Ceres eut l'impression que son cœur allait lui bondir hors de poitrine quand elle vit son père se tenir dans l'embrasure de la porte de sa chambre. Il portait de beaux vêtements et il n'avait plus le visage pâle comme avant. Il avait les joues roses et les lèvres qui remontaient vers le haut. Et ces yeux … comme c'était merveilleux de revoir ses yeux gentils et tendres, les yeux auxquels elle faisait confiance et qui calmaient immédiatement ses nerfs lessivés.
Elle se releva pour courir vers lui mais les entraves l'en empêchèrent.
Le père de Ceres baissa les yeux vers les chaînes de sa fille et eut l'air inquiet. Il traversa la chambre à grands pas et l'entoura de ses bras.
Elle le serra fermement et blottit son visage contre sa poitrine. La chaleur de son corps et la tendresse de son étreinte firent couler des larmes de joie de ses yeux.
“Tu m'as tellement manqué”, murmura-t-elle.
“Je t'aime”, dit-il.
Pendant un moment de pur bonheur, ils se tinrent l'un contre l'autre et tout fut beau et Ceres se sentit en sécurité et aimée.
Cependant, soudain, elle sentit son père rétrécir dans ses bras, disparaître petit à petit, son corps se réduire à néant, et c'était comme si elle mourait elle-même de le voir partir.
“Non !” gémit-elle en essayant de le saisir pour qu'il ne disparaisse pas.
“Papa !” cria-t-elle en fermant les yeux, mais il était parti.
La lumière du soleil lui réchauffa le visage. Elle ouvrit les yeux et se retrouva debout dans l'arène au Stade. Sept seigneurs de guerre s'avançaient sur elle et la foule chantait en demandant que coule son sang. Ses mains et ses poignets n'étaient plus entravées mais elle n'avait aucune arme avec laquelle se défendre. Pétrifiée, elle chercha autour d'elle un moyen de s'enfuir mais, comme elle était encerclée par les seigneurs de guerre, elle ne pouvait pas s'enfuir. Désarmée, elle était incapable de se défendre et, quand les seigneurs de guerre chargèrent vers elle, elle tomba à genoux en hurlant et en se pressant les paumes contre les yeux.
Ceres se réveilla sous la fenêtre en poussant un cri. Elle transpirait, avait les larmes aux yeux et, sous elle, le sol en pierre était froid et dur. Les chaînes cliquetèrent quand elle s'enfouit le visage dans les mains et elle poussa un cri perçant dans la nuit.
Quel affreux cauchemar, se dit-elle. Mais que signifiait-il ? Était-ce un présage de ce qui allait arriver ? Elle se serra dans ses bras, se sentant complètement vide, démunie, à fleur de peau.
Elle sursauta quand la porte s'ouvrit en craquant et, l'espace d'une seconde, dans son état à moitié éveillé, quand elle vit une silhouette masculine se tenir dans l'embrasure sombre, elle pensa que Thanos était revenu.
“Thanos ?” murmura-t-elle, sentant grandir l'excitation dans sa poitrine.
“C'est ce qu'il fait la nuit ? Il te rend visite ?” dit l'homme.
Ceres sentit les poils se dresser sur sa nuque quand elle reconnut la voix de Lucious. Immédiatement, elle sut qu'elle était en danger, incapable de fuir, pieds et poings liés.
“Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vue et je m'inquiétais pour toi”, dit Lucious.
“J'en doute.”
Il se rapprocha et son visage apparut dans le clair de lune.
“Partez ou je crie”, dit Ceres, le souffle court.
“Et qui viendra te sauver ? Pas Thanos. Pas le roi ni la reine. Pas les soldats de l'Empire.”
Elle se releva et prit une coupe en or sur la table. Elle la lui jeta mais il l'esquiva rapidement et la coupe sortit par la porte ouverte et tomba dans l'escalier.
Lucious claqua la porte et se jeta sur Ceres. Il poussa ses poignets contre le mur derrière elle et frotta son corps contre le sien. Son haleine empestait l'alcool.
Ceres cria et lui donna des coups de pieds dans le tibia, mais il lui colla une main par-dessus la bouche et mit son genou entre ses jambes pour qu'elle ne puisse plus les bouger. Les doigts nerveux, il lui remonta la jupe et, l'espace d'un instant, il lui libéra la bouche et colla ses lèvres contre les siennes.
De la bile lui monta dans la gorge. Elle ouvrit la bouche et le mordit aussi fort que possible. Il se retira et la frappa au visage, le poing fermé, et son anneau en or coupa la joue à Ceres.
Elle se força à ignorer la douleur et cria aussi fort que possible mais il lui enfonça du tissu dans la gorge pour la bâillonner. Ses mains lui triturèrent encore la jupe et il se colla contre elle de ses hanches puissantes, un air sauvage dans les yeux, la lueur animale d'un sauvage.
“Tu m'as donné tant d'ennuis que tu me dois un peu de plaisir”, siffla-t-il.
Des sons étouffés lui échappèrent alors qu'elle se battait contre lui de toutes ses forces, mais il était trop fort et elle était entravée.
Soudain, il tomba par terre derrière elle, inanimé. Elle jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et fut remplie de soulagement quand elle vit que Anka était là, un bougeoir en argent à la main.
“Anka”, cria Ceres d'une voix rauque. Ses genoux tremblaient tellement qu'elle tenait à peine debout.
Anka se précipita vers Ceres et introduisit hâtivement une clé dans les menottes qui entravaient ses chevilles et ses poignets. Ceres se retrouva libre.
Tremblant des mains de façon incontrôlable, Ceres retira le tissu de sa bouche desséchée. Anka saisit Ceres par les épaules et la regarda dans les yeux.
“Des soldats arrivent. Fuis !” dit Anka.
“Il faut que tu me suives, cette fois-ci”, dit Ceres.
“Non, il faut que je reste.”
Anka se retourna brusquement, sortit précipitamment par la porte et disparut dans la sombre cage d'escalier, où ses pas disparurent rapidement.
Ceres se ressaisit vite et se força à bouger alors que tout ce qu'elle avait envie de faire était se rouler en boule dans un coin et pleurer. En se dirigeant vers la porte, elle donna à Lucious un rapide coup de pied à l'abdomen. Elle l'avait détesté avant mais, maintenant, elle brûlerait de haine à chaque fois qu'elle le verrait. Elle se souviendrait de ce moment, oh, comme elle s'en souviendrait.
Les mains moites, elle se faufila vers le bas de la cage d'escalier mais, alors même qu'elle atteignait le bas, une quantité de soldats de l'Empire approcha d'elle depuis la droite, épée tirée.
Elle regarda à gauche mais autant de soldats de l'Empire se ruaient vers elle depuis cette direction.
Alors, elle entendit des bruits de pas derrière elle mais, avant qu'elle n'ait pu se retourner, elle sentit un objet dur lui frapper l'arrière de la tête et elle perdit conscience.
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La Cité De Délos(Tome 1)
Fiksi PenggemarCeres,17 ans, fille pauvre et belle de Delos, cité de l'Empire, mène la vie dure et impitoyable d'une roturière. Le jour, elle livre les armes forgées par son père au terrain d'entraînement du palais, et la nuit, elle s'entraîne secrètement avec eux...