97. Rien à dire

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- C'est déjà la fin, alors, constatai-je.

- Pour moi, nuança Gina. Vous pouvez encore convertir des gendarmes et des bourreaux. Ma mission à moi était de ne pas vous trahir. Je l'ai accomplie jusqu'au bout. Merci d'avoir été mes amis même quand j'étais votre ennemie. On se reverra en haut.

Elle pleurait. Je pleurais aussi. Derek était secoué de sanglots silencieux. Gina tomba à genoux en hoquetant. Derek et moi la rejoignîmes. Il n'y avait plus rien à dire, sinon espérer que son décès se ferait vite et sans souffrance. Nous restâmes plusieurs minutes ainsi sans que personne, pas même M. Ricardo, ne nous sépara. Ensuite, mon escorte arriva et Cardin me prit le bras pour que je sois en mesure de tenir debout. Je m'en allai sans me retourner.

Je me mis à pleurer dès que je tombai sur Gianita. Cardin lui chuchota quelques mots à l'oreille. Il recula ensuite de quelques pas, histoire de nous donner un semblant d'espace privé.

- Je suis désolée, murmura Gianita en peignant mes cheveux en bataille avec ses doigts.

Je ne répondis pas. Déjà je replongeais dans le mutisme, le même qu'il y avait 8 ans. Il fallait croire que j'étais incapable d'extérioriser ma peine quand je faisais face à la mort. Gianita souffla à mon oreille :

- Après le repas, tu as obtenu la permission de parler à Derek pendant une heure. Ce sera sous surveillance, mais c'est déjà mieux que rien.

Je hochai la tête. Il se pourrait bien que je ne pipe pas mot mais je comptais sur la compréhension de mon mari. Gianita prit ma main et me força à manger les légumes sautés dans mon assiette.

- Tu n'as peut-être pas faim maintenant mais il viendra un moment où tu voudras manger et ce ne sera plus possible.

Je terminai donc mon assiette. Ensuite, Padopoulos et Cardin m'escortèrent dans un couloir qui m'était inconnu. Ils entrèrent à ma suite dans une salle pourvue d'un canapé, d'une table, de deux chaises, d'un foyer – en marche! – et d'une grande fenêtre. Je souris en guise de remerciements aux gendarmes. Ils semblèrent avoir compris car ils sortirent aussitôt en me rendant un sourire. Le canapé n'ayant pas l'air de posséder de puces, je m'y installai. Je remarquai des caméras de surveillance dissimulées au plafond. Gianita m'avait prévenu, alors je ne fus pas indignée. Au même moment, Derek entra à son tour. Sa démarche était boiteuse. Je lui fis une place à côté de moi où il s'assit, non sans grimacer de douleur. Parviendrais-je à briser le silence? 

L'EnlèvementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant