Malgré la lourdeur de ses yeux et de ses membres et malgré son épuisement, Ceres n'avait pas fermé l’œil de toute la nuit. Par la petite fenêtre à barreaux, elle voyait que le ciel s'éclairait peu à peu. Comme elle aurait voulu qu'il n'en soit rien ! Ce matin serait le dernier de sa vie et elle savait qu'elle serait morte dans moins d'une heure.
“Tu as peur ?” demanda Apollo à Ceres, la tête sur les genoux de son amie pendant qu'elle caressait ses cheveux blonds.
Elle le regarda, pensa à mentir mais n'y parvint pas.
“Oui. Et toi ?” dit Ceres.
Il hocha la tête, la larme à l'œil.
En le touchant, elle sentait qu'il tremblait, ou avait-elle la main qui tremblait, elle aussi ?
La femme enceinte regarda Ceres d'un air inquiet quand un bruit de pas assourdi se fit entendre dans le hall. Le bruit distant se rapprocha jusqu'à ce que Ceres n'entende plus que le martèlement des pas des hommes qui approchaient puis, soudain, elle vit le gardien arriver devant la cellule et en déverrouiller la porte.
“Apollo, Trinity, Ceres et Ichabod, suivez-moi”, dit-il pendant que plusieurs autres soldats de l'Empire attendaient derrière lui.
Les mains presque paralysées, Ceres aida Apollo à se lever. Ceres remarqua que, même de toute sa hauteur, le garçon ne lui arrivait que juste au-dessus de la taille et elle se dit que c'était une véritable honte qu'il ne puisse jamais avoir la chance de grandir et de devenir l'homme qu'il aurait pu devenir.
Quand elle le laissa aller, ses jambes le lâchèrent et il s'effondra par terre.
“Désolé”, dit Apollo, la tristesse dans le regard.
Accroupie à côté du garçon, retenant des larmes brûlantes, Ceres envoya un regard mauvais au gardien et aida Apollo à se relever. En faisant attention à ne pas toucher les blessures qu'il avait au dos, elle le soutint et ils partirent dans le hall sombre faiblement éclairé par les torches, suivis par les deux autres prisonniers.
Le gardien plaça brusquement Apollo à l'avant. De chaque côté du garçon, un soldat lui tenait le bras pour qu'il ne tombe plus. Ceres, qui essayait de calmer le tremblement qui lui agitait les jambes, fut la suivante et derrière elle vinrent Trinity et Ichabod, le vieil homme. Les chaînes cliquetèrent quand les soldats de l'Empire entravèrent Ceres et les autres aux chevilles et aux poignets. Quand les prisonniers furent enchaînés, chaque prisonnier fut encadré par deux soldats de l'Empire, un de chaque côté. Trinity se balançait d'avant en arrière en se tenant le ventre, puis Ceres l'entendit se mettre à chanter une vieille berceuse, exactement la même que celle que Ceres chantait à Sartes pour l'endormir.Ceres ne pouvait plus retenir ses larmes et, quand elle pensait à ses frères et à Rexus, c'était comme si son cœur se brisait en deux. Elle ne les reverrait plus jamais, ne plaisanterait plus jamais avec eux, ne partagerait plus jamais le pain avec eux, ne s'entraînerait plus jamais avec eux. Elle se souvenait que cette époque avait été joyeuse, bien qu'elle ait été gâchée par la cruauté de sa mère. Cependant, Ceres les aimait et elle se demanda s'ils le savaient vraiment.
Ceres avançait dans le hall, les pieds lourds comme des blocs de pierre, traînant ses chaînes par terre, ses pas guidés par la jolie chanson de la femme enceinte. En montant les marches qui menaient hors du cachot, Ceres vit qu'il faisait légèrement sombre dehors, que quelques étoiles scintillaient encore au-dessus d'eux, refusant d'arrêter de briller dans les cieux qui précédaient l'aube. Une charrette ouverte tirée par des chevaux se trouvait dans la cour et Ceres fut poussée dans la charrette avec les autres prisonniers, se recroquevillant sous les coups de fouet des soldats de l'Empire, qui lui faisaient encore plus détester l'Empire.
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La Cité De Délos(Tome 1)
FanfictionCeres,17 ans, fille pauvre et belle de Delos, cité de l'Empire, mène la vie dure et impitoyable d'une roturière. Le jour, elle livre les armes forgées par son père au terrain d'entraînement du palais, et la nuit, elle s'entraîne secrètement avec eux...