May It Be

La force des sentiments (partie 2)

                                                    PRINCETON

Comme le jeune homme était sur la liste des visiteurs attitrés que les parents de Diana avaient élaborée, il put entrer sans encombre avec une infirmière, qui composa devant lui le digicode. Le service psychiatrique était sombre et empreint d'une ambiance malsaine. La chambre de son amie se trouvait au bout du couloir et il dut passer devant plusieurs patients, qui n'avaient d'ailleurs pas tous un visage qui inspirait la confiance.

Quand il arriva à destination, il remercia l'infirmière qui reprit ses occupations. Princeton s'apprêtait à ouvrir la porte quand il entendit une voix familière. Ce n'était pas celle de Diana. Comment était-ce possible ? Qu'est-ce qu'elle faisait là ?

Il entra en trombe dans la chambre et vit Elena serrer tendrement la main de Diana. En temps normal, il aurait ri de la situation, mais cette fille semblait être partout. Ce qui l'étonna encore plus et qui le figea sur place c'était l'accoutrement qu'elle avait sur les épaules : une blouse de soignant. Décidément, cette fille était bien plus mystérieuse qu'il ne l'avait pensé. Ses yeux verts le fixèrent longuement. Il aurait pu y plonger la tête la première. Cependant, face à elle, il ne put sortir un son. Certes, il avait préparé son discours d'excuse mais la situation était tellement folle que ses cordes vocales s'en trouvaient défectueuses.

« Je t'en prie Princeton, ne dis rien ». C'était Ellie qui avait parlé la première. Diana tourna lentement la tête vers le jeune homme.

« Price... Tu es venu ? ». La belle blonde s'éveilla quelque peu quand elle vit son ami. Princeton avait été profondément attristé quand il avait su ce qu'elle avait eu en tête et son geste. Il connaissait les difficultés que Diana avait avec sa famille, mais il n'aurait pas pu imaginer qu'elle passerait à l'acte.

« Price... Où est Gordon ? »

« Je ne sais pas, j'ai essayé de l'appeler toute la matinée... ». Diana regarda soudain Ellie avec appréhension et cette dernière dût comprendre son angoisse, car elle entreprit de la rassurer :

« Ne t'inquiète pas, je vais voir ce que je peux faire pour le prévenir de ton état. Il y a sûrement une explication. Je vais chercher cette lettre chez toi et je vais résoudre le mystère ».

Que ? Quoi ? Quelle lettre ? Mais que se passait-il à la fin, Princeton crut que sa tête allait exploser sous l'afflux d'informations complètement dissolues.

« Je veux que Price vous accompagne... Je suis désolée, mais je n'ai toujours pas confiance en vous. Il sait où j'habite. ». Diana avait une voix faible et semblait vouloir qu'on la laisse tranquille pour qu'elle puisse sombrer dans un profond sommeil. C'était sûrement la cause des médicaments qu'ils donnaient dans ce genre de service. Ils ne soignaient pas les patients, ils annihilaient leurs esprits à coup de sédatifs, neuroleptiques, anxiolytiques et autres substances...

« D'accord Diana. Repose toi, je reviendrai te voir ». Sur ces paroles, Elena lui lâcha doucement la main et lui adressa un sourire plein de compassion. Le regard de Diana se posa sur elle et sur lui tour à tour et elle ne dit qu'une chose :

« Trouvez Gordon, je vous en supplie ramenez-le moi... ». Ses paroles étaient remplies de désespoir et de tristesse, et elle semblait se raccrocher à la vie par la simple pensée que son amour soit toujours en vie.

Après que Princeton ait, lui aussi, assuré à Diana qu'il viendrait lui rendre à nouveau visite, ce dernier suivit Ellie dans le couloir.

Elle voulut s'échapper mais il la rattrapa d'une main ferme par le bras.

« Où comptes-tu aller comme ça ? Je te signale que l'on doit faire équipe... »

« Je ne suis pas sûre d'avoir envie de jouer les duos avec un homme comme toi ». Sa voix se voulait acérée et tranchante, mais son ton n'était pas aussi froid que d'habitude.