Opération sauvetage (partie 3)

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IRINA

La jeune femme aurait pleuré de rage. L'un des moyens de pression qu'elle avait sur Elena avait disparu dans la nature. Elle n'allait pas s'évertuer à fouiller les rues aux alentours pour retrouver cet enfoiré. Il fallait réfléchir à une autre stratégie et le plus rapidement serait le mieux. Irina s'évertua à rassembler le peu d'affaires qu'elle avait entreposées dans cette chambre d'hôtel, elle se changea et appela David. Cet abruti s'était enfui lorsque les premiers coups de feu s'étaient fait entendre, et depuis, aucune trace du fils légitime des Sharks. Lui aussi allait payer de sa mauvaise humeur.

- Allo ?

- David. Donne quelques billets au gardien du parking et mets moi à disposition la Dodge Challenger que je t'ai montré hier. Tu restes à côté et tu m'attends, et surtout, ne fait rien de stupide.

- Je suis désolé mais je...

Irina lui raccrocha au nez pour ne pas perdre le seul allié qu'elle avait maintenant. Adam gisait dans l'entrée, le crâne tellement défoncé que sa propre mère ne le reconnaîtrait pas. La jeune femme voyait son plan tombé en miettes à mesure que les minutes s'égrenaient. La panique commençait à l'envahir et elle n'aimait pas se sentir aussi faible et déconcertée. D'habitude, il était facile pour elle de reprendre le contrôle d'une situation, mais à présent les choses s'emballaient et semblaient vouloir l'ensevelir une bonne fois pour toute.

Quand elle fut prête à partir, c'est à cet instant qu'elle entendit distinctement la voix des policiers qui avançaient dans le couloir. Encore une fois, il fallait qu'elle improvise. Heureusement elle portait, non plus une jupe trop serrée, mais un treillis et un col roulé noir, des vêtements idéals pour le combat. Avec une infinie lenteur, elle posa à terre le sac en bandoulière où trônaient toutes ses affaires, et se dirigea derrière la porte d'entrée de la suite. Les deux agents des forces de l'ordre n'étaient pas lourdement armés mais Irina savait que les renforts ne tarderaient pas à arriver. La police de New-York était loin de prendre à la légère les fusillades. D'ailleurs, des sirènes se faisaient entendre dans la rue, en contrebas. Ils étaient en train de boucler le périmètre et bientôt Irina n'aurait plus de possibilités de s'échapper.

Sang-froid et rapidité ; deux termes que la jeune femme s'ancra dans l'esprit avant d'agir. Elle commença par le dernier policier à être entré. Le premier étant trop occupé à vérifier les lieux, il n'entendit pas le gargouillis significatif que faisait une jugulaire tranchée. Son coéquipier allait s'effondrer lourdement sur le sol, mais Irina l'arrêta pour atténuer le bruit et ne pas alerter son autre cible.

Avec l'agilité d'un félin, elle se dirigea dans la chambre principale, qui avait la porte défoncée, pour surprendre l'autre policier. Il ne vit rien venir, aucun son ne sortit de sa bouche. Elle se jeta sur lui, tel un guépard face à une antilope, et lui planta son couteau de chasse dans le crâne.

À présent, il fallait qu'elle s'enfuie le plus rapidement possible de cette chambre. Aucune chance qu'elle passe par le couloir qui était beaucoup trop exposé. Irina fit un rapide calcul et son regard se porta automatiquement sur la fenêtre. La suite se trouvait au troisième étage, il lui suffisait de descendre le long du mur, côté est, afin que les policiers ne remarquent rien. En effet, elle avait remarqué que des arbres cachaient la vue de ce côté de l'immeuble.

Elle reprit le sac au sol, le hissa sur son épaule qui n'était pas blessée et ouvrit la baie vitrée. Oubliant la douleur qui lui lançait dans tous le bras gauche, elle s'accrocha fermement aux rebords de la fenêtre et fut satisfaite de constater que les arbres, qui décoraient les alentours de l'hôtel, étaient assez proches pour qu'elle les atteigne de sa position. Avec agilité, elle attrapa une branche, qu'elle estimait assez solide, pour transférer son poids et basculer. Une légère peur s'empara d'elle quand elle vit le vide en regardant en bas mais elle se ressaisit rapidement. Le reste de la descente fut aisé et Irina arriva bien vite au pied de l'immense érable.

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant