51. Surprise!

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- Les jeunes, écoutez-moi bien parce que ça vous concerne.

Jacques nous avait réunis dans l'entrepôt, situé en arrière du dépanneur.

- Vous savez que, comme je ne suis pas citoyen canadien, je ne suis pas soumis aux lois canadiennes (Nous hochâmes la tête). Bien, j'ai appris récemment que la France, l'Autriche et l'Allemagne prévoyaient unir leurs forces pour envahir la Suisse. Si cela devait arriver, et les chances sont bonnes, ces puissances pourraient imposer leurs lois au pays, y compris celles antichrétiennes. C'est une question de temps avant que mon statut de résident temporaire ait besoin d'une mise à jour.

Nous étions sans voix. Notre carapace de sécurité qui nous avait permis de tenir jusqu'à présent dans ce monde impie venait de se craqueler.

- Que nous suggères-tu de faire? demandai-je.

- Pour le moment, commencez à penser à la façon dont vous allez faire vos valises.

Il pensait certainement à un endroit où partir, mais il devait préférer y réfléchir seul. Quoi qu'il en fût, j'étais simplement heureuse qu'il cherche une solution pour nous aussi, ses employés clandestins.

Je remontai dans le salon pour jouer au piano, talonnée par Derek.

- Tu vas jouer quoi aujourd'hui? me demanda-t-il.

Nous avions instauré une routine selon laquelle à chaque après-midi, à tour de rôle, un de nous deux interprétait quelque chose à l'autre avec l'instrument de son choix. Au final, cela se résumait à moi qui jouais du piano et à Derek qui jouait de la guitare.

- Au fait, aujourd'hui je vais essayer de me rappeler les paroles d'une chanson pour te la jouer au piano en chantant.

- Ce n'est qu'aujourd'hui que tu décides de chanter devant moi? Il était temps! s'exclama mon ami. Vas-y, qu'est-ce que tu attends?

La fin de la Troisième Guerre mondiale, l'annihilation d'Ottawa, une déclaration d'amour... Heureusement je gardai tout cela pour moi et ouvris le piano. Je respirai un grand coup et commençai. J'étais tellement absorbée par les paroles de la chanson que mes doigts bougeaient indépendamment de mes pensées. Quand j'eus fini, je figeai, me rappelant que je n'avais pas chanté seule. Au moins, il fallut quelque temps à Derek pour qu'il constate que j'avais terminé.

- Wow, cette chanson est magnifique. J'espère que tu as voulu devenir chanteuse aussi, parce que tu l'as vraiment bien interprétée!

- Merci, répondis-je.

- C'est dommage qu'on ne puisse pas apporter le piano avec nous quand nous partirons, souligna Derek d'un soupir.

- Oui, je voulais me faire un petit cadeau d'anniversaire en jouant dessus.

- C'estta fête?!!? En voilà une surprise!

L'EnlèvementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant