L'Enlèvement

35. Toutes les deux

- Que veux-tu, vermine, persifla Gina en s'installant sur le banc.

- Je t'aurais retourné la question si tu l'avais posée poliment.

- Que fais-tu de ta vie, voilà ce que je veux savoir!

- J'attends ma mort en échappant des mains du gouvernement, en recherchant Derek et en expérimentant la paix divine partout où je passe. Quand je suis chanceuse, je rencontre des pestes dans ton genre qui essaient de me mettre en colère. Tu es la première à avoir réussie.

Gina ne releva pas la plaisanterie. Je savais qu'elle l'aurait trouvé drôle si son cellulaire n'avait pas sonné. Elle prit l'appel devant moi. J'observai du coin de l'œil son visage traverser, dans l'ordre, l'étonnement, la joie, la tristesse et la colère. Je ne me gênai pas pour lui faire remarquer quand elle raccrocha.

- Hum, disons que j'ai eu une discussion mouvementée avec mon copain.

- Quoi, ça ne va pas entre vous deux? Vous vous êtes laissés?

- Non, il m'a laissée.

Je me sentais presque mal pour elle. Dans un sens j'étais en total accord avec cette rupture parce que Gina est très sensible et naïve et aurait facilement pu être manipulée à son insu, mais d'un autre, cela ne la rendrait pas plus clémente à mon égard. Je décidai d'aller à la source des choses.

- Où l'as-tu rencontré, Jacob?

- Attends, comment sais-tu son nom? La dernière fois, j'ai simplement dit que j'allais chez un ami... Oh, Derek te l'a dit, devina-t-elle en voyant mon regard rempli de sous-entendus. Je l'ai rencontré au dépanneur, l'été dernier. Je ne te l'ai jamais dit parce que tu avais vécu cette mésaventure avec Derek donc je me disais que ce n'était pas le moment de t'embêter avec un garçon, que j'attendrais la rentrée, mais l'occasion ne s'est jamais présentée.

Nous savions toutes les deux pourquoi.

- Pendant que j'y pense, demandai-je à brûle-pourpoint, qui était l'autre chrétien finalement?