Chapitre 58

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Ceres savait que, si elles continuaient à dériver au large comme ça, elles allaient mourir. Elle en était certaine. Soit le soleil les cuirait soit les prédateurs viendraient les attaquer quand ils se rendraient compte que Ceres n'avait plus la force de les repousser.

Avec le petit bateau, il y avait un morceau de bois flottant qu'elles pouvaient utiliser comme pagaie de fortune, mais, comme il ne semblait y avoir aucune destination vers laquelle pagayer, elles dérivaient comme un jouet d'enfant, à la merci du vent et des courants.

Alors qu'elles flottaient, Ceres sentait la soif lui fendre les lèvres. Elle avait tout juste la force de lever la tête et d'observer l'étendue d'eau qui s'étendait jusqu'à l'horizon dans toutes les directions.

Elle entendit Eike gémir à côté d'elle. Eike était tout juste consciente, maintenant, parce que, malgré l'eau qui les entourait, elles ne pouvaient pas prendre le risque d'en boire. Eike n'avait pas cru Ceres quand elle l'avait avertie de ne pas en boire et elle avait rapidement recraché l'eau salée. Ceres l'avait secouée et elle avait tout juste cligné des yeux.

Ceres regarda une fois de plus autour d'elles. Elle vit les oiseaux de mer qui les suivaient au-dessus et qui attendaient visiblement qu'elles finissent par succomber. L'un d'eux se rapprocha et Ceres le chassa de la main.

C'est à ce moment qu'elle vit l'île.

Tout d'abord, ce ne fut qu'une tache à l'horizon, assez petite pour que Ceres ne soit même pas certaine de sa présence.

Cependant, quand les courants portèrent leur bateau vers elle, elle en vit les plages de sable et les falaises rocheuses qui menaient à ce qui semblait être des jungles à l'intérieur des terres.

Et son cœur se remplit d'espoir pour la première fois.

*

Ceres se dirigea vers la côte avec leur rame en bois de fortune pendant ce qui lui sembla durer des heures. Après tant d'heures de dérive, ses muscles protestèrent contre cet effort soudain mais elle n'en tint pas compte. Elle continua à ramer jusqu'à ce que, passant entre des rochers affûtés comme des dents, elles se retrouvent sur les brisants qui menaient à une plage.

Ceres bondit hors du radeau et le tira sur le sable avec Eike encore dedans. Elle la souleva, l'aida à débarquer puis l'aida à marcher quand elles se mirent à longer la plage pour chercher de l'eau douce.

Elle ne savait pas ce qui se passerait ensuite. Elle n'était sûre ni de l'endroit où elles se trouvaient ni de ce qui allait leur arriver dans les quelques jours suivants. Elle n'était pas sûre de revoir sa terre natale un jour et cette pensée l'effrayait. A cet instant, Ceres était simplement heureuse d'être en vie.

Ceres sentit qu'on l'observait longtemps avant que quiconque ne sorte de la jungle qui les entourait. Elle regarda les frondes près du bord et les vit remuer mais ce n'était peut-être que le vent.

Des humains émergèrent, vêtus de tuniques et de robes simples décorées de ce qui semblait être des feuilles et des branches de la forêt. Certains d'eux semblaient avoir des fleurs emmêlées dans les cheveux tandis que d'autres portaient de la vigne enroulée autour d'eux comme si c'était un bijou.

Ceres resta prudemment sur place. Elle n'était sûre ni de l'accueil que ces gens-là allaient donner à des étrangers ni de ce qui allait suivre.

Ce fut seulement quand les autochtones se rapprochèrent que Ceres vit qu'ils ne portaient pas de vêtements, après tout. Au lieu de ça, elle vit de la vigne vierge et des brindilles qui sortaient de leur chair tandis que leur peau avait acquis la rugosité de l'écorce ou le vert des feuilles.

La Cité De Délos(Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant