Une nouvelle mission (partie 2)

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Quand je fus lavée et habillée je marquai sur un petit bout de papier que j'accrochai sur le frigo, mon numéro de téléphone et celui de Miss Hampton ainsi qu'une brève note qui lui interdisait de sortir seul. J'allai annoncer à David que je quittai l'appartement mais il s'était endormi sur le canapé. Après la nuit qu'il avait passée je comprenais qu'il ait besoin de repos. Je décidai de ne pas le réveiller et refermai la porte en douceur derrière moi.

Arrivée au service juridique, je n'eus pas le temps de m'asseoir que mon téléphone vibra. Le numéro qui s'affichait était inconnu de mon répertoire.

- Ici Mlle Elena David

- El...

Cette voix... Mon sang se glaça. Pas lui... Non ce n'était pas possible. Il était mort, oui mort et enterré. Le cauchemar ne pouvait pas recommencer...

Ma voix restait bloquée au fond de ma gorge. Tous mes sens étaient en alerte. Mon cœur s'emballait et je sentis mes jambes se dérober sous mon poids. Il fallait que je m'asseye.

- Tu sais que tu m'as manqué ?

- ...

- Tu ne me dis même pas « Bonjour » ? Bon je vais t'épargner les détails. Figure-toi que j'ai pris il n'y a pas très longtemps la tête d'un groupe qui est assez remonté contre un certain David Keywast. Tu vois de qui je veux parler ?

- ...

- Je prends ton silence pour un « oui ». Écoute je ne vais pas y aller par quatre chemins, soit tu nous le livres et il ne t'arrivera rien et tu pourras continuer ta vie de bonne-sœur au service de la communauté des camés adolescents, soit tu meurs avec lui et je ne te garantis pas que ce sera rapide.

- Comment as-tu eu mon numéro ?

- Elle parle ! miracle ! Ta voix est tellement sexy El. Alors, marché conclu ?

- Je ne me répéterai pas : comment as-tu eu mon numéro ? – Ma voix tremblait malgré moi. Je ne voulais pas qu'il sente que j'avais peur. Il en profiterait. Il se nourrissait de la terreur, de la violence et du sang. Il était un vampire près à tout pour ôter le souffle vital à un maximum de personnes. La pitié n'était pas un mot qui faisait partie de son vocabulaire et je savais que j'aurais beau le supplier, il prendrait un malin plaisir à s'en servir contre moi...

- Tu sais Jo Keen du service de police où était détenu ton petit protégé, il est sacrement bavard quand on se met à menacer ses bijoux de famille. Et puis il est encore plus coopératif quand on lui coupe les doigts les uns après les autres. Il ne pourra plus à présent, je le crains, se recycler en tant que pianiste professionnel dans un conservatoire. Sans parler que son oreille droite a servi comme repas aux rats du Bronx. Ah oui ! Je voulais te parler de ça justement ! Le Bronx. Tu n'es pas allée y faire un tour par hasard pas plus tard qu'hier ? Je vois que tes talents de tireuse n'ont pas changé... Tu sais que tu es sexy quand tu te bats ? Mais ce qui me fais bander en ce moment c'est de t'imaginer sur mon lit, ligoter en train de me supplier de te laisser la vie sauve. Je vais bien prendre soin de toi El et je prendrai mon temps crois-moi.

Je raccrochai. Je crus que mon cœur allait exploser. Si la terreur était la pire chose que l'on pouvait ressentir, c'est tout autre chose qui inondait mon âme à ce moment précis et le terme de « peur » ou de « terreur » n'était pas suffisant pour le décrire.

Mes mains tremblaient et j'étais incapable de bouger. Miss Hampton était partie quand j'étais arrivée et j'étais donc seule.

Je sursautai quand mon téléphone se remis à vibrer. C'était Harry.

- Allo ?

- Ellie ! Comment allez-vous ?

- Bien merci. – J'étais décidément une menteuse professionnelle.

- Est-ce que vous vous souvenez que je vous ai parlé des activités pratiques que j'organise dans le cadre de mon atelier ?

- Oui. – J'avais la gorge sèche et la voix du professeur me semblait lointaine.

- Eh bien. – il se racla la gorge - Je me suis trompé, vous n'allez pas être en vacances aujourd'hui. L'activité marche par demi-groupe donc je vous ai envoyé cinq élèves pour vous assister aujourd'hui !

- Euh. Aujourd'hui ? – Ce n'était pas possible... La journée ne pourrait pas être pire.

- Oui ils sont déjà en route je leur ai donné votre adresse. Je vous souhaite une bonne journée et j'espère que tout se passera bien ! À plus tard Ellie et que la force soit avec vous !

Et il raccrocha sur cette pitoyable référence à Star Wars... Je n'avais même pas eu le temps de protester ou prétexter que j'étais malade. Je le soupçonnai de l'avoir fait exprès...

Je n'eus pas le temps de me remettre de mes émotions que déjà je vis une Maserati rouge se garer juste en face du service juridique... Oh non pitié pas ça...

Je n'avais même pas eu le temps d'aller récupérer le trombinoscope pour me souvenir des noms. J'allais encore passer pour une idiote.

De toute façon, il était hors de question de rester au service juridique, tout le monde y était en danger, moi la première, et il fallait que j'emmène David avec moi car ils ne mettraient pas longtemps à débarquer dans mon appartement. Le temps pressait.

Tous les élèves qui devaient m'accompagner ce matin arrivèrent en même temps car ils sortirent tous les cinq de la voiture de luxe y compris celui que je redoutai tant : « Regard ébène ».

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant