Chapitre XLI Que les Treize Victimes sonnent Enfin.

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Présentement, Northside, Maison des Muggs, vers onze heures du soir, dans la chambre d'Ethel


La jeune femme se regarde dans son grand miroir : elle porte une robe avec des longues manches, des collants et des bottines : tout est blanc immaculé et propre. On dirait qu'Ethel se prépare pour son baptême ou un mariage, peut-être ? Elle tourne sur elle-même, faisant voler les jupons.

— Mon Aimé, bientôt, nous serons réunis.

— Ma chérie ? (Madame Muggs rentre) Tu es finalement prête ?

— Oui, maman. Je le suis.

— Tu fais honneur à notre famille. Je suis si fière de toi.

— Merci, maman.

— Vient ma chérie, nous avons assez fait attendre notre Maître comme cela. Tu ne penses pas ?

— Si, maman.

Elles sortent de la chambre, se dirigeant dans le salon puis dans l'arrière-cour de leur maison : plus si paisible que ça.


Un feu y crépite déjà, Manfred a enfilé son long par-dessus, rouge et noir. Ethel s'installe sur la chaise la plus proche des flammes, remontant ses manches pour y dévoiler des scarifications en forme de symboles religieux de toutes sortes.

— Oh Mon Seigneur et Maître, commence le père de famille. Vous, le bon, le trahit. Vous, celui qui réclamez vengeance et qui m'a humblement choisi pour répandre votre douce parole et vos actes divins. Je suis honoré... Honoré de vous avoir aider, d'avoir réussi ma mission, de vous avoir offert les bons sacrifices que vous vouliez. Désormais, nous nous prosternons devant vous, en cette heure bénie pour vous montrer notre dévotion en votre sainte personne. Laissez-moi vous accorder la vie de ma fille, Ethel. Ma chérie, approche, je te prie, que le Seigneur te voit de plus près.

La fille obéit, rejoignant Manfred et s'agenouille, se retenant de sourire, bien trop heureuse de la tournure des évènements.

— Il veut t'entendre, parle ma fille.

— Mon Seigneur, mon Aimé. Je suis fière de vous servir. Je suis votre, mon Roi.

— Soit heureuse, mon enfant, répond Manfred, car, il t'accepte. Loué soit-il.

— Loué soit-il, chantonne la mère.

Cependant, lorsqu'Ethel se redresse et s'empare du couteau ; le doute vient s'immiscer dans sa tête. « Dois-je vraiment le faire ? Suis-je réellement prête à mourir de la sorte ? Et si elles avaient raison et que je me trompais tout simplement ? Non... se ressaisit-elle. Non, je sais ce que je fais et ce que je dois faire. Le Seigneur est mon maître et je ferais tout pour lui, même si cela doit être ma vie. Je régnerais avec lui, je serais sa Reine et il sera mon Roi. » Elle rapproche la lame de sa gorge, sentant d'abord la pointe froide contre sa peau.

— Loué soyez-vous, mon Aimé. Nous nous reverrons mes chers parents.

— Loué sois-tu, Ethel.

L'adolescente inspire profondément, avant d'enfoncer avec force le couteau. Son corps tombe lourdement à terre et son sang ne tarde pas à former une épaisse flaque noirâtre et sentant le fer. Le feu s'attise, devant fou le temps de plusieurs minutes, avant de revenir plus petit et calme.

— Ma femme, ton tour est venu.

— Il était temps, s'enjoue-t-elle.

— Tout-à-fait. Souvient-toi, lorsque tu les auras rejoints, tout aura enfin un sens. Un vrai. Nous arrivons à l'apogée de notre Seigneur, je suis si heureux de partager ça avec toi. Ne te laisse pas distraire, notre foi nous guidera par-delà les ténèbres qui peuplent ce monde.

Madame Muggs s'approche du feu, prenant une des deux lames restantes, elle la fait rougir. Puis, en retenant un cri de douleur, elle se brûle la paume de la main droite, où des traces ondulées de la peau meurtrie se font déjà voir.

— Nous avons la chance de ne pas attendre nos heures, ma chérie. Nous avons été choisi depuis le tout début, alors, maintenant, fait.

— À tout à l'heure, mon amour.

— C'est ça, ma chérie.

Madame Muggs répète les actions d'Ethel. Son corps gisant près de celui de sa fille. Manfred sourit, voyant ce spectacle qu'il attendait depuis tellement longtemps que cela en devenait douloureux pour lui. Zelda et Hilda apparaissent derrière l'immense feu de joie. Hilda a les mains jointes tandis que sa sœur ainée tire une nouvelle sur sa cigarette.

— Manfred Muggs, nous nous retrouvons enfin, annonce Zelda. Je vois que tu as réussi ta petite... affaire ?

— Les sœurs Spellman, comme vous pouvez le voir. Soyez témoins du retour de notre Maître à tous.

— Repose en paix, Muggs. Nous ferons en sorte que vos corps ne soient pas trouvés avant l'heure voulu. En attendant, j'espère que tu sais vraiment ce que tu fais. Parce que, selon moi, tu n'as jamais eu autant tords de toute ta misérable petite vie.

Manfred sourit, prenant la dernière arme sur le socle, avant de se donner la mort comme les deux femmes de sa vie avant l'ont fait avant lui.

— Que les Hommes sont stupides, peste Zelda. Une simple petite idée dans leur tête suffit pour leur faire faire n'importe quoi. Mentir aussi est devenu simple et ennuyant.

— Ne te méprend pas, ma sœur, siffle Hilda. Les filles sont bien plus intelligentes que tu veux bien le croire. Le Seigneur de Sang est libre, et maintenant qu'il a récupéré ses pouvoirs et ses sacrifices, seul Satan sait ce qu'il va faire. Donc, que faisons-nous ?

— Je les connais, enfin, si leurs dons sont aussi développés que ceux de leur mère, elles vont sentir sa venue plus qu'imminente désormais.

— Certes, il ne faut pas être sorti de l'Académie pour le savoir. Je te parle des corps, Zelda. Que faisons-nous de ces trois-là ?

— J'ai entendu dire qu'il y avait un match très prochainement entre nos deux villes. Je vois bien un drame qui surviendrait à ce moment-là.

— Tu es beaucoup trop cruelle, Zelda.

— Non, je sais apprécier les petites choses de la vie, c'est différent.

— Si tu le dis.

— Nous avons accompli notre mission. Allons-y.

Les deux femmes cachent les corps comme convenu avec Manfred. Le match aura bientôt lieu et ainsi que le dénouement futur de tous leurs efforts passés.

Celles qui sauveront Riverdale [ Fini ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant