Chapitre 65

34 5 0
                                    

Alors qu'ils fonçaient vers la cité, Sartes s'accrochait fermement au cheval car il avait terriblement peur d'en tomber et tout autant de laisser tomber les précieux plans qu'il tenait. Il fit ralentir son cheval et, à côté de lui, Anka et son père firent de même.

“Anka, il faut qu'on ralentisse”, dit-il. “Je ne peux pas prendre le risque de laisser tomber ça.”

“Qu'y a-t-il de plus important que ta vie ?” répondit Anka.

“Sartes a volé des plans dans les tentes de commandement de l'Empire”, dit son père en répondant pour lui.

Sartes vit Anka le regarder fixement, visiblement surprise.

“Vraiment ? Tu as leurs plans ?”

Sartes hocha la tête. “Un des commandants a voulu que je les lui emmène pour voir où il était censé aller. J'ai pris tout ce que je pouvais.”

“Dans ce cas, nous ne pouvons pas te faire rentrer dans la cité de la façon habituelle”, dit Anka. “Suis-moi.”

Elle donna un coup de talon, son cheval partit au galop et Sartes la suivit de son mieux. Il osa jeter un coup d’œil en arrière et, maintenant, à l'horizon, il voyait des chevaux soulever de la poussière avec leurs sabots. Ils avaient passé trop de temps à parler. Les soldats étaient en vue.

Anka leur fit suivre des pistes cachées sur un sol accidenté. Sartes fit de son mieux pour ne pas tomber de cheval. Il regarda derrière lui, vit son père faire accélérer son cheval et, à ce moment-là, il essaya de ne pas montrer à quel point il avait peur. Si les soldats les voyaient, la poursuite se transformerait en une course que Sartes n'était pas certain de pouvoir gagner.

Sartes suivit Anka sur une série de pistes sinueuses qui leur firent traverser un bouquet d'arbres et passer devant un lieu où deux rochers se tenaient côte à côte et bloquaient presque le passage. Sartes pensa que c'était un itinéraire prévu pour semer confusion et distraction chez leurs poursuivants, mais, d'un autre côté, il fut secoué à chaque ornière et irrégularité du sol.

 “On y est presque”, entendit-il dire Anka. “On devra abandonner les chevaux quand on atteindra la cité, mais nos alliés savent comment y entrer.”

Nos alliés. Sartes aima entendre ces mots. Il avait voulu rejoindre la rébellion dès qu'il en avait entendu parler. Il aurait voulu participer à l'attaque de la Place de la Fontaine. S'il avait été plus grand …

… alors il aurait peut-être péri, comme Rexus et son frère. A cette époque-là, il avait été trop jeune pour aider la rébellion mais peut-être pourrait-il apporter sa contribution maintenant.

Il vit un ruisseau devant lui. Ses pentes étaient abruptes et l'eau coulait trop vite pour qu'il prenne le risque d'y plonger, surtout avec les plans. Le cheval d'Anka le sauta facilement et Sartes vit son père la suivre. Le cheval de Sartes semblait savoir ce qu'on voulait de lui sans qu'on le lui demande, ce qui ne laissa pas à Sartes le temps de se demander de quelle largeur était le ruisseau ou si l'eau serait froide en cas de chute.

Il sentit les muscles du cheval se raidir sous lui et il serra les cuisses autour de sa monture quand elle bondit. L'espace d'un instant, il eut l'impression de flotter en l'air puis le sol vint brutalement les rejoindre et Sartes fut presque éjecté de la selle. Il sentit bouger les plans qu'il tenait, les serra et réussit à les empêcher de tomber quand son cheval repartit brusquement vers l'avant.

Au loin, Sartes vit les murs de Delos. Vu la tristesse que lui inspirait la cité, il n'avait jamais pensé qu'il serait aussi reconnaissant de les revoir. Ils chevauchèrent tous les trois vers les murs et Anka orienta un miroir vers le soleil en formant une séquence qui sembla se répéter pendant qu'ils se rapprochaient.

La Cité De Délos(Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant