Assise sur la pierre froide du sol du cachot, Ceres regarda le petit garçon qui se trouvait à côté d'elle et se tordait de douleur. Elle se demanda s'il survivrait. Il gisait là, face contre terre, sa peau pâle blanche dans la pénombre. Les yeux mi-ouverts, il se remettait encore de ses coups de fouet sur la place du marché. Il attendait sa sentence, comme tous les autres occupants de ce cachot.
Comme elle.
Elle regarda autour d'elle et vit la cellule remplie d'hommes, de femmes et d'enfants, certains enchaînés au mur, d'autres libres d'aller et venir. Il faisait sombre là-dedans et l'odeur d'urine était encore plus remarquable ici que dans le chariot de l'esclavagiste, car il n'y avait pas de brise pour emporter la puanteur. Les murs de pierre luisaient de crasse et de sang séché, le plafond les écrasait avec tout le poids du monde, à peine assez haut pour qu'elle se tienne complètement debout, et le sol était couvert de matières fécales étalées et de crottes de souris.
Inquiète, Ceres jeta un autre coup d’œil au garçon. Il n'avait pas changé de position depuis qu'on l'avait jetée ici hier, mais sa poitrine se levait et retombait encore silencieusement.
Grâce au soleil qui rentrait par la petite fenêtre barrée, elle vit que les blessures que le garçon avait au dos guérissaient collées au tissu de sa tunique. Ceres voulait faire quelque chose —n'importe quoi — pour soulager sa douleur mais elle lui avait déjà proposé son aide plusieurs fois et il n'avait pas réagi; il n'y avait même pas eu une lueur tremblotante dans ses yeux bleu pâle.
Ceres se leva et se mit dans le coin, les yeux gonflés à force de pleurer, la bouche et la gorge desséchées. Elle n'aurait pas dû frapper un membre de la famille royale au visage, elle le savait, mais quand elle l'avait fait, elle avait seulement réagi.
Est-ce que Thanos viendrait la sauver ? se demanda-t-elle. Ou ses promesses étaient-elles aussi pourries que tous les autres membres de la famille royale ?
La femme enceinte assise en face d'elle frotta son ventre gonflé en gémissant doucement, et Ceres se demanda si son travail avait commencé. Peut-être faudrait-il que la femme accouche dans ce trou misérable. Ceres baissa à nouveau les yeux vers le petit garçon et son cœur se serra quand elle se dit que Sartes avait eu cette taille peu d'années d'auparavant, et elle se souvint qu'elle avait eu l'habitude de lui chanter des berceuses jusqu'à ce qu'il s'endorme.
Elle se crispa quand elle remarqua les silhouettes de deux prisonniers qui approchaient d'elle.
“Tu connais ce garçon ?” demanda une voix rauque.
Ceres leva les yeux. Un des hommes avait un visage sale et barbu avec des yeux bleus pleins de colère. L'autre homme était chauve, aussi musclé qu'un seigneur de guerre, et avait la peau d'au-dessous des yeux couverte de tatouages noirs tourbillonnants. L'homme robuste fit craquer ses jointures et la chaîne qu'il avait à la cheville fit un bruit métallique quand il bougea.
“Pas du tout”, dit-elle en détournant le regard.
L'homme barbu appuya les mains des deux côtés de Ceres, contre le mur auquel elle était adossée. Alors qu'il l'emprisonnait ainsi, son haleine lascive lui soufflait contre le visage.
“Tu mens”, dit-il. “J'ai vu la façon dont tu le regardais.”
“Je ne mens pas”, dit Ceres, “mais si je mentais, ça serait exactement pareil pour toi ou pour tous les autres dans cette cellule. On serait encore être coincés dans cette prison, en attente de notre condamnation.”
“Quand on te pose une question, on s'attend à une réponse honnête”, dit l'homme tatoué en s'avançant et en faisant encore résonner sa chaîne. “Ou serais-tu trop bonne pour nous ?”
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La Cité De Délos(Tome 1)
Fiksi PenggemarCeres,17 ans, fille pauvre et belle de Delos, cité de l'Empire, mène la vie dure et impitoyable d'une roturière. Le jour, elle livre les armes forgées par son père au terrain d'entraînement du palais, et la nuit, elle s'entraîne secrètement avec eux...