Chapitre 8

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Le nuit resta  violemment froide, le vent devint une tempête rugissante mais cela n'empêcha pas Ceres de forcer le cheval à avancer à toute vitesse, car elle voulait absolument arriver à temps pour rejoindre Rexus. Pendant des heures, la pluie la fouetta comme des éclats de glace. Elle avait les vêtements trempés et les doigts gelés, mais la colère envers sa mère et Lord Blaku lui permettaient de tenir le coup.

Finalement, elle aperçut le mur extérieur de la capitale et, quand la pluie cessa, elle fit ralentir le cheval, qui se mit à trotter. Le soleil passa au-dessus des montagnes Alva en étincelant dans les nuages qui se dissipaient et dora tendrement les bâtiments blancs de la capitale. Ceres avait encore une heure avant de devoir se rendre au palais. Elle descendit de cheval d'un bond et mena doucement la jument vers le fleuve, dans la gorge à pente douce. Quand elle eut emmené boire le cheval, elle déballa le pain et la viande qu'elle avait pris à Lord Blaku et en fit deux parts égales pour Anka et pour elle-même.

Elle s'assit sur un rocher et jeta un coup d’œil à Anka, qui engloutissait la nourriture comme un animal affamé.

“Tu veux que je t'emmène chez toi ?” demanda-t-elle à Anka.

Anka s'arrêta de manger et leva les yeux. Elle eut soudain l'air méfiant mais ne dit rien.

“Maintenant que l'esclavagiste est mort, ta famille va peut-être —”

“Mes parents m'ont vendue pour sauver leur ferme. Vingt pièces d'or”, dit amèrement Anka. “Ils ne font plus partie de ma famille.”

Ceres comprenait. Oh, comme elle comprenait ! Elle regarda vers les monts Alva et réfléchit l'espace d'un instant.

“Je sais où tu pourrais trouver une nouvelle famille”, dit-elle.

“Où ?” demanda Anka en prenant une gorgée de vin.

“Mes frères et mes amis font partie de la révolution.”

Anka plissa les yeux puis hocha la tête.

“Tu es ma sœur, maintenant, et ils seront ma famille et mes amis. Je me battrai à tes côtés pour la révolution, moi aussi”, dit-elle.

Quand elles eurent fini leur repas, Ceres ramena la jument à la route et descendit avec Anka la colline pentue qui menait à l'entrée principale de la capitale, un pont-levis lourdement gardé en chêne massif. Se plaçant en file indienne derrière les autres voyageurs et les marchands, Ceres et Anka passèrent lentement devant un soldat et sur le pont.

Elles chevauchèrent dans les rues pavées, passèrent des maisons et des masures en bois et parcoururent des ruelles étriquées. La cité se réveillait. Les habitants faisaient la queue aux puits d'eau vive avec des seaux et des récipients. Les enfants jouaient dans les rues et leur rire, qui remplissait l'air, rappelait à Ceres une époque bien plus heureuse et bien plus simple.

Passant de nombreux hectares de plantes flétries et marron, elles arrivèrent au pied des monts Alva. D'humbles demeures se dressaient sur la colline à pente douce, protégées par des pics proéminents, et une cascade dévalait le versant de la montagne. De l'extérieur, la petite colonie ressemblait à toutes celles qui se trouvaient en périphérie de Delos, avec des maisons, des chariots, des animaux et des paysans qui cultivaient les champs. Cependant, ce n'était qu'une façade pour éviter d'éveiller les soupçons des soldats de l'Empire. A l'intérieur de chaque demeure, une rébellion couvait.

Ceres était déjà venue à cet endroit deux ans auparavant, quand Rexus lui avait montré la collection d'armes grandissante qui était stockée dans la grotte située derrière la cascade.

A l'extérieur de la colonie, juste à côté de la mer, se dressait le vieux château abandonné qui accueillait le quartier général de la révolution. Deux tours sur trois s'étaient effondrées et quelques murs avaient été colmatés avec du bois flottant et des pierres. C'était la destination de Ceres.

La Cité De Délos(Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant