May It Be

Où sont les vrais monstres (partie 2) ?

ADAM

Encore fébrile d'avoir tué cette jeune femme, les mains d'Adam tremblaient pendant qu'il conduisait. Le « patron » lui avait enfin donné rendez-vous pour un entretien en personne. Comme devenait de plus en plus facile d'ôter la vie. C'était devenu un rituel, une habitude prise avec le temps et l'expérience. Adam était accroc à l'adrénaline que cela déclenchait chez lui mais comme une drogue, il lui en fallait toujours plus, ou tout du moins il lui fallait des meurtres sanglants, où la personne souffrait le martyre avant de quitter ce monde.

Il rentra son petit pick-up noir dans le parking souterrain d'un hôtel, celui qu'on lui avait indiqué par sms : « The Bowery Hotel ». Un portier sortit de sa guitoune et prit en charge son véhicule. Adam lui laissa les clés et se dirigea ensuite dans le hall de l'établissement, là où on l'attendait.

Toute cette société de richards, en costards sur mesure et chaussures italiennes, le dégoûtait. Il sentit une colère amère l'envahir, jamais ces gens-là n'avaient eu à lutter pour s'offrir ce luxe. Adam était tellement préoccupé par ses ressentiments qu'il n'entendit pas la jeune femme fine et svelte arrivée derrière lui.

-       Adam. Ravie d'enfin te rencontrer

Un rire nerveux s'échappa des lèvres du jeune homme quand il comprit à qui il avait à faire. Cette femme était d'une beauté rare, avec ses yeux bleu océan, sa silhouette de mannequin et son sourire angélique. Elle portait un simple jean, des baskets blanches et un pull torsadé, bien trop grand pour elle.

-       C'est vous ? Je veux dire, j'ai rendez-vous avec quelqu'un mais...

-       Effectivement Adam, c'est moi.

La jeune femme haussa un sourcil et arbora un sourire espiègle :

-       Serais-tu un de ces hommes de Cro-Magnon qui pensent qu'une femme n'est pas assez intelligente pour être une criminelle rusée et habile ?

-       Et modeste...

-       Tu me plais déjà Adam. Mais en réalité je me fiche complètement de ce que tu penses. J'ai une surprise pour toi, mais pour avoir ta récompense il va d'abord falloir que tu me promettes de garder ton sang-froid. Me suis-je bien fait comprendre ?

Adam failli éclater de rire devant l'affront de cette femme, mais il se souvint de tout le plan machiavélique qu'elle avait échafaudé jusqu'à présent. En réalité, il devait se l'avouer, elle lui inspirait la peur. Il était conscient qu'elle était prête à tout pour arriver à ses fins. Il lui fit donc un bref signe de tête, lui indiquant qu'il était prêt à l'écouter.

PRINCETON

Cela faisait un moment qu'il avait raccroché avec Jacob et le jeune homme commençait à angoisser. L'East Village n'était pas si loin de l'appartement où ils vivaient. Le temps lui paraissait long. Quand il regarda à nouveau l'écran de son téléphone, il vit qu'il n'avait pas fait attention à un appel manqué. En réalité le correspondant      avait essayé de le contacter une fois, mais c'était pendant qu'il était en communication avec Jacob.

Tiffany ? C'était étrange qu'elle l'appelle. Comme elle avait laissé un message, il entreprit de l'écouter, tout en prenant soin de mettre le haut-parleur pour qu'Elena l'entende également.

« Princeton, quelque chose d'affreux va arriver à Jacob... C'est... C'est en lien avec ton frère ».

La voix de son amie était faible et elle semblait faire beaucoup d'efforts pour parler. Princeton commença sérieusement à paniquer, surtout lorsqu'il entendit la suite du message :

« Des examens ont été effectués sur Jacob pour savoir s'il possédait un foie compatible avec Bryan... Ils sont positifs... Jacob va être tué pour sauver ton frère... »

Oh mon dieu ! Comment était-ce possible ? Évidemment ! Le Dr Grayson. Il était sûr que cet homme, sous couvert d'examens pour sa leucémie, avait soumis son ami à des tests supplémentaires, sans son accord.

C'est en entendant la fin du message laissé par Tiffany, qu'Elena et Princeton furent anéantis :

« Je... On m'a tiré dessus... Je ne sais pas qui c'était mais il s'agissait d'un homme... Je... Je suis désolée... »

Tiffany souffrait, cela s'entendait au son de sa voix, à la manière dont ses mots étaient hachés, à l'effort qu'elle faisait pour articuler. Le message se coupa soudainement. Princeton fixa Elena et lui demanda d'un air désespéré :

-      Est-ce que tu serais capable de localiser cet appel ?

Elena sortit tant bien que mal de sa torpeur et le regarda avec sérieux.

-      Passe-moi ton téléphone et ton ordinateur, je vais voir ce que je peux faire.

La voix de la jeune femme était moins assurée que d'ordinaire, et Princeton remarqua que des larmes commençaient à se former au coin de ses yeux. Elle s'en voulait, il en était sûr, mais il était incapable de dire quoi que ce soit. C'était de sa faute à lui aussi, il avait entraîné Tiffany dans cette histoire, et il était persuadé que cette agression n'était pas sans lien avec toute l'affaire.

Princeton s'empressa d'aller chercher tout ce qu'il fallait dans la chambre pour pouvoir aider son amie.

Il ramena tout à Elena et la laissa travailler en silence, seule. Elle avait besoin de concentration et lui de se calmer. Il s'allongea sur le lit, complètement stressé et paniqué. Le jeune homme se prit le visage entre ses mains et commença à essayer de calmer sa respiration, qui s'emballait de seconde en seconde.

Soudain, il entendit une petite voix cristalline, qui l'appelait d'un ton suppliant :

-      Price ?

Sacha était sur le pas de la porte, accoudée contre le montant. Elle avait les poings fermés sur sa poitrine et son regard était triste. Elle avait toujours cette attitude quand elle avait peur et qu'une crise de panique pointait le bout de son nez.

-      Price, c'était Tiffany ?

Les yeux de l'enfant étaient inondés de larmes. Princeton oubliait souvent que sa petite sœur grandissait et qu'elle comprenait beaucoup plus de choses. Avant qu'il ait pu la rassurer, Elena héla le jeune homme :

-      J'ai trouvé ! Elle est juste à cinq-cents mètres, dans un bar irlandais, enfin dans la rue derrière le bâtiment.

-      J'y vais seul. Surveille Sacha pour moi s'il te plait.

-      D'accord...

Mais avant même que Princeton n'ouvre la porte, celle-ci se mit à trembler sous les coups répétés d'un inconnu. L'ambiance se refroidit et le jeune homme sentit une sueur froide lui descendre le long de la nuque. Qui se tenait derrière ?