Quand la vérité éclate (partie 2)

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ANDREÏ – Il y a 15 ans – Le soir de Noël

Il aurait préféré être auprès des siens ce soir. Pouvoir serrer ses enfants et sa femme dans ses bras afin de leur prouver à quel point il les aimait. Mais le devoir l'appelait et sa mission, quoiqu'elle fût dangereuse, demandait du courage et l'oubli des sentiments personnels. Ce soir, il sauverait la petite Elena, le fruit d'une union interdite et idiote, et ferait plier Nicolas David, le plus grand criminel européen. Sanguinaire, froid et sans scrupule, il entretenait la terreur autour de lui et semblait prendre plaisir à ruiner des existences. Il plaignait sincèrement Agnès et cette petite fille de subir la présence d'un tel monstre.

Il avait été surpris que Vera soit aussi compréhensive et cela l'effrayait presque. N'était-ce pas une bombe à retardement qui exploserait un jour ou l'autre ?

Il n'avait pas le temps de penser à tout cela pour l'instant, et d'ailleurs son esprit se focalisa sur une petite fille, assise seule dans un coin, l'air triste et songeur. Elena. Ses yeux émeraudes scrutaient les gens avec attention et elle semblait prête à bondir sur la moindre occasion où quelqu'un s'intéresserait à elle.

Cachant le cadeau qu'il avait acheté à Moscou derrière son dos, il s'approcha vers cette magnifique petite fille. Elle portait une petite robe rouge bordeaux, des ballerines noires, et ses cheveux était agrémentés d'un magnifique ruban blanc, la couleur de la pureté. Il s'était promis qu'après avoir fait tomber Nicolas David, il prendrait sa retraite. Il se consacrerait à sa famille et ferait en sorte d'être le meilleur père qui puisse exister.

Quand Elena l'aperçu, elle releva ses yeux verts vers l'inconnu qui lui souriait. La petite fille lui rendit son geste avec un petit rictus timide. Une fois qu'il fût en face d'elle, il lui tendit l'ours en peluche qu'il avait choisi pour elle. Irina avait le même et il espérait de tout cœur que les deux demi-sœurs pourraient jouer ensemble, se confier l'une à l'autre, sortir de ce cercle infernal.

Elena ouvrit de grands yeux. Andreï crût au départ qu'elle allait se moquer de lui, comme toutes les enfants pourries gâtées qui gambadaient dans la salle de réception. Il était sûr qu'elle aurait des cadeaux bien meilleurs de la part des autres invités, mais Andreï souhaitait lui prouver que pour lui, Irina et elle étaient ses filles, et qu'il les aimerait de la même manière.

-       Un ours en peluche ! Je n'en ai jamais eu !

S'il s'était attendu à toutes les réactions, celle-ci n'en faisait pas partie. Ce qui l'étonna encore plus c'est la manière dont cette petite fille souriait. Elle avait cette petite fossette qui lui était si familière, Irina avait la même. Elena le serra de ses petits bras. D'abord interloqué, Andreï se laissa aller à cette démonstration d'affection et lui rendit son étreinte.

Il avait caché tous les fichiers dans cet ourson, il ne fallait pas qu'il les ait sur lui afin de pouvoir les garder en sécurité. Personne ne se douterait de la place de cette clé USB. D'ailleurs, cette dernière était enfermée dans un petit boitier, qui ne pouvait être ouvert que par les personnes qui possédaient le même ADN que lui. Si par malheur, quelqu'un essayait de l'ouvrir de la mauvaise manière, la clé USB s'autodétruirait, elle et tous ses fichiers. Heureusement il avait fait une copie, qu'il avait, sans qu'elle en sache quoi que ce soit, donné à sa femme.

-       Qui êtes-vous ?

-       Je suis un ami de ta maman.

-       Oh super ! J'ai le droit de vous parler alors ! Vous voulez danser ?

Andreï éclata de rire. Elle ressemblait tellement à Irina, certes ses cheveux étaient plus foncés, ses yeux étaient d'un vert étincelant, mais sa manière d'agir était tout aussi adorable. Elle était encore innocente et pure...

-       Je veux bien, mais je te préviens je suis un piètre danseur.

-       Ce n'est pas grave ! On fera rire les autres comme ça ! Vous avez vu les têtes qu'ils tirent, c'est Noël et on dirait que l'on enterre quelqu'un...

-       Tu as raison apportons un peu de joie à cette soirée.

Andreï avait envie de passer du temps avec Elena, la serrer dans ses bras, la faire virevolter sur la piste de danse, et surtout, entendre ce doux son cristallin qui signifiait qu'elle riait. Le temps passa très vite et une main venant se poser sur son épaule le sortit de son rêve éveillé. Agnès. La jeune blonde regarda sa fille tendrement et glissa discrètement à l'oreille d'Andreï quelques mots.

-       Il faut que l'on parle en privé Andreï. Je ne sais pas ce que tu fais ici mais tu n'aurais pas dû venir, tu es en danger. Rejoins-moi dans la chambre au premier. Dernière porte à droite.

Andreï se sentit pâlir mais se ressaisit rapidement et adressa un dernier sourire à Elena. La petite fille semblait triste de le voir partir, mais elle ne savait pas à quel point, lui, il en avait le cœur déchiré.

Il suivit Agnès à l'étage, scrutant l'assemblée pour essayer d'apercevoir Nicolas David, mais aucun signe de sa part. Étrange.

Il se rendit dans la chambre que lui avait indiqué la mère d'Elena et referma la porte derrière lui.

Agnès regardait par la fenêtre, son visage illuminé par le clair de lune montrait à quel point elle était habitée par la souffrance. Il allait la sauver, elle et sa fille.

-       J'ai tout ce que tu m'as demandé. Il faut que tu saches qu'à présent tu ne risques plus rien, Elena et toi vous pouvez quitter le pays avec moi, et Nicolas David verra son monde s'écrouler sans qu'il ne puisse rien y faire.

-       Tu ne comprends rien...

Andreï resta interloqué devant le ton tranchant de la jeune femme. Il s'approcha de quelques centimètres afin de discerner les sentiments derrières la carapace d'Agnès, mais il n'en vit aucun. C'était un air résigné qu'elle affichait. Elle avait changé d'avis... Son sang ne fit qu'un tour, il fallait qu'il sauve Elena à tout prix.

Si Nicolas David apprenait qu'un jour elle n'était pas sa fille légitime, ce serait un véritable carnage.

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant