Chapitre 63

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Ceres contemplait la ziggourat des gens de la forêt. Elle était immense, ancienne et on avait dû la construire longtemps avant leur village, mais elle avait quand même l'air d'avoir sa place ici. A côté d'elle, Eoin attendait debout.

Des marches montaient sur le côté et menaient aux différents niveaux du bâtiment. A chaque niveau, un des gens de la forêt se tenait debout ou assis ou se livrait à des danses martiales raffinées avec l'air.

"Que suis-je censée apprendre ici ?" dit Ceres, avant de se corriger. "Je sais, je sais, tout le monde apprend ses propres leçons. Mais comment fonctionne celle-ci ?"

"C'est simple", dit Eoin. "Quand tu pourras me retrouver au sommet, tu seras prête."

"Prête pour quoi ?" demanda Ceres.

Eoin haussa les épaules et sourit de manière bien trop exaspérante. "Je te le dirai au sommet."

Il monta les marches au pas de course et Ceres voulut le suivre mais la femme qui se trouvait au niveau le plus bas de la ziggourat s'interposa.

"D'abord, tu as des choses à apprendre. Sais-tu donner des coups de pied ? Donne-moi un."
Ceres pensait savoir le faire mais, dès qu'elle essaya, l'insulaire para le coup de façon presque méprisante. Le coup qu'elle envoya en réponse fit presque tomber Ceres. Ceres répliqua et, une fois de plus, son coup fut dévié.

"C'est tout ce que tu sais faire ?"

Ceres donna des quantités d'autres coups. A chaque fois, elle rata sa cible ou son coup fut bloqué. A chaque fois, elle reçut un coup de pied ou de tibia. Avant cela, elle s'était plainte de ne pas pouvoir s'entraîner à combattre, d'être obligée de se mouvoir lentement et de pratiquer les mouvements un nombre incalculable de fois. Maintenant que son bras palpitait sous les bleus, Ceres commençait à regretter la lenteur chorégraphique de l'entraînement d'avant.

"Concentre-toi !" dit d'un ton sec la femme de la forêt qui se tenait devant elle, appuyant son point de vue d'un coup de pied dont la violence souleva brusquement les cheveux à Ceres.

Ceres devinait qu'elle était censée imiter et réagir mais les gens de la forêt étaient tellement plus doués qu'elle avait l'impression d'être tout juste bonne à se faire taper dessus. Un coup de pied latéral la frappa à l'estomac et elle haleta.

"Comment suis-je censée apprendre tout ça ?" demanda Ceres. "Tu ne me montres même pas ce que tu fais."

"Nous te le montrons à chaque fois que nous bougeons", répliqua la femme. Elle virevolta, envoya à nouveau son pied en l'air et Ceres l'esquiva en se penchant en arrière juste à temps. "Le monde te le montre à chaque souffle."

Ceres fit de son mieux pour imiter la femme et envoya coup après coup. Elle essaya d'en imiter la forme mais cela ne semblait pas être suffisant pour son adversaire.

"Ce n'est pas l'extérieur qui compte", dit-elle sèchement en refrappant Ceres, qui se força à frapper plus fort en espérant que ça suffirait.

Finalement, à contrecœur, la femme la laissa passer. A ce moment, Ceres avait l'impression de tenir tout juste debout et, pour se hisser jusqu'au niveau suivant, elle dut mobiliser toutes ses forces. Elle n'était même pas sûre d'avoir appris quoi que ce soit de cette incessante et épuisante répétition.

Et ce n'était que le premier niveau.

Au niveau suivant, il y avait un homme qui donnait de petits coups aux points vulnérables du corps avec ses doigts recouverts d'écorce. Ceres lui lança un des coups de pied qu'elle avait appris et il la frappa douloureusement au genou.

La Cité De Délos(Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant