Premier jour (partie 2)

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Le bâtiment devant moi était tout en hauteur, comme tout ce qui était construit à New-York. L'entrée ressemblait à un dôme et les nombreuses fenêtres qui l'entouraient éclairaient le hall d'un magnifique halo. C'était vraiment une très belle université dans laquelle, chaque étudiant du monde, rêverait de pouvoir assister aux différents cours magistraux, travailler dans une belle bibliothèque, obtenir leur diplôme lors d'une grande cérémonie...

Le professeur Harold Smouth me sortit de ma rêverie. Je n'arrivais pas à croire qu'il était là pour moi afin que je puisse affronter ce premier jour en toute confiance. Certes je lui avais envoyé un message avant de partir mais je ne pensais pas qu'il m'attendrait dans le hall, et qui plus est, qu'il me retrouverait parmi les milliers d'étudiants qui foulaient le sol de l'université en ce vendredi matin.

« - Ellie ! Quelle joie de vous revoir ! Venez avec moi je vais vous présenter les locaux où vous allez enseigner et travailler. Ce sera au troisième étage. »

Je le suivis de près, après l'avoir moi aussi salué. J'étais intimidée. Qui ne l'aurait pas été ? Je m'apprêtais à me présenter à un groupe de quinze étudiants issus de la Haute. Je sentais mes jambes trembler et mes membres se crisper au fur et à mesure que l'ascenseur, qui nous menait à l'étage fatidique, montait. Les chiffres rouges s'affichaient et quand le numéro 3 apparut, mon sang se glaça. C'était le moment. 

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur un vaste couloir. Les murs, entièrement recouverts de bois clair, étaient parsemés de tableaux représentant les plus influents personnages de l'Amérique moderne. Des étudiants étaient déjà attablés dans les différentes salles de classe. Je suivis le professeur jusqu'à la salle 309 qui se situait tout au fond. Tout le monde était déjà installé, et les conversations allaient bon train. Je baissai la tête et Harold dut remarquer que je paniquais car il me glissa à l'oreille « Vous allez y arriver, ne vous en faites pas, vous êtes une battante, cela se sent Ellie, foncez ». Ces quelques mots d'encouragement suffirent à me faire relever la tête et à lui adresser un grand sourire. Cet homme était vraiment une perle.

Quand nous entrâmes dans la salle, tout le monde se tut pour regarder le professeur Smouth. Aucun ne me jeta un regard, non que cela me dérange, mais je trouvais cela tout de même étrange. Ils devaient sans doute tous croire que j'étais une nouvelle étudiante et non pas que j'étais leur nouvelle professeure... Harry pris la parole :

« - Bienvenue à mon cours qui s'intitule « Sciences criminelles appliquées », comme je vous l'ai expliqué la dernière fois, cette année sera dédiée au thème de la délinquance juvénile et, pour cela, j'ai désigné une personne des plus compétentes qui vous dispensera les cours à ma place ».

Des chuchotements s'élevèrent dans la salle et tout le monde cette fois se mit à me fixer avec méfiance, et presque une note de dégoût dans le regard. Je commençai à me sentir mal. Le professeur Smouth les fit taire d'un geste de la main et reprit son discours :

« - Je vais laisser Mlle Elena David se présenter à vous pour que vous puissiez lui poser des questions si vous en ressentez le besoin. J'insiste sur le fait que vous devez être respectueux et accorder votre confiance à Mlle David. Je ne tolérerai aucun écart de comportement et je vous estime assez grands à 23 ans pour ne pas la mettre en difficulté. S'il y a le moindre problème, je vous saurais gré de m'en parler directement. Je vais devoir m'absenter à cause d'une réunion. Je compte sur vous et bon cours à tous. »

Harold m'adressa un dernier clin d'œil avant de me laisser seule dans cette salle, où à présent, tous les yeux étaient posés sur moi. Un silence gênant s'installa avant que je prenne mon courage à deux mains et que je me décide à parler :

« - Bonjour à tous, comme vous l'a expliqué le professeur, je suis là pour assurer cet atelier cette année. Il m'a donné pour cela une grande marge de manœuvre et j'espère que le cours que je vais vous dispenser vous intéressera...

- Ça m'étonnerait ».

Je ne savais pas qui avait parlé et je n'osai pas lever la tête. Ça commençait mal, très mal et je n'avais pas l'habitude de me retrouver dans de telles situations. Néanmoins, j'avais connu pire et je relevais doucement la tête pour observer tour à tour les visages tournés vers moi. C'est là que je le vis. Son sourire moqueur, ses cheveux ébènes et son regard de braise. Le jeune homme du parking me fixait avec suffisance et j'étais maintenant persuadée qu'il était l'auteur de cette parole irrespectueuse.

Pas de chance pour lui, je n'allais sûrement pas me laisser faire. Je décidai de l'attaquer de front : « - Quel est votre nom ?

- En quoi cela vous regarde-t-il Miss David ? – Décidément, il ne me rendait pas la tâche aisée. S'il savait à quel point j'étais revêche quand on m'attaquait sur mon terrain...

- Vous connaissez le mien alors j'estime avoir le droit de connaître le vôtre, sauf si vous êtes une personne activement recherchée par le F.B.I. ou la C.I.A., et que vous souhaitiez garder votre identité secrète. »

Il rit. Je le faisais rire. Alors que je croyais que c'était le seul ennemi que j'avais au sein de cette classe, une autre élève se leva. Elle était magnifique. Elle avait des cheveux blonds qui descendaient jusque sur ses hanches en de belles boucles sophistiquées. Ses yeux étaient d'un bleu océan et ses lèvres portaient un rouge à lèvre pourpre, qui donnait à son visage une grande profondeur. Elle portait un haut en dentelles blanc et une jupe crayon bleue marine. Sa tenue se terminait par des bottines à talons aiguilles noires, en cuir. Elle était la définition de la beauté à elle seule. Néanmoins dès qu'elle ouvrit la bouche, son venin m'atteignit de plein fouet :

« - Je ne vois pas pourquoi vous restez tous plantés là. Je préfère aller travailler en bibliothèque plutôt que de suivre le cours d'une vulgaire étudiante. Mr Smouth s'est bien fichu de nous ».

Elle s'apprêtait à partir avec d'autres de ses camarades quand je les stoppais net dans leur élan :

« - Où croyez-vous aller comme ça ? Pourquoi croyez-vous que je sois inutile ? »

La grande blonde me regarda avec dédain :

« - Vous êtes française, que connaissez-vous aux lois américaines ? Vous n'êtes même pas avocate ! Vous avez presque le même âge que l'ensemble d'entre nous et vous croyez que l'on va vous prendre au sérieux, vous rêvez "chérie". – Alors là elle avait franchi la barrière de patience que j'avais appris à ériger depuis de nombreuses années. 

- Écoutez-moi bien, vous allez immédiatement vous rasseoir sur votre siège. Je ne suis pas avocate mais j'ai obtenu, avec les honneurs, un master en Sciences criminelles comparées, ce qui me vaut la double compétence en droit français et en droit américain. Je travaille depuis deux ans dans un service juridique, et je n'ai jusque-là perdu aucune de mes affaires ! Je n'ai pas assez de mes deux mains et de mes deux pieds pour compter le nombre d'adolescents que j'ai pu aider, et qui aujourd'hui sont dans une situation bien meilleure que quand je les ai vus pour la première fois. Et je vous prierais de m'accorder le même respect que celui que je vous donne. N'oubliez pas que votre note du semestre est importante pour pouvoir postuler à des hauts postes une fois sortie de vos études. Il se trouve que ma matière possède un très fort coefficient. Cela vous paraît-il assez convaincant pour que vous la fermiez et que vous acceptiez de travailler mon cours ? »

May It BeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant