L'Enlèvement

18. Le bon côté

- Ça fait combien de temps qu'il est parti?

- Une heure, environ.

- Y a-t-il des chances qu'ils reviennent me chercher?

- Je ne crois pas. Le courant n'est toujours pas revenu, c'est une bonne chose.

- Pourquoi l'ont-ils envoyé à l'ambassade? Quelle ambassade?

- À l'ambassade américaine. Les États-Unis se sont portés volontaire pour prendre les non-conformes canadiens et à les isoler dans des ghettos.

Je m'assis en appuyant mon dos sur la tondeuse. Derek s'assit à son tour à côté de moi.

- Je crois que tu me dois des explications.

Il savait parfaitement ce que je voulais dire.

- Ouais, t'as dû croire que j'étais venue pour te livrer à la police.

J'acquiesçai d'un signe de tête.

- Si j'avais su que ton oncle n'avait pas encore... trouvé une solution, je ne serais pas venue chez toi. Il fallait que je trouve un chrétien pour m'expliquer certaines choses.

- Donc tu ne travailles plus pour les forces de l'ordre?

- J'ai démissionné après notre conversation à ton casier.

- Pourquoi?

- Je me suis rendu compte que je mélangeais ma vie personnelle à celle professionnelle.

- ...

- Quand j'ai compris que les chrétiens avaient raison et que je le savais dès le début, mais que je leur voulais du mal non pas parce que c'est la loi, mais plutôt parce que j'en voulais à des chrétiens, reformula-t-il.

- Je comprends.

- Vraiment?

- Je n'ai pas été chrétienne toute ma vie, tu sais.

- Oui, c'est vrai... Mais tu as tellement l'air de quelqu'un en paix avec le monde et avec toi-même, on dirait qu'il n'y a rien qui puisse te faire du mal.

- Ça n'a pas toujours été le cas, il a fallu que je comprenne en quoi je croyais pour arriver à cet état...

Nous demeurâmes silencieux un moment, méditant sur les dires de l'autre. Toutefois, je mis fin à la méditation quand je fis remarquer :

« Tun'as plus de ... de tatouages. Nulle part. »