La Cité De Délos(Tome 1)

Chapitre 64

Thanos descendit dans les quartiers les plus pauvres de Delos en essayant de ne pas laisser transparaître sur son visage la pitié que lui inspirait l'état dans lequel se trouvait cette partie de la cité. Il resta engoncé dans son manteau pour que personne ne le reconnaisse. Il ne pensait vraiment pas que son rang princier pèserait bien lourd ici, parmi ces gens qui étaient si pauvres qu'ils ne pouvaient même pas s'acheter à manger.

A cet endroit, les maisons méritaient tout juste ce nom. C'étaient moins des unités distinctes que des agglomérations de bois et de plâtre, et une masure menait à une autre jusqu'à ce que Thanos ne puisse plus distinguer à quel endroit s'arrêtait un bâtiment et à quel endroit commençait le suivant.

Il y avait des mendiants dans la rue et Thanos devina que, s'il n'y avait pas de voleurs, c'était parce que personne n'avait quoi que ce soit d'intéressant à voler. Il surveillait avec méfiance les ruelles qu'il passait tout en essayant de trouver celle qui correspondait à l'adresse de la sage-femme que Cosmas lui avait donnée.

Il regardait aussi derrière lui. Ce n'était pas seulement des voleurs qu'il fallait qu'il s'inquiète. Après ce qui était arrivé au garçon d'écurie, il ne voulait risquer de causer la mort de personne d'autre.

Même avec l'adresse que Cosmas lui avait donnée, il mit longtemps à trouver le bon endroit. L'adresse renvoyait à une maison dans un des quartiers les plus pauvres de la cité. Thanos s'y glissa dans la lumière du petit jour en s'engonçant dans son manteau pour ne pas attirer l'attention.

Il trouva la maison après plus d'une heure de recherche. Elle était délabrée et en piteux état et Thanos avait l'impression que les toiles d'araignée étaient tout ce qui empêchait les murs de s'écrouler. Il approcha, sentit une légère odeur de pourriture et se demanda si l'endroit n'était pas abandonné, tel était le silence qui semblait y régner.

Il frappa quand même à la porte et fut un peu étonné quand une femme du même âge que lui ouvrit la porte.

“Je recherche la femme qui était sage-femme au château il y a vingt ans”, dit-il. La jeune femme semblait être sur le point de s'enfuir mais, quand Thanos retroussa la capuche de son manteau, elle sembla se figer sur place. Visiblement, elle l'avait reconnu.

“Je vous en prie”, dit-il. “C'est important.”

Elle resta sur place et le fixa l'espace d'un instant. “Vous êtes …”

“Oui”, dit Thanos en faisant un hochement de tête. “C'est moi.”

“C'est ma mère qu'il vous faut. Suivez-moi.”

Thanos la suivit dans une masure qui n'avait pas l'air bien plus engageante à l'intérieur qu'à l'extérieur. Le peu de mobilier qu'elle contenait avait l'air d'y être depuis longtemps. Cette maison ne ressemblait absolument pas à celle d'une sage-femme assez prospère pour qu'on la convoque au palais.

Dans une pièce à l'arrière, il trouva une vieille femme assise sur une chaise qui avait l'air de pouvoir s'effondrer à tout moment. Dès qu'il vit qu'elle avait les mains à moitié paralysées par l'arthrite, Thanos comprit pourquoi les deux femmes ne vivaient pas dans un meilleur endroit.

“Soyez gentil avec Mère”, dit la jeune femme. “Sa mémoire n'est plus ce qu'elle était. Elle parle peu, maintenant.”

Thanos s'avança. La vieille femme ne réagit pas. Il s'accroupit à côté d'elle mais elle ne changea pas d'expression.

“J'ai besoin de votre aide”, dit Thanos. “J'ai trouvé une référence dans la bibliothèque du château, dans une généalogie. J'essaie de trouver pourquoi.”