May It Be

La dernière bataille (partie 4)

ELENA

                  À contrecœur, j'avais lâché mon arme devant Irina et j'étais à présent à sa merci, tout comme le reste de ses otages. Mais quelle idiote ! J'avais cru que je pourrais profiter de mes compétences, de ce que j'avais appris étant plus jeune, pour mettre fin à tout ce machiavélisme. En toute honnêteté, à cet instant, je ne ressentais plus rien, j'avais bel et bien échoué.

-              Bien, maintenant que tu te montres un peu plus coopérative, j'aimerais que tu me dises où est la poterya.

Son visage, qui était il y a quelques secondes si sûr de lui, transparaissait maintenant une sorte d'agacement, une brèche s'ouvrait devant moi pour gagner du temps.

-              Je ne l'ai pas.

-              Oh je t'en prie, ne m'oblige pas à utiliser la violence dès maintenant, je garde cela pour la fin.

-              Non Irina, tu ne comprends pas, je ne l'ai vraiment pas.

-              Tu es une menteuse, comment ta mère.

-              C'est ça que tu cherches Irina ?

Cette voix. Il était revenu. Pourquoi ? La jeune russe détourna un instant le regard vers son interlocuteur, tout en me maintenant en joug.

-              Nicolas ! Quelle agréable surprise ! Viens te joindre à nous voyons.

-              Je ne crois pas non, c'est toi plutôt qui va lâcher cette arme et demander gentiment à tes sbires de poser leurs armes au sol

-              Tu penses sérieusement que tu es en position de négocier ?

-              Effectivement. N'oublie pas que ce que je tiens entre mes mains a une valeur inestimable à tes yeux.

C'est ce moment que choisit « mon père » pour montrer son trophée. Il avait dû piquer le boîtier électronique lorsqu'Irina avait été perturbée en voyant sa mère pour la première fois depuis vingt ans. C'est lui-même qui lui avait enseigné l'art de voler, de distraire sa cible pour obtenir ce que l'on souhaitait. Ce n'était qu'une question de rapidité et d'habilité qui demandait en revanche énormément d'entraînement.

Alors que je pensais qu'Irina allait céder, cette dernière se mit à rire, un son cristallin et effrayant qui résonna dans l'immense entrepôt silencieux.

-              Oh Nicolas... Tu crois que je ne te connais pas assez, que je n'ai pas eu le temps d'étudier ton dossier à fond ? Tu es en réalité un vrai papa poule au fond de toi, un cœur en chamallow qui n'hésiterait pas à me donner ce fichier contre la vie de son unique fille. Alors je te propose un marché : tu me donnes cette clé illico prestoet je ne fais pas souffrir la prunelle de tes yeux inutilement.

Sa dernière phrase était dure et aucun sentiment de compassion ne transparaissait dans le ton que cette folle empruntait. Elle n'était pas comme n'importe quel être humain, il y avait quelque chose de bien plus sombre en elle que je n'arrivais pas à déchiffrer. Je vis mon père hésiter, le visage grave et la mine contrariée. Je ne m'attendais déjà pas à ce qu'il revienne pour nous sauver au lieu de prendre ses jambes à son coup, mais voir qu'il hésitait pour moi était une douce attention de sa part, aussi minime soit-elle. Mais le connaissant, je savais qu'il n'abandonnerait jamais son empire pour moi et qui plus est, je n'étais pas sa fille biologique, j'étais juste une bâtarde qu'il s'était cru obligé d'élever. Nicolas David n'avait pas de conscience et refoulait ses sentiments, c'était bien connu.