena ? ». Sa voix n'était plus aussi dure que quelques heures plus tôt. Ses yeux sombres me fixaient, interloqués et inquiets.

« J'ai juste fait une crise de panique Princeton... Mais il faut vite que l'on sorte d'ici et que l'on aille rejoindre ma mère. Je crois que j'ai trouvé un indice qui va permettre de coincer ce psychopathe... »

Princeton acquiesça mais avant de me lâcher la main, il me dit une phrase à la fois étrange et touchante :

« Je te promets que si tu te révèles à moi, tu sauras absolument tous mes secrets, je ne cacherai rien... ».

Je ne répondis pas. Si j'omettais de dire certaines choses sur ma vie, c'était souvent pour protéger ceux qui m'entouraient. Or, à présent je n'étais plus sûre de moi. Les démons du passé ressurgissaient et semblaient vouloir m'envelopper telles des ombres démoniaques. Je savais que si je désirais rester la tête hors de l'eau, il faudrait que j'accorde ma confiance à quelqu'un. Mais j'étais trop pressée et angoissée pour l'heure. Il fallait que l'on quitte cette pièce. Une fois que j'eus remballé toutes les preuves dans le colis qu'avait reçu Diana, je demandai à Princeton de nous emmener à l'appartement de Vera Hampton.

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Je lui indiquai la route pendant que je serrais le colis maudit contre moi. Diana n'était que la première j'en étais sûre. Ce que je ne comprenais pas c'était pourquoi elle ? Je ne la connaissais pas personnellement et elle n'avait aucun lien avec les activités de ma famille, du moins de ce que j'en savais. Des milliers de questions envahissaient mon cerveau déjà surchargé.

Quand nous fûmes arrivés à destination, je demandai à Princeton de se garer dans un endroit à l'abris des regards. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais une présence qui nous surveillait. C'était sûrement mon côté paranoïaque qui me jouait des tours mais en général mon instinct ne me faisait pas souvent défaut. Le jeune homme obéit et me suivit ensuite derrière l'immeuble où je pris la porte de service pour monter jusqu'au quatrième étage. Je frappai à la porte trois fois, puis émis une pause et enfin refrappai deux fois. C'était le mot de passe pour que Vera sache que c'était moi ou ma mère qui revenait. Quand elle ouvrit la porte, elle fût surprise de voir qui m'accompagnait. D'ailleurs, à la manière dont elle dévisagea Princeton, je savais qu'elle n'était vraiment pas ravie de le trouver sur son pallier.

« C'est bon Vera. Il est avec moi. Je lui fais confiance. ». Vera ne dit rien et entreprit de se dégager de l'entrée pour nous laisser passer. Son regard en disait long sur sa désapprobation mais j'avais besoin de lui à mes côtés. Je ne saurais dire pourquoi mais sa présence me rassurait.

« Tu as reçu un colis Ellie. Je ne l'ai pas ouvert, j'ai juste vérifié qu'il n'était pas piégé. ». Une lettre épaisse trônait sur la table basse du salon. Le rythme de mon cœur se fit plus rapide dans ma poitrine et je sentis la crise d'angoisse revenir. Princeton mis ses mains sur mes épaules et entreprit de me masser pour détendre tous mes muscles, qui je dois le dire, me faisaient atrocement souffrir à force d'être crispés. Je le laissais faire. Même si en temps normal j'aurais été gênée que l'on touche ainsi le corps que je détestais, je réussis à me détendre à son contact. Je lui adressai un sourire de remerciement et me dirigeai vers ce paquet. La missive était toute simple : une enveloppe jaune avec un timbre standard et il était uniquement marqué mon prénom : Elena.

Je m'empressai de l'ouvrir. Elle était remplie de photos. Au départ je ne fis pas attention à ce que c'était et je versai le contenu de l'enveloppe sur la table basse. Alors que je croyais que j'allais reprendre mes esprits pour me concentrer sur mon affaire, à nouveau mon corps subit un nouvel affront.

Certaines des photos me représentaient moi et Adam. J'arborais un grand sourire qui semblait montrer à quel point j'étais heureuse. Effectivement, j'étais dans cet état d'esprit à cette époque... Mais ce ne sont pas ces clichés qui me firent le plus de mal. Je vis ensuite mon corps ensanglanté, allongé sur le sol de mon ancien appartement, inconscient. Puis le sort semblait vouloir m'achever : je tombais sur des photos d'échographies : mon bébé, ma merveilleuse petite fille... C'est à cet instant que les vannes lâchèrent et que mes larmes inondèrent mon visage. J'étais brisée.

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant