Chapitre 56

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Alors que Ceres se reposait, le navire fit une embardée. Elle somnolait près d'Eike et, quand le navire se mit à gîter, elle eut tout juste le temps de se réveiller avant de se mettre à rouler. Elle n'évita de glisser sur le pont qu'en saisissant une des longues chaînes qui maintenaient les prisonniers en place.

C'était forcément une grosse tempête, pour que le navire tangue comme ça. A côté d'elle, Eike se saisit de la même chaîne et Ceres se rapprocha d'elle pour la tenir dans ses bras en grimpant le long de la chaîne. Cette fille était si petite qu'elle n'aurait aucune chance de survivre si elle était jetée au travers de la cale du navire.

Plusieurs des prisonniers qui n'étaient pas enchaînés eurent moins de chance et Ceres entendit des cris et des hurlements de surprise quand ils se mirent à tomber. Elle entendit des chocs répugnants quand certains d'entre eux heurtèrent des poteaux ou le mur opposé. Plusieurs ne se relevèrent pas et d'autres se cassèrent un membre et hurlèrent. Ceux qui furent entraînés par des amas d'autres prisonniers n'eurent pas plus de chance. Ceres les entendit commencer à se battre et se raccrocha plus fermement à la chaîne.

Elle eut juste le temps de se demander quel type de tempête pouvait sortir de nulle part comme ça avant que le bateau ne se redresse puis tangue dans l'autre sens. Maintenant, les prisonniers heurtaient le mur près elle et Ceres s'enroula autour d'Eike en la protégeant contre les pires des chocs. Pour une fois, Ceres fut contente d'avoir gardé son armure quand ils l'avaient jetée ici. Un homme à l'air dément atterrit à côté d'elles et frappa par réflexe avec un couteau qui semblait avoir été fabriqué à partir d'un os long. Le couteau dérapa sur l'acier et Ceres écarta l'homme d'un coup de pied.

Le navire se redressa une fois de plus mais pas longtemps. Quelque chose frappa contre le flanc du navire et, un instant, Ceres pensa qu'ils avaient dû heurter un rocher. A ce moment-là, le flanc du navire se fendit et un tentacule aussi large qu'un homme était grand entra brusquement dans le navire.

Donc, après tout, ils semblaient ne pas être dans une tempête.

“Monstre marin !” hurla un des prisonniers et Ceres entendit d'autres voix répercuter l'appel.

Le tentacule battit comme un fouet parmi les prisonniers et s'enroula autour de deux hommes avant de repartir brusquement. Ces hommes avaient été enchaînés sur place mais la force du tentacule avait suffi à briser leurs chaînes. Ceres vit un des deux prisonniers essayer de se raccrocher au bord du trou pratiqué dans le flanc du navire mais le tentacule l'emporta de force dans l'océan.

L'eau qui s'introduisit forma un courant qui emporta les gens et Ceres eut l'impression qu'elle entrait remarquablement vite. Elle vit un autre tentacule crever le bois de la cale en tapant dessus, puis un bec comme celui d'un oiseau géant suivit et se fraya violemment un chemin vers l'intérieur. A chaque fois, l'eau entrait et, quand Ceres regarda vers le bas, elle constata qu'elle était déjà au niveau de ses chevilles.

“On va couler”, dit-elle. “Il faut qu'on sorte d'ici !”

“Comment ?” demanda Eike.

Ceres n'avait pas de réponse mais se dirigea quand même vers la trappe qui menait vers le pont. Elle était couverte de larges barreaux en fer, solidement verrouillée de l'extérieur.

“Je pense que je peux passer !” dit Eike.

“Alors, vas-y !” répondit Ceres. “Il faut que tu quittes le navire !”

Elle ne pourrait peut-être pas se sauver elle-même mais, au moins, elle pourrait sauver cette fille. D'autres prisonniers poussaient derrière Ceres et l'écrasaient contre la trappe en essayant de passer, mais Ceres les empêcha d'avancer pendant qu'Eike traversait la grille en se contorsionnant. Elle s'enfuit et Ceres se retourna pour regarder dans la cale.

La Cité De Délos(Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant