Le plan machiavélique (partie 4)

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JACOB

-       Jacob ! Enfin je t'ai au téléphone !

-       Qu...Qu'est...ce qui se pa...passe ?

-       Écoute ne force pas ! Ne parle pas ! Écoute-moi simplement ! Tu es en danger. L'oncologue que tu vois, le Dr Grayson, est un trafiquant d'organes, il travaille avec une certaine Irina Arazov. Il se trouve que cet Irina n'est autre que Rose, celle qui a été en cours avec nous, la timide de service. Je n'ai pas le temps de tout t'expliquer mais il faut que tu nous rejoignes sur le champ ! Je vais te donner l'adresse de l'hôtel où nous sommes, Elena et moi, et tu décampes de l'appartement illico !

-       Ok.

Jacob avait une confiance aveugle envers Princeton, et le ton de son ami était suffisamment paniqué pour qu'il le prenne au sérieux. Il savait que cette Irina Arazov lui disait quelque chose, mais elle était tellement différente de la Rose qu'il avait appris à connaître. Il avait même eu un faible pour cette jeune femme aussi timide que lui, renfermée sur elle-même. Ce qu'il avait pu être stupide !

Le jeune homme entreprit de prendre son manteau et ses clés dans l'entrée mais alors qu'il allait ouvrir la porte, cette dernière lui revint en plein dans la figure. Il s'effondra par terre sonné. Il aperçut trois hommes, beaucoup plus grands et plus musclés que lui. Il n'avait aucune chance. L'un d'eux le prit par le col de sa chemise et lui mit une cagoule sur la tête avant de l'obliger à avancer dans le noir. Voyant qu'il avait du mal à marcher, il sentit un nouveau coup s'abattre sur son crâne et on le hissa sur le dos de l'un de ses agresseurs.

DIANA

La petite Lucy était à présent dans un joli landau que les bonnes sœurs lui avaient fourni en partant. Elle gigotait dans tous les sens, mais elle apportait un peu de bonheur dans une ambiance si macabre.

Diana se concentrait sur la route et appréhendait beaucoup plus pour la petite fille qui était à présent sous sa responsabilité, que pour elle. Rose était toujours dans le coffre et elle n'entendait aucun bruit. À la place de son amie, elle aurait été terrifiée et se serait sans doute évanouie. D'ailleurs c'était peut-être ce qui lui était arrivé, vu qu'elle ne décelait plus aucun mouvement.

La route fut courte. Elle n'était pas loin du prochain point de rendez-vous que l'interlocuteur « mystère » lui avait donné. Quand elle aperçut le hangar abandonné, elle gara la voiture sur le bas-côté. Il lui fallut plusieurs minutes pour enfin se décider à sortir. Elle alla chercher la petite Lucy et la hissa dans ses bras. Cette dernière lui sourit et joua avec les mèches de ses cheveux. Diana entreprit ensuite d'ouvrir le coffre, en faisant attention d'éviter d'attarder son regard sur les têtes tranchées de ses parents. Rose en sortit timidement. Elle demanda étrangement à Diana d'avancer devant. La jeune femme pensa que c'était sûrement parce qu'elle était, elle aussi, morte de trouille.

Lucy regarda Rose avec méfiance et se mit à pleurer.

-       Chuuuuuuut. Ça va aller trésor. Tout va bien finir mon amour, je te le promets.

Ce que l'on pouvait raconter comme mensonge à un enfant. Mais Diana ne pouvait laisser cette petite puce avoir autant peur qu'elle. Lucy semblait comprendre ses paroles et elle se calma aussitôt. Elle entoura de ses petits bras le cou de Diana et reposa sa tête sur son épaule. C'est le moment que choisit la jeune femme pour avancer vers son destin. Le hangar semblait complètement vide. Il n'y avait pas âme qui vive. Elle ouvrit avec prudence les portes rouillées et osa jeter un coup d'œil à l'intérieur.

Il y avait une construction en bois qui avait été érigée au centre. C'était étrange, on aurait dit une pièce aménagée. Une porte fermée était le seul accès à cet espace atypique.

Quand Diana sentit qu'elle pouvait entrer en sécurité, elle ouvrit la porte en grand, laissant la lumière du jour éclairé l'endroit.

Rose devait juste être derrière elle, mais quand elle se retourna, elle ne vit personne. Une angoisse familière lui remonta le long de l'échine.

-       Par ici Diana.

Rose. Elle l'avait contourné et se retrouvait à présent devant elle. Son visage avait changé et, sa posture recroquevillée avait été remplacée par une assurance qu'elle ne lui connaissait pas. Un sourire malsain inondait son visage et ses yeux fixaient Diana avec cruauté.

Par réflexe, la jeune blonde serra Lucy contre elle. Elle voulait la protéger de cette femme qui semblait être devenue complètement folle.

-       Je te déconseille de faire marche arrière. Tu vas m'écouter à présent.

-       Mais que...

-       Oh non, s'il te plait épargne-moi tes questions à deux balles. On sait tous que tu ne brilles pas par ton intelligence ma chère Diana.

Rose sortit un téléphone de sa poche et entreprit de composer un numéro. La poche de Diana vibra, et elle n'eut pas besoin de décrocher pour comprendre que l'instigateur de tout ce plan était en face d'elle.

Soudain, la jeune russe explosa de rire. Il était effrayant et empreint de folie.

-       Si tu voyais ta tête ma pauvre Diana ! Tu t'es laissée mener par le bout du nez. Je dois te dire que tu m'impressionnes. Sans rire, je pensais que tu serais plus émue en voyant la tête de tes paternels flotter dans un bocal.

Diana ne savait plus quoi dire. Elle était estomaquée et incapable de prononcer la moindre parole.

-       Ça n'a pas été facile de couper la tête de ces pourris. Sais-tu ce que faisais réellement tes parents Diana ? Je veux dire à part être des avocats renommés ? En fait je ne vais pas laisser durer le suspens plus longtemps ! Ils étaient gérants d'une société faisant disparaître les personnes que l'on assassine, et dont on ne veut pas que le corps soit découvert. Figure-toi que mon père a été une de leur victime. C'était un peu des « nettoyeurs » en quelque sorte... Connais-tu les propriétés de la soude chère Diana ?

La jeune femme fixait Rose comme si cette dernière avait complètement perdu la tête. Lucy resserra son emprise autour du cou de Diana. Cette dernière n'osait pas bouger. Le visage de la jeune russe devenait de plus en plus révulsé par la folie. C'était une aliénée en puissance.

-       La soude dissout absolument entièrement le corps humain. C'est ce que j'ai fait avec le reste de tes parents. Tu as de la chance, je t'ai gardé la tête. Moi, mon père n'a pas eu le droit à ce traitement de faveur. Il a disparu dans des tuyaux d'évacuation. J'ai mis des années à remonter à tes parents et à tous les coupables. Tu ne peux pas savoir tout le travail que tout cela m'a demandé, mais avoir réussi, c'est jouissif !

Rose éclata de rire. Mais elle s'interrompit pour sortir un colt de sa poche arrière.

-       Maintenant ma chère Diana, tu vas rentrer dans cette pièce en bois, t'occuper du rejeton jusqu'à ce que je revienne. Je t'ai laissé une petite surprise à l'intérieur, tu devrais aller voir. Je suis sûre que tu me remercieras de ce cadeau. Disons, que c'est une sorte de dédommagement.

Diana ne se le fit pas dire deux fois et d'une démarche tremblante elle s'avança vers la construction. Quand elle ouvrit la porte, elle resta sous le choc : Gordon ! Il était vivant !

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant