12. L'été dernier

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C'était l'été dernier. La famille Beauchemin donnait un grand barbecue de quartier dans leur immense cour arrière, et en qualité d'ancienne voisine, je fus invitée avec mon frère et ma mère. Le père de Joe avait également invité son frère, qui ne vivait pas trop loin, avec toute sa famille. Je fis donc la connaissance de Derek.

Il avait tout du gars qui se croyait au sommet : 1m95, les cheveux châtains, les yeux verts, le teint bronzé, un corps musclé, même un tatouage sur son avant-bras. Il avait fini sa première année au collégial et il prenait une année de pause pour faire le tour du monde avec un ami. Je me méfiais déjà de lui, peut-être parce que les garçons qui lui ressemblaient à mon école s'avéraient être de véritables imbéciles – pour ne pas les nommer autrement.

Donc, nous étions dehors, en fin d'après-midi, en train de parler et de déguster nos hamburgers quand ma mère vint me trouver.

- Es-tu allée chercher le courrier, aujourd'hui? J'attends un reçu d'impôt.

- Non, répondis-je, je croyais que tu irais après être passée au dépanneur tout à l'heure.

- Justement, j'ai terminé plus tard que prévu au bureau, ça m'est sorti de la tête! Pourrais-tu marcher jusqu'au dépanneur acheter du lait et prendre le courrier en passant?

Ma mère me donna les clés et je marchai donc jusqu'au bout de la rue pour prendre les lettres. Puis je continuai mon chemin pour entrer au dépanneur quand il arriva en moto.

- Tu aimes? me demanda-t-il en faisant rugir son moteur.

- Oui, enfin, si on aime ce genre de truc, répondis-je, un peu dépassée.

- Tu veux faire un tour?

Aussi, ce genre de personnes ne comprennent – ou ne respectent – pas la volonté des autres.

- Non, merci quand même, mais il fait chaud, je vais te laisser.

Et j'entrai dans le dépanneur.

Une fois mon emplette terminée, je repris ma route pour passer chez moi avant de retourner chez les Beauchemin. Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver Derek dehors, en train de boire une bière.

- Allez, tu ne veux vraiment pas faire un tour? On va bien s'amuser.

En temps normal je lui aurais demandé où il comptait m'amener avant de gentiment décliner, mais la bière me dissuada.

- Derek, je t'ai déjà dit non. Laisse plutôt ta moto ici, et on marchera ensemble jusque chez Joe, ce n'est pas loin.

- Pourquoi tu ne veux pas venir? Allez franchement...Attends!

Cette fois, je poursuivis ma route sans dédaigner lui répondre. J'en eus pour mes frais. La bouteille de bière passa à quelques centimètres de mon mollet pour venir s'écraser devant moi, éclaboussant mes jambes de liqueur et d'éclats de verre.

Je pris mes jambes à mon coup jusqu'à ma maison et ce n'est qu'une fois là-bas que j'évaluai l'ampleur des dégâts : mes espadrilles étaient imbibées de bière et mes talons étaient douloureux des chocs sur l'asphalte. Ma cheville droite avait une entaille créée par un éclat de verre. Je pris le temps de me changer et de me laver avant de retourner à la fête.

Je n'y revis pas Derek.

L'EnlèvementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant