72. Prévue pour bientôt

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Il prit place sur le canapé. Derek et Bertrand s'assirent à leur tour à ses côtés. Prenant trop de place avec ma robe, je me contentai de m'approcher.

- Elle venait de l'acheter. Son mariage était prévu pour bientôt. Elle s'est fait enlever avec sa mère et son fiancé. Elle avait 26 ans. (Il soupira) Elle me manque.

Il me chercha du regard.

- Tu me fais penser à la fille que j'ai perdue, déclara Jacques, guettant ma réaction. Tout ce que je souhaite, c'est que vous vous mariez, puis je pourrai partir dès qu'il le faudra rejoindre ma famille immédiate au ciel sans regrets.

Je ne bronchai pas de tout son discours. Je laissai passer quelques secondes après ses derniers mots pour lui répondre :

- Ne te tracasse pas pour ta fille. Je la porterai, cette robe, et je me marierai pour trois.

- Trois? releva Derek, confus.

- Mais oui : moi, Jacques et sa fille.

Sur ce, je retournai dans la toilette pour retirer cette merveille brodée.

- Bon, donc si je comprends bien tu hésites entre ces trois-là?

Derek m'avait demandée de trancher pour lui. La tâche s'avéra facile – du moins, de mon point de vue.

- Le nœud papillon orange, décidai-je.

- Pourquoi?

- J'aime la couleur orange et j'aime les nœuds papillons. D'autres questions?

Derek me regarda d'un air moqueur.

- Je n'aurais jamais cru que tu aurais tranché avec tant de facilité.

- Il faudra que tu t'y fasses : j'aime décider vite, déclarai-je en riant.

- Je vais retourner en haut pour trouver une paire de chaussettes assortie à ce nœud papillon. Je ne serai pas long, vu la couleur, plaisanta Derek.

Il monta les escaliers au pas de course. Je me levais pour préparer une limonade quand Bertrand descendit avec une nouvelle boîte de carton.

- Encore? dis-je d'un ton faussement lassée.

Bertrand me sourit et déposa la boîte sur une chaise. Il en sortit une paire de souliers en cuir.

- C'est une boîte de souliers?

Pour réponse, Bertrand fouilla un peu et en ressortit des tongs à semelles compensées.

- Tu veux que je les porte avec la robe?

Bertrand hocha la tête en me montrant les talons aiguille que j'avais essayés quand je rangeais les boîtes dans l'entrepôt.

- Jevais y aller avec les sandales, décidai-je, le sourire aux lèvres. 

L'EnlèvementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant