La force des sentiments (partie 1)

916 132 95
                                    

                                                     PRINCETON

Il avança dans le couloir qu'il détestait tant. Son frère allait au plus mal et il s'en voulait de ne pas avoir fait tout son possible pour le sauver. Quand il le voyait, relié à toutes ces machines, le teint jaunâtre, il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir.

Il entra dans la chambre aseptisée où Bryan séjournait déjà depuis plusieurs mois. Lorsqu'il vit son frère franchir la porte, ce dernier lui adressa un sourire forcé. Cet homme était une force de la nature et rien ne semblait pouvoir le mettre à terre.

« Hey Price ! Ravi de te voir mon frère ». Sa voix se voulait enjouée et dynamique mais Princeton n'entendit que la faiblesse qui envahissait le corps de son frère.

« Salut Bryan. Comment tu te sens ? »

« En pleine forme ! Mais parle-moi un peu de toi ? Une nouvelle minette dans ta vie ? Comment va Jacob ? ». C'était tout à fait le style de son frère, dès que la conversation devenait sérieuse sur son état de santé, il changeait de sujet.

« Non... Pas de minette... Enfin... »

« Ah ? Tu m'intéresses ! Tu as intérêt à cracher le morceau, tu dois au moins cela à un mourant ! »

« Ne parle pas comme ça, tu sais très bien que je ne trouve pas ça drôle Bryan... »

« Oh allez fréro, il vaut mieux en rire qu'en pleurer, la vie est courte. Bon alors ? Cette minette ?? ».

Il arracha un sourire à Princeton malgré la situation dramatique. Il est vrai qu'à chaque fois que ce dernier imaginait ses beaux yeux émeraudes, il perdait toute sa tête. Cela faisait des heures qu'il essayait de penser à autre chose que cette dispute qui les avait séparés. Il s'en voulait de l'avoir traitée aussi mal. Il avait été un sale con mais, ce n'étais pas nouveau, toutes les filles avec qui il était sorti, l'avait traité de la sorte avant chaque rupture. Le problème était justement là, il n'était pas sorti avec Ellie, elle était âgée de deux ans de plus que lui et elle devait sûrement le prendre pour un sale gosse immature. À qui la faute ?

« Bah comme d'hab. Bryan, j'ai joué au trou du cul. Maintenant je suis certain qu'elle ne voudra plus jamais me parler. »

« Putain Price, qu'est ce que tu as foutu ? »

« Je l'ai jeté dehors à quatre heures du matin dans la rue, toute seule, alors que je savais très bien qu'elle ne m'avait nulle part où aller... Franchement je te jure que j'ai regretté ma réaction deux minutes après qu'elle soit partie, je l'ai cherché pendant toute la nuit mais j'ai pas dû fouiller au bon endroit parce qu'elle avait disparu de mes radars... »

Bryan rit aux éclats. Princeton ne comprit pas pourquoi son frère réagissait comme cela, on aurait dit qu'il se foutait de sa gueule et il se doutait que cette dernière supposition était la bonne.

« Tu me l'as jamais faite encore celle-là ! Toi foutre à la porte une meuf à quatre heures du mat' puis après la chercher pendant le reste de la nuit ? Tu as franchement joué au con ! Tu as couché avec elle et une fois repu tu l'as jetée ? Sérieux ?! ».

Justement, le problème était là, il ne l'avait même pas touchée. Certes il désirait cette fille plus que n'importe quelle autre. Elle avait des lèvres pulpeuses que l'on avait envie de croquer comme un fruit bien mûr. Ses cheveux auburn qui descendaient dans son dos étaient un vrai fantasme et ses yeux étaient saisissants. Toute la soirée, il n'avait pas pu la lâcher du regard. Elle était comme un bijou hors de prix dans une vitrine, un appel au crime.

« Je n'ai pas couché avec elle, je ne l'ai même pas embrassée... Elle... Elle a fouillé dans mes affaires et tu sais que je déteste ça. Bref... »

« Attends, je parie qu'elle est tombée sur mon dossier médical et les multiples dossiers d'accusation de notre chère mère. »

« Oui... »

« Price je t'ai dit de lâcher l'affaire, tu n'as aucun pouvoir sur ce qui se passe. Elle s'en tirera quoi qu'il arrive et puis maintenant c'est terminé. Ça ne changera rien fréro, je t'en prie arrête cette quête qui ne mènera à rien. »

Le jeune homme ne voulait pas abandonner. Il voulait qu'elle paye, et il allait s'employer à assouvir sa vengeance. Personne ne l'en empêcherait, c'était son moteur.

Bryan soupira voyant bien que si son frère ne répondait pas, c'était que c'était peine perdue de le convaincre de faire machine arrière et de passer à autre chose.

« Bon. Et c'est une journaliste cette fille ? Pourquoi elle fouillait ? ». Princeton apprécia le changement de sujet et se détendit.

« Elle est employée dans un service juridique qui vient en aide aux adolescents. On va dire que c'est un peu la mère Theresa des délinquants de New-York. Elle veut régler les problèmes de tout le monde alors que je pense que sa vie est remplie de merdes qu'elle essaye de garder sous le tapis. »

« Hum. »

« Quoi ? ». Princeton sentait que son frère voulait lui dire quelque chose qui n'allait pas lui plaire. Il faisait toujours cette moue réfléchie quand il cherchait les bons mots pour exprimer ce qu'il pensait réellement.

« Bah. Tu es con. Elle voulait t'aider. Cette fille ne peut pas s'empêcher de comprendre les souffrances des autres. Il y en a toujours des comme ça, mais tu n'avais aucune raison de la jeter dehors. Elle n'avait pas de mauvaises intentions, donc oui, effectivement, tu es un sacré trou du cul mon frère. J'espère que tu as prévu des putains d'excuses en béton parce qu'elle a l'air adorable cette fille. Et puis... À la manière dont tes yeux sont excités quand tu parles d'elle, je suppose que c'est une bombe en plus ? J'ai pas raison ? ».

Princeton laissa échapper un sourire. Son frère était toujours de bon conseil et il aimait quand ce dernier le poussait dans ses retranchements pour le faire réagir. Il ne savait pas comment il allait réagir lorsqu'on lui annoncerait qu'il n'y avait plus rien à faire pour son frère. Voyant les pensées d'horreur qui hantaient ses nuits l'envahir, il préféra écourter sa visite.

« Il faut que j'aille voir Diana, elle a été internée ce matin après avoir essayé de se suicider. J'ai essayé de joindre Gordon pour prendre des nouvelles mais il n'a pas répondu à mes cinq appels ». Bryan posa sur son frère un air ahuri.

« Merde... Passe lui le bonjour. Cette fille a beau ne pas toujours être agréable, elle me mérite pas de mourir ».

« Toi non plus, Bryan... ».

Ce dernier baissa la tête et fit signe à Princeton de s'approcher. Une fois que le visage du jeune homme fut assez près, il lui donna une claque puissante.

« Tu as intérêt à t'excuser Price ! Je veux que tu prennes ton pied avec cette bombasse ! ». Les deux jeunes frères rirent ensemble puis Princeton prit congé en promettant à Bryan de revenir dès que possible.

Une fois qu'il eut quitté la chambre, il se dirigea vers le service psychiatrique de l'hôpital. Pendant tout le trajet, il se promit de se rattraper auprès d'Ellie...

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant