Tout le monde a ses secrets (partie 2)

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ELENA

Mes mains tremblaient encore quand je mis les clés dans le contact. Je n'avais pas l'habitude de conduire ce genre de véhicule et, je devais avouer, que les derniers jours avaient été éprouvants. Princeton s'installa rapidement sur le siège passager et entreprit de lancer le GPS sur son téléphone. Ses gestes étaient fébriles et il commençait à me faire de plus en plus peur. Dès l'instant où il m'avait clairement dit qu'il s'agissait d'une question de vie ou de mort, mon sang n'avait fait qu'un tour. Je me demandais pourquoi il fallait toujours que j'aide les gens autour de moi, mais la vérité était que je ne trouvais plus d'autre raison d'avancer. Il semblerait que celui qui me martyrisait connaissait mon mode de fonctionnement et en jouait...

Le silence dans l'habitacle était uniquement coupé par le son de la voix électronique du téléphone de Princeton, nous indiquant la route à suivre. Je roulai le plus vite possible et Princeton remuait sa jambe nerveusement. Il regardait par la fenêtre passagère, mais je pouvais facilement imaginer l'expression de son visage : la peur. J'appuyai un peu plus fermement sur la pédale d'accélérateur, et le van fit un bon pour nous mener plus rapidement à destination.

Nous passions les carrefours les uns après les autres et je n'avais plus la notion du temps. J'écoutais simplement le moteur rugir et mon sang taper près de mes tempes.

Quand le GPS nous indiqua que nous étions arrivés à destination, une immense « townhouse » nous faisait face. Je me garai dans le quartier UP de l'Upper East Side. Je n'y étais jamais allée aussi souvent que ces derniers jours. Un portier nous attendait à l'entrée et nous dûmes présenter patte blanche avant de pouvoir pénétrer les lieux. L'intérieur était majestueux. Après la porte qui donnait sur la rue, une sorte de mini entrée en extérieure avait été aménagée. De grands pavés gris recouvraient le sol. Une « rocking-chair » en bois trônait juste devant une immense baie vitrée. Des plantes luxuriantes envahissaient les lieux et semblaient bien entretenues. L'intérieur était encore plus saisissant. En effet, Princeton ne frappa même pas pour entrer dans cette magnifique demeure. Il poussa vivement la porte en verre et me la tint pour que je pénètre dans, ce qui était pour moi, le paradis de l'immobilier new-yorkais. Le parquet clair au sol illuminait la pièce principale. Un immense lustre en osier apportait une touche moderne à l'ensemble. Le mobilier était composé uniquement de bambou. Une fontaine était située au centre de la pièce et donnait sur un vaste salon où les fauteuils s'offraient aux invités. Une statue de Bouddha semblait surveiller l'ensemble de la maison, et je pus apercevoir la cuisine américaine en contrebas. Il fallait descendre quelques marches pour y accéder. C'est là que je la vis : Susan Sutherland. Elle était nettement plus en valeur que sur les différentes photos de police, que j'avais vues lors de mes fouilles chez Princeton. Ses longs cheveux noir jais lui descendaient jusqu'en bas du dos. Je ne pouvais lui donner un âge, mais la manière dont elle s'amusait avec une petite fille d'environ dix ans, lui donnait une allure plutôt jeune. Elles étaient toutes les deux en train de s'amuser avec des poupées sur un magnifique tapis rouge carmin. La fillette s'aperçu soudain de notre présence et quand elle releva la tête je fus saisie par la ressemblance avec Princeton. Ce regard, un mélange de gris et d'ébène, était absolument magnifique. Elle nous fit un grand sourire et lâcha sa poupée pour courir dans les bras de son frère. Princeton la souleva de terre et l'embrassa avec douceur.

-        Price ! Regarde c'est maman qui est venue me chercher ! Je t'avais dit qu'elle reviendrait !

-        Sacha. S'il te plaît monte dans ta chambre ma chérie.

C'était la première fois que j'entendais la voix de la mère de Princeton. La petite fille ne discuta pas et couru à l'étage. Susan Sutherland se releva et je pus admirer davantage sa classe. Elle portait une robe de costume couleur ivoire et de magnifiques boucles d'oreilles en argent. Elles représentaient des papillons sur le point de s'envoler. Elle était pieds-nus mais ses ongles étaient manucurés et arboraient la couleur rouge sang. Sa peau laiteuse et son regard bleu océan, lui donnaient l'apparence d'un ange. Cependant, j'avais bien vite compris en lisant les passages des rapports de police, qu'elle était bien loin d'accéder au paradis. Elle n'arborait pas le même regard lorsqu'elle portait les yeux sur sa petite fille et sur son fils, Princeton.

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant