Chapitre 19

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Les poils dressés sur la nuque, Ceres attendait que la hache s'abatte sur elle. La foule s'était tue. Elle entendit son bourreau lever son arme en l'air.

A ce moment, toute sa vie lui repassa devant les yeux.

Pourtant, à sa grande surprise, la lame ne tomba pas.

Au lieu de ça, elle sentit un bras s'enrouler autour de sa taille.

Et un moment plus tard, quelqu'un la soulevait en l'air.

Elle atterrit sur le ventre, recroquevillée en avant, et se rendit compte qu'on l'avait posée en travers du dos d'un cheval, les jambes d'un côté et la tête de l'autre. Quelqu'un bondit sur le même cheval juste derrière elle et le fit partir brusquement d'un coup de fouet. Ceres sentit un bras fort la tenir par la taille pour l'empêcher de tomber. Elle entendit le sifflement de flèches qui leur passaient à côté et allaient frapper une armure ou un bouclier.

Les soldats de l'Empire hurlaient, les spectateurs vociféraient mais leurs voix disparurent lentement alors que le cheval s'éloignait au galop.

Après quelque temps, le cheval s'arrêta. Ceres sentit son nouveau ravisseur descendre de cheval puis des mains robustes la saisirent par la taille, la soulevèrent et la posèrent par terre.

Elle se retira le bandeau des yeux et eut le souffle coupé quand elle vit le visage de Thanos.

“Viens”, dit-il en lui prenant la main et en l'emmenant vers le palais avec lui.

“Attends !” dit-elle. “Pourquoi … comment … ?”

Elle remarqua qu'elle avait encore les mains qui tremblaient. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle était encore en vie.

Il la traîna dans l'entrée principale. Elle tremblait tellement des genoux qu'elle arrivait à peine à le suivre. La confusion, la colère et la surprise l'assaillaient toutes en même temps.

“Il faut que nous parlions au roi et à la reine dès maintenant, avant que les soldats de l'Empire ne nous rattrapent”, dit Thanos.

Ceres se figea et dégagea sa main de la sienne, pétrifiée par l'idée de voir le roi et la reine.

“Non ! Pourquoi ?” demanda-t-elle. “Ils ont ordonné mon exécution.”

Thanos la tira derrière un pilier du vestibule et la poussa doucement contre le marbre froid en la regardant dans les yeux.

“Ce que j'ai dit au Stade, je le pensais”, dit-il.

Elle plissa les yeux.

“Tu peux me confier ta vie.”

Quand il s'appuya en avant et lui toucha le front du sien, elle eut le souffle coupé.

“Et … j'ai besoin de toi”, dit-il.

Thanos souleva la main et regarda la bouche de Ceres en lui caressant les lèvres du bout des doigts avec la légèreté d'une plume.
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Elle frissonna de plaisir, enveloppée par son odeur, le visage à quelques centimètres du sien, mais le conflit qui opposait sa tête à son cœur la bloquait. Elle ne devait pas, non, elle n'accepterait pas d'aimer qu'il la touche, elle l'interdisait à son corps. Il était encore l'ennemi et, tant qu'elle vivrait, il faudrait qu'il le reste.

Lui passant la main derrière la tête, il pressa sa joue contre la sienne. La tendresse du geste fit pousser un léger soupir à Ceres. Elle sentit sa main la prendre par la taille. Les deux corps se pressèrent l'un contre l'autre, chauds, tendres.

“Mais tu ne dois le dire à personne”, dit-il en se retirant. “Viens. Il faut qu'on voie le roi et la reine. J'ai un plan.”

Contre sa volonté, elle lui permit de l'emmener dans l'immense vestibule. Au pas de course, ils passèrent devant d'immenses piliers en marbre qui montaient jusqu'au haut plafond. Ceres n'avait jamais une telle architecture; on aurait dit que le palais était un bâtiment créé par les dieux. L'intérieur était décoré de rideaux en soie, de chandeliers brillants, de statues en marbre et de vases dorés. Pour Ceres, qui sortait juste du cachot et avait vécu dans une extrême pauvreté toute sa vie, c'était comme si elle avait été transportée dans un autre monde.

La Cité De Délos(Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant