Chapitre 50

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Quand Stephania trouva le roi et la reine, ils avaient déjà entamé la séance matinale de la cour et écoutaient une dispute portant sur des droits commerciaux aux confins de l'Empire. Devant eux, un gros marchand se disputait avec un des petits nobles de la cour.

“Et je dis que j'ai effectué tous les paiements requis”, dit le marchand, “mais que Lord Hywell ne les a pas transmis aux percepteurs de l'Empire.”

“Et en avez-vous la preuve ?” insista le noble. “Avez-vous des traces écrites de ces paiements ?”

“Assez”, dit le roi Claudius. Il se pinça l'arête du nez. “Croyez-vous que j'aie envie de vous écouter bavarder aussi tôt dans la journée ? Que quelqu'un trouve les archives du percepteur royal. S'il n'y a aucune trace de paiement de la taxe, le marchand Zorat la paiera maintenant avec une amende d'un pourcent.”

“Mais, votre majesté —”

Quand Stephania vit le regard du roi, elle eut elle-même envie de reculer d'un pas.

“Tu pourrais avoir un peu de gratitude”, dit-il. “Normalement, chercher à ne pas payer les taxes de l'Empire est passible de pendaison. D'ailleurs, quand nous trouverons le percepteur royal, vous lui demanderez d'aller inspecter les propriétés de Lord Hywell et d'évaluer précisément de combien il m'a dépossédé.”

Cette fois, ce fut au noble de pâlir comme un linge. “J'ai toujours été loyal.”

“Est-il loyal de voler son roi ?” demanda la reine. “Dépouille les paysans si nécessaire mais ne nous vole jamais. Maintenant, sors. La cour en a fini pour ce matin.”

“Attendez, vos majestés”, appela Stephania. “Ce que j'ai à dire est important.”

Les gens présents se tournèrent presque tous vers elle. La plupart d'entre eux avaient l'air légèrement choqués que l'on ose contredire la reine, surtout au moment où elle et le roi semblaient déjà être d'une humeur massacrante. Plusieurs d'entre eux reculèrent comme pour se mettre à distance du châtiment qui s'annonçait.

“Stephania ?” dit la reine. “T'imagines-tu que tu peux rejeter nos ordres ?”

Stephania fit gracieusement sa révérence la plus parfaite en gardant les yeux soigneusement baissés. Elle était sûre de présenter la plus parfaite image de soumission élégante à l'autorité royale.

“Pardonnez-moi, vos majestés, mais j'ai des informations que vous souhaiterez sans doute entendre. Ce sont des informations urgentes qui ont trait à Ceres.”

Elle leva le regard et vit que le roi Claudius la regardait droit dans les yeux.

“Qu'as-tu à dire sur elle ?” demanda le roi. “Elle va mourir au Stade aujourd'hui.”

“Si Lucious ne se trompe pas”, dit Stephania. Elle se redressa. “Et même s'il ne se trompe pas, ce sera dangereux. La foule pourrait la traiter en héroïne quand elle mourra.”

A côté du roi, la reine Athena pianotait sur l'accoudoir de son trône. “Ne faisais-tu pas partie de ceux qui ont suggéré que le Stade serait mieux qu'une exécution classique ? Es-tu en train de nous dire que tu nous as mal conseillés, Stephania ?”

Stephania réfléchit rapidement. “Je me suis opposée d'emblée à l'exécution de Ceres, votre majesté. Les gens ne toléreraient pas qu'elle se fasse simplement tuer sans raison. Cela dit, maintenant, je pense que j'ai une raison.”

Stephania sentit le changement d'ambiance qui s'ensuivit alors. Pour n'importe quelle personne occupant sa position, il était crucial de savoir lire l'humeur de la cour. Maintenant, elle sentait que cette humeur agressive et dangereuse allait évoluer vers quelque chose de bien plus prometteur.

La Cité De Délos(Tome 1) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant