Chapitre 43

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Il y avait des parties de Delos où, normalement, Berin n'allait jamais. C'étaient des parties de la ville qui empestaient la sueur et le désespoir, où les gens faisaient tout leur possible pour survivre. Il repoussa d'un geste de la main ce que des gens lui proposaient dans le noir, regarda durement les citoyens de ce lieu pour qu'ils restent à distance.

S'ils avaient su qu'il portait de l'or, Berin savait qu'il se serait fait trancher la gorge et que le contenu de la bourse qu'il portait sous la tunique aurait été réparti entre plusieurs voleurs et dépensé dans les tavernes et les cercles de jeu locaux avant la fin de la journée. C'était ce type d'endroit qu'il recherchait maintenant parce que c'était le seul où trouver des soldats en permission. En tant que forgeron, Berin connaissait les hommes de guerre et savait où ils se rendaient.

Il avait de l'or parce qu'il avait rendu visite à un marchand en lui emmenant deux poignards qu'il avait forgés pour les montrer à des employeurs potentiels. C'étaient de belles armes, dignes d'être portées à la ceinture de tous les nobles. Décorées d'un filigrane en or, elles avaient des scènes de chasse gravées sur la lame. C'étaient les derniers objets de valeur qui lui restaient au monde. Il avait fait la queue devant le bureau du marchand avec une dizaine d'autres personnes et n'avait pas obtenu la moitié de leur valeur réelle.

Pour Berin, cela n'avait pas d'importance. Tout ce qui comptait, c'était retrouver ses enfants et, pour ça, il fallait de l'or, de l'or qu'il pourrait utiliser pour acheter de la bière aux personnes adéquates, de l'or qu'il pourrait mettre dans les bonnes mains.

Il passait d'une taverne de Delos à l'autre et cela prenait du temps. Il ne pouvait pas se contenter d'aller poser les questions qu'il voulait poser. Il fallait qu'il soit prudent. Heureusement, il avait quelques amis dans la cité et quelques autres dans l'armée de l'Empire. Ses épées avaient sauvé la vie à de nombreux hommes au cours des années.

Il trouva l'homme qu'il cherchait à moitié ivre au milieu de l'après-midi. Assis dans une taverne, il puait tellement fort qu'il faisait le vide tout autour de lui. Berin se dit que c'était seulement l'uniforme de l'armée de l'Empire qui empêchait les propriétaires de le jeter dans la rue face contre terre. De plus, Jacare était tellement gros qu'il aurait fallu la moitié des clients de l'auberge pour le soulever.

Berin vit le gros homme lever les yeux quand il approcha. “Berin ? Mon vieil ami ! Viens boire un coup avec moi ! Il faudra que tu payes, cela dit. Ces temps-ci, je suis un peu …”

“Gros ? Ivre ?” devina Berin. Il savait que Jacare ne lui en voudrait pas d'être franc. Ce soldat semblait faire tout son possible pour être le pire exemple de l'Armée Impériale. Il semblait même y trouver une sorte de fierté perverse.

“… dans le besoin”, termina Jacare.

“Je peux peut-être t'aider”, dit Berin. Il commanda à boire mais n'y toucha pas. Il fallait qu'il garde la tête claire pour retrouver Ceres et Sartes. Au lieu de boire, il attendit que Jacare descende ses bières avec un bruit qui rappela à Berin celui d'un âne qui buvait dans un abreuvoir.

“Alors, qu'est-ce qui me vaut l'honneur de la présence d'un homme comme toi ?” demanda Jacare au bout d'un moment.

“Je recherche des informations”, dit Berin. “Le type d'informations qu'un homme dans ta situation a peut-être entendues.”

“Ah, d'accord. Des informations. Ça donne soif, les informations. Et ça peut coûter cher.”

“Je recherche mon fils et ma fille”, expliqua Berin qui savait que, auprès de quelqu'un d'autre, cet aveu aurait pu lui gagner quelque sympathie mais que, auprès d'un homme de ce style, l'effet serait limité.

La Cité De Délos(Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant