La Cité De Délos(Tome 1)

Chapitre 49

Ceres s'éveilla tôt, se leva puis étira ses muscles fatigués dans le soleil du matin en essayant de faire comme si c'était juste un jour ordinaire.

Cependant, elle savait que tel n'était pas le cas.

Aujourd'hui, elle allait mettre sa vie en jeu. Aujourd'hui, elle allait se battre devant des milliers de spectateurs, contre le seigneur de guerre de Lucious.

L'idée de ce combat lui apportait une sorte de clarté parce que Lucious allait évidemment lui imposer un adversaire qu'elle ne pourrait pas battre et qui la tuerait inévitablement.

Ceres savait qu'elle aurait dû avoir peur mais, en ce moment-là, elle se sentait plus calme qu'elle n'aurait cru pouvoir l'être. Elle ferma les yeux à moitié et attendit en sentant la chaleur du soleil sur sa peau. En vérité, cela n'avait pas grande importance qu'elle meure aujourd'hui ou demain. Sartes allait bientôt être en sécurité parce que son père et Anka allaient le retrouver. Rexus était mort mais la rébellion continuerait. En ce qui concernait Thanos …

En pensant à la mort de Thanos, Ceres se força à respirer et à expirer lentement en essayant de reconquérir la quiétude qu'elle venait de perdre. Elle n'était pas sûre de vouloir vivre dans un monde sans lui.

Finalement, les gardes vinrent la chercher en tambourinant si fort sur la porte que Ceres sentit siffler ses oreilles après tout ce silence. Ils l'enchaînèrent pour l'emmener au Stade, bien que Ceres n'ait plus du tout l'intention de s'enfuir. Elle constata que, maintenant, les gardes la regardaient avec une sorte de respect qui était presque de la peur. Ils avaient dû la voir se battre la première fois.

Elle avait déjà souvent pris le chemin qui menait au Stade pour aller s'entraîner, mais ça lui semblait différent maintenant que c'était pour un vrai combat. Notamment à cause du bruit. Même d'ici, on entendait l'écho des acclamations de la foule et cela donnait l'impression à Ceres d'être à l'intérieur du ventre d'une créature vivante.

Ils atteignirent la salle de préparation et les gardes lui retirèrent ses chaînes. A sa grande surprise, l'un d'eux lui fit un hochement de tête.

“Bonne chance.”

“Merci”, dit Ceres. Parfois, elle avait peine à se souvenir que même les gardes étaient humains. Est-ce que celui-ci l'avait vue se battre la dernière fois ? Ceres secoua la tête. Il fallait qu'elle se concentre, qu'elle se prépare à ce qui allait venir, mais cela lui semblait impossible car elle ne cessait de penser à d'autres choses, à la dernière fois qu'elle avait été au Stade, au risque d'échec de son père, à Thanos …

Ceres entra plus loin dans les salles de préparation. Elle ne voulait pas penser à Thanos à ce moment-là parce que ça faisait trop mal. Paulo, son gardien d'armes, l'attendait avec son armure, un plastron et un kilt qui exposait ses membres. Ceres savait que l'idée de base était que l'armure protège les parties les plus vitales du corps tout en laissant quand même à la foule la possibilité de voir le sang couler sur le sable. Ça rallongeait la durée des combats. Comme en réponse à cette pensée, Ceres entendit des acclamations, qui ne venaient qu'à la fin brutale de la violence. Une minute plus tard, les portes en fer qui menaient au Stade s'ouvrirent pour permettre aux gardes de faire rentrer un cadavre. Ils l'abandonnèrent d'un côté de la salle, s'attendant probablement à ce qu'il y en ait d'autres par la suite.

“On m'a dit que tu affrontais le combattant de Lucious aujourd'hui”, dit Paulo.

Ceres hocha la tête et tendit la main vers son épée. “Sais-tu quelque chose sur lui ?”

Paulo eut l'air mal à l'aise et Ceres devina pourquoi il ne disait soudain plus rien.

“Ne t'inquiète pas”, dit-elle. “Je préférerais savoir. Je suis sûr que Maître Isel dirait qu'il est important de connaître un adversaire.”