Chapitre 48

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Tôt le matin, Stephania traversait tranquillement le château. Elle était quasi-certaine qu'aucun des autres nobles présents à la fête de la veille au soir ne serait encore réveillé. Lucious devait encore être en train de ronfler. Normalement, Stephania elle-même ne se serait pas réveillée aussi tôt. C'était l'heure des domestiques et de leurs corvées, pas l'heure de ceux qui leur donnaient des ordres.

En d'autres circonstances, elle aurait probablement fait battre sa bonne pour l'avoir réveillée. Seul le contenu du message qu'elle venait de recevoir l'avait poussée à parcourir les couloirs à une telle heure en pantoufles incrustées de joyaux.

D'une certaine façon, c'était probablement une bonne chose que personne d'autre ne soit réveillé à cet instant. Stephania voulait accomplir cette démarche à l'insu des curieux.

Elle trouva la femme qui venait d'arriver dans une petite pièce de réception tout juste assez grande pour contenir le sofa sur laquelle elle était assise. Les domestiques de Stephania lui avaient assuré que c'était la mère de Ceres mais Stephania elle-même ne trouvait aucune ressemblance entre la mère et la fille. Pour elle, cette femme avait l'air d'une paysanne ordinaire, la robe tachée, vieillissante et ridée, endurcie et rendue vulgaire par sa vie. Au moins, quand Stephania entra, cette femme eut la grâce de se lever et de faire sa révérence. Stephania se dit que jamais sa fille ne ferait la révérence, même l'épée à la gorge.

“Tu es la femme qui est venue à la porte en affirmant être la mère de Ceres ?” demanda Stephania.

“Oui, madame”, dit-elle. “Marita, madame.”

Au moins, elle comprenait les règles du respect. Stephania n'était pas sûre de pouvoir aimer un membre de la famille de Ceres, mais le comportement de cette femme lui facilitait les choses. Stephania lui fit signe de s'asseoir et la rejoignit sur le sofa sans jamais s'asseoir assez près d'elle pour être obligée de la toucher.

“Es-tu venue parce que tu souhaitais voir ta fille ?” demanda Stephania en regardant la femme avec méfiance. Le message ne disait rien sur ce que voulait la femme mais Stephania avait l'habitude que les gens lui mentent. Si la vie à la cour lui avait enseigné une chose, c'était que tout le monde mentait. Les gens mentaient pour obtenir des avantages ou pour dire ce qu'ils pensaient que leurs interlocuteurs voulaient entendre ou, de temps à autre, seulement parce qu'ils voulaient semer la confusion. Stephania avait vite appris à regarder les gens avec méfiance, à déterminer quels étaient leurs vraies motivations et à ne jamais faire confiance à personne.

Cependant, Marita secoua nettement la tête et Stephania décela en elle une colère qui la convainquit de sa franchise.

Je n'ai aucune envie de voir cette … cette créature”, dit Marita. “Elle m'a coûté bien trop cher.”

C'était intéressant et pas du tout ce que Stephania s'était attendue à entendre malgré le message. Stephania s'était peut-être attendue à trouver de la rapacité, de la vénalité, mais ce niveau de haine était … eh bien, était presque semblable au sien.

“Que t'a-t-elle fait ?” demanda Stephania. Visiblement, cette mère et sa fille n'étaient pas des âmes-sœurs. Cette femme ne pourrait jamais être une noble comme Stephania mais, malgré cela, elle considérait que Ceres les avait offensées toutes les deux. Ceres avait contrarié le projet de Stephania quand elle avait voulu épouser Thanos. Qu'avait-elle empêché cette femme de faire ? se demanda Stephania.

“Elle m'a tout volé”, dit Marita. “Elle m'a pris de l'argent qui aurait dû être à moi, de l'argent que je lui avais honnêtement trouvé ! Alors, quand mon époux l'a découvert, je me suis retrouvée démunie !”

La Cité De Délos(Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant