May It Be

Le plan machiavélique (partie 1)

DIANA

La jeune femme fixait Rose sans savoir exactement quoi faire. Elle sentait la terreur la paralyser sur place. Elle manquait de souffle et son cœur battait plus vite que lorsqu'elle faisait du cardio. Rose leva les yeux vers elle, implorante.

- Tu dois faire ce qu'ils t'ont dit sinon ils te tueront Diana...

Sa voix était faible et ses yeux remplis de larmes. Diana ne comprenait pas ce que ce malade mental lui voulait mais, une chose était certaine, il fallait qu'elle se rende au plus vite au lieu indiqué par le GPS. Étrangement, lorsqu'elle regarda la tête de ses parents flottés dans ces bocaux en verre, elle ressentit du dégoût et non pas de la tristesse. Finalement, elle ne les connaissait pas si bien malgré le fait qu'ils étaient ses géniteurs. Soudain, au moment où elle s'y attendait le moins, la bile remonta de son estomac et elle vomit sur le sol du parking.

- Diana... Je suis désolée... J'ai eu des instructions... Il ne faut pas que je sorte de ce coffre. Je ne vais pas pouvoir t'aider... Je suis tellement désolée.

La concernée n'adressa même pas un regard à la jeune femme russe et s'enferma dans le silence. C'était la ligne de défense qu'elle avait adoptée pendant toutes ces années. Diana releva la tête, s'essuya les coins de la bouche, et entreprit de refermer le coffre.

Quand elle se retrouva sur le siège conducteur, elle se mit en pilote automatique et son cerveau émotionnel s'éteignit. Sa vie était en jeu, tout comme celle de Gordon et de Rose. Elle ne devait pas commettre d'impair et le seul choix qui s'offrait à elle était d'obéir.

La route lui parut longue mais Diana resta concentrée sur la voix informatique du GPS. Quand cette dernière lui annonça : « Vous êtes arrivée à destination », c'est à cet instant que les émotions de Diana refirent leur apparition. Des larmes salées dévalaient en cascade sur les joues de la jeune blonde. Ses jambes tremblaient et elle dût faire un effort surhumain pour arriver à descendre de la voiture.

Lorsqu'elle leva la tête, elle se rendit compte où le psychopathe l'avait emmené : aux « Sœurs de la Charité » à New-York. C'était un orphelinat, mais également une association religieuse qui prodiguait enseignement, soins aux malades et logements pour les sans-abris.

Le bâtiment qui s'érigeait devant Diana était entièrement fait en pierres rouges. Le siège social des « Sœurs de la Charité » était situé au « College of Mount Saint Vincent ». Des escaliers en pierres apparentes menaient sur un parvis, lui aussi, décoré de magnifiques pavés rectangulaires, reliés entre eux par un sable fin coulé dans du béton.

Les jardins de la propriété étaient superbes et, malgré l'hiver rude, les pelouses étaient verdoyantes et les arbres respiraient la santé. Des enfants jouaient dans le parc pendant que des adolescents se rassemblaient en petits groupes pour discuter. Des religieuses circulaient régulièrement au sein de la propriété et Diana en intercepta une pour lui demander si quelqu'un avait prévenu de sa visite.

- Bonjour chère enfant. Quel est votre nom ? Cela pourra sans doute m'aider à répondre à votre question.

- Je me nomme Diana Galliano et on m'a dit de venir ici le plus rapidement possible.

- Oh ! Mlle Galliano ! Oui évidemment ! Tous les formulaires ont été remplis ne vous inquiétez pas, votre fiancé a été très prévenant et tout à fait charmant. D'ailleurs il a fait un don incommensurable à notre fondation, nous vous remercions de votre générosité. Venez avec moi, la petite Lucy vous attend.

Son fiancé ? Gordon était passé par là ? Diana ne comprenait absolument rien à la situation... Et puis, qui était cette Lucy dont parlait la bonne sœur ?

Quand elle pénétra dans le bâtiment, la décoration la subjugua. Diana avait toujours adoré l'architecture et notamment celle qui datait de plusieurs siècles. Les hauts plafonds, les moulures et diverses gravures, les vitraux qui laissaient passer une magnifique lumière colorée, tout cela rendait les lieux merveilleux.

Diana suivit la sœur jusqu'à l'étage où étaient situés les chambres des pensionnaires. Visiblement celui-ci était réservé aux enfants. La vieille femme l'emmena jusqu'au bout du couloir de pierre et indiqua la chambre sur la droite d'un geste théâtrale : voici votre magnifique petite fille.

Quoi ? Quelle fille ? Elle avait adopté ? Cette affaire devenait de plus en plus étrange et effrayante.

Diana prit son courage à deux mains et laissa planer les interrogations dans un coin de sa tête. Un petit ange d'à peine un an était dans les bras d'une autre sœur. Quand cette dernière l'aperçue elle lui adressa un grand sourire.

- Regarde Lucy ! Ta maman est venue te chercher.

Ce mot réussit à soulever l'estomac de la jeune femme et elle aurait voulu partir en courant. Cependant, encore une fois, Diana décida de laisser ses émotions de côté. Elle rentra dans la chambre et observa le petit trésor qui la fixait de ses yeux interrogateurs. Elle était splendide. Son regard couleur Jade la subjugua. Elle ne savait pas quel âge avait ce petit bout, mais elle possédait déjà une tignasse digne d'une petite princesse ; des cheveux marron clair aux reflets blonds. Elle portait une petite robe blanche agrémentée de fleurs roses.

Soudain la petite fille tendit les bras en direction de Diana.

- On dirait qu'elle vous aime déjà !

La bonne sœur était aux anges pendant que la jeune femme était terrorisée. Néanmoins elle fut attendrie et, malgré les signaux d'alarmes qui sonnaient à l'intérieur de son crâne, elle prit la petite dans ses bras. Aussitôt, la fillette entoura ses petits bras autour du cou de Diana. La jeune blonde en fut tellement émue qu'elle lâcha quelques larmes.

- Nous vous laissons un instant avec elle pendant que nous préparons ses affaires afin que vous puissiez la ramener chez vous le plus vite possible. Cela vous laissera le temps de faire plus ample connaissance.

Sur ces mots, la sœur la laissa seule avec ce petit trésor. Elle ne méritait pas d'avoir une mère comme elle. Diana n'était pas fière de ce qu'elle était devenue.

Quand la porte se referma, Lucy la regarda avec des yeux innocents et, soudain, elle lui adressa un grand sourire. Diana ne put que lui rendre.

- Hey ! Salut ma petite Lucy... Tu es tellement belle ma chérie.

Soudain, le téléphone prépayé se mit à sonner dans la poche de Diana. La peur reprit sa place au sein du cœur de la jeune femme. Elle hésita quelques secondes avant de répondre. Il fallait qu'elle garde son calme.

- Allo ?

Malgré elle sa voix tremblait et était très faible. Ce fût le regard de la petite Lucy interloquée qui l'aida à maintenir le cap.

- J'espère que tu as fait ce que je t'ai demandé.

- La petite Lucy est dans mes bras.

En entendant son prénom, cette dernière sourit et rigola. Elle était vraiment adorable et son innocence attendrirait le monde entier.

- Bien Diana... Tu as été très obéissante. Maintenant je vais te donner une autre adresse.

- Qu'est-ce que je fais avec cette enfant ? Je ne peux pas l'emmener avec moi

- Tu ne poses pas de question Diana. Tu fais ce que je te dis point. Me suis-je bien fait comprendre ou dois-je faire une piqure de rappel ?

- Non Non... Excusez-moi. Je... Donnez-moi l'adresse.

- J'aime mieux ça.

La voix modifiée du téléphone prépayé lui indiqua la destination d'un vieil hangar situé sur les baies.

Une fois les papiers remplis, les affaires de la petite Lucy entre les mains, Diana repartit vers la voiture sans savoir le moins du monde ce que le sort allait lui réserver...